Il ne peut y avoir pour nous aucune perfection réelle si le Moi et la
vérité intérieurs de notre existence spirituelle n'absorbent pas en eux toute
la vérité des moyens d'expression de l'existence et ne leur confèrent pas
l'unité, l'intégration, l'harmonie.
Sri Aurobindo, La Vie divine, chp 56 La vie divine
En lien: LE PROCESSUS D’INTÉGRATION
La confrontation de notre
être et de l'ego qui le constitue, par l'intermédiaire du mental notamment,
face à ce type d'expériences spirituelles ou d'états de conscience,
favoriserait notre aptitude à vivre l'expérience totalement sans que l'ego
interfère par le truchement du mental. Voilà pourquoi on parle de se défaire de
l'ego, là encore ça n'a rien de moral, c'est simplement que l'ego a peur de la
dissolution des limites qui le constitue et qu'il nous donne l'illusion d'être
constitué exclusivement de ces dites limites. Plus l'ego sera confronté et
entrainé à faire face à ces phénomènes qui le dépassent tel que le sentiment et
la sensation de mettre le mental et le corps en péril par l'expérience d'une
dissolution, plus nous pourrons intégrer l'expérience spirituelle que nous
avons à vivre à des niveaux plus profonds et plus larges et à nous y
abandonner. L'entrainement à l'abandon à plus grand que soi est donc aussi très
nécessaire, ainsi qu'une observation sans complaisance ni dramatisation des
mouvements de notre ego, quoique nous fassions, avec une sincérité aussi
infaillible que possible. La sensation (attachement et désir de jouir de
ses fruits) et le sentiment (émotivité) doivent être abordé avec la même
attitude qui consiste à les observer avec autant de neutralité que possible,
une neutralité psychique et non pas mentale (se dire que l'on est neutre ou
établir une neutralité au niveau de la décision mentale ne suffit pas, il faut
trouver la véritable neutralité en son être), ainsi qu'à les laisser être, sans
jugement ni complaisance, voir même à les intégrer comme étant un mouvement
naturel au sein de notre conscience, mais dont les effets ne peuvent perturber
l'émergence d'un état de conscience supérieur, constitue les nombreuses
facettes que nous avons à comprendre et à accomplir simultanément pour accéder
au diamant pur de notre conscience, qui de sa propre lumière nous fera émerger
vers là ou nous devons évoluer.
Au final on pourrait
envisager de s'élever à des sommets de l'être en alliant à la fois
l'intégration des expériences spirituelles spontanées ou obtenues par des
techniques spécifiques qui nous y ont conduits, tout en ne s'attachant pas
exclusivement à ces techniques et tout en ayant simultanément l'habilité d'y
recourir de façon opportune et intelligente afin de contribuer à intégrer
davantage ces expériences, à les réaliser plus profondément et complètement, et
à les explorer sans limites, tout en restant ouvert à chaque instant à vivre de
nouvelles réalisations de l'esprit, de nouvelles explorations de la conscience,
de nouveaux aspects de la réalité au cœur de notre aspiration et de notre
pratique et à les intégrer.
Il y aurait par conséquent
un double mouvement qui consisterait d'une part à se laisser pénétrer par une
expérience particulière, qu'elle soit spontanée ou délibérément obtenue par des
pratiques et des techniques spécifiques, et d'autre part à maintenir une
aspiration ferme et constante pour ne pas s'attarder à quelque niveau de
conscience que ce soit, sachant que cette évolution de conscience n'est
absolument pas linéaire, et tout en sachant pouvoir revenir à ces états
et les explorer par des techniques, les mêmes qui ont pu nous y conduire. C'est
une complexe alchimie de la conscience qui demande à investir et explorer les moyens
que nous avons à dispositions, les développer, et être capable d'évoluer avec
et sans ces moyens, qui nous ont aidés un temps, pour ne pas se laisser limiter
par aucune définition et forme que ce soit dans notre pratique.
Les états d’illuminations,
d’intuitions, d’expériences spirituelles sont des préparations qui s’intègrent
par la suite dans notre conscience après avoir touché et vécu l’évidence.
Sylvère