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09/09/2024

Les Védas : invocations fondamentales






 « Que ce soit au ciel ou sur terre, que la vérité soit mon ange gardien »,   

Rig-Véda, 10.37,4.  


« Protégeons-nous les uns les autres. Partageons nos repas. Faisons des actions positives et courageuses ensemble. Ne laissons pas la haine entrer dans nos cœurs », 

Atharva Véda, 11.4,11.  


« Puisse-je être capable d’aimer l’autre, qu’il soit noble ou ignoble »,  

Atharva Véda, 19.62. 


 Invocations des premiers Védas.



Des milliers d’années d’une solide tradition ont révéré en elles l’origine et le modèle de tout ce qui peut être tenu pour vrai et faisant autorité dans les Brahmanas et les Upanishads, le Tantra et les Puranas, les doctrines des grandes écoles de philosophie et les enseignements de fameux saints et sages. Le nom qu’elles portaient était « Véda », la « Connaissance » — terme courant pour désigner la vérité spirituelle la plus élevée dont est capable le mental de l’homme.
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Védanta, Purana, Tantra, les écoles philosophiques et les grandes religions indiennes sont en fin de compte issus d’une origine védique. Nous pourrons y retrouver, dans leur semence originelle ou dans leurs formes premières ou même primitives, les conceptions fondamentales de la future pensée indienne.
[...]
 Une fois trouvé le fil, les hymnes se révéleront être des compositions logiques et organiques, et leur langage, bien qu’étranger à nos modes actuels de pensée et d’expression, deviendra, à sa façon, juste et précis, péchant par carence plutôt que par excès dans la formule, par abondance plutôt que par indigence de sens. Le Véda cessera alors d’être simplement un vestige intéressant de la barbarie et prendra place parmi les Écritures anciennes les plus importantes du monde.
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Le Véda appartient donc à une époque fondatrice antérieure à nos philosophies intellectuelles. La pensée procédait alors par d’autres méthodes que celles adoptées par notre raisonnement logique et l’expression parlée autorisait des tournures que nos habitudes modernes jugeraient inadmissibles. Les plus sages se basaient alors sur l’expérience intérieure et sur les suggestions du mental intuitif, pour toute connaissance dépassant le cadre des perceptions ordinaires et des activités quotidiennes de l’humanité. Leur but était l’illumination, non la persuasion logique, leur idéal le voyant inspiré, non le raisonneur scrupuleux. La tradition indienne a fidèlement conservé cette perception de l’origine des Védas. Le Rishi n’était pas l’auteur particulier d’un hymne, mais le voyant — drashtâ — d’une vérité éternelle et d’une connaissance impersonnelle. Le langage du Véda lui-même est Qruti, rythme non pas composé par l’intellect mais entendu, Verbe divin qui arrivait vibrant de l’Infini à celui qui s’était au préalable préparé à « écouter » intérieurement cette connaissance impersonnelle. Les termes eux-mêmes, drIFi et Qruti, la vue et l’ouïe, sont des expressions védiques; ceux-ci et d’autres de même nature désignent, dans la terminologie ésotérique des hymnes, la connaissance révélatrice et le contenu de l’inspiration. 

 Le concept védique de révélation ne suggère rien de miraculeux ou de surnaturel. Le Rishi qui employait ces facultés les avait acquises par un développement personnel progressif. La connaissance elle-même était un voyage et un aboutissement, ou une découverte et une conquête ; la révélation ne venait qu’à la fin, la lumière était la récompense de la victoire finale. Le Véda reprend sans cesse cette image du voyage, de l’âme qui marche vers la Vérité. En chemin, elle s’élève à mesure qu’elle avance ; son aspiration débouche sur des perspectives nouvelles de pouvoir et de lumière ; elle conquiert par un effort héroïque ses possessions spirituelles amplifiées. 

 Sur le plan historique, le Rig-Véda peut être considéré comme le témoignage d’un grand progrès effectué par l’humanité, grâce à des moyens spéciaux, à un moment donné de son évolution collective. D’un point de vue tant ésotérique qu’exotérique, c’est le Livre des Œuvres, du sacrifice intérieur et extérieur; c’est l’hymne de la bataille et de la victoire de l’esprit, tandis qu’il découvre et gravit les plans de pensée et d’expérience inaccessibles à l’homme naturellement plein d’animalité ; c’est la glorification par l’homme de la Lumière, de la Puissance et de la Grâce divines à l’œuvre dans le mortel. Il ne cherche donc pas, loin s’en faut, à consigner les résultats d’une spéculation intellectuelle ou fantaisiste, ni ne renferme les dogmes d’une religion primitive. Seulement, à partir d’une communauté d’expérience et compte tenu de l’impersonnalité de la connaissance reçue, se développent un corps fixe de notions constamment répétées et un discours symbolique fixe lui aussi qui, en ces débuts du langage humain, était sans doute la forme nécessaire que devaient prendre ces conceptions, parce que seule capable, grâce à son réalisme et son pouvoir de suggestion mystique combinés, d’exprimer ce qui pour le mental ordinaire de la race demeurait inexprimable. Nous voyons en tout cas les mêmes notions se répéter d’hymne en hymne, usant constamment des mêmes termes et des mêmes images, et fréquemment des mêmes expressions, avec un mépris total pour toute recherche de l’originalité poétique ou toute exigence d’innovation dans la pensée et de hardiesse dans le langage. Ne recherchant ni l’élégance, ni la richesse ni la beauté esthétiques, ces poètes mystiques s’en tiennent à la forme consacrée, qui était devenue pour eux une sorte d’algèbre divine, transmettant les formules éternelles de la Connaissance aux générations successives d’initiés. 
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L’hypothèse suivant laquelle j’entends mener ma propre enquête est que le Véda possède un double aspect et que ces deux aspects, bien qu’étroitement associés, doivent être traités séparément. Les Rishis ont agencé la substance de leur pensée selon un système de valeurs parallèles, les mêmes divinités représentant simultanément des Pouvoirs subjectifs et objectifs de la Nature universelle, et ils ont réussi à le formuler en s’appuyant sur un discours ambivalent, où un même langage servait à la fois les deux aspects de leur culte. Le sens psychologique prédomine pourtant et il est plus fréquent, mieux intégré et plus cohérent que le sens littéral. Le Véda est destiné avant tout à faciliter l’illumination et le développement spirituels. C’est par conséquent ce sens qui doit être rétabli en premier. 
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C’est lorsque je m’établis en Inde du Sud que mes pensées commencèrent à se tourner sérieusement vers le Véda. Deux observations s’imposèrent à mon esprit et ébranlèrent mes convictions, empruntées du reste, sur la division raciale entre Aryens du Nord et Dravidiens du Sud. La distinction, pour moi, avait toujours reposé sur une prétendue différence entre les types physiques de l’Aryen et du Dravidien, et une incompatibilité plus nette encore entre les langues sanskrites du Nord et les langues non sanskrites du Sud. Je connaissais déjà les théories récentes qui supposent qu’une race homogène unique, dravidienne ou indo-afghane, peuple la péninsule de l’Inde ; mais jusqu’ici je n’avais pas attaché une grande importance à ces spéculations. Cependant, dès le début de mon séjour en Inde du Sud, je fus frappé par la récurrence généralisée dans la race tamile de types septentrionaux ou « aryens ». Où que se portât mon regard, il me semblait reconnaître avec une précision saisissante, non seulement parmi les Brahmines mais dans toutes les castes et classes sociales, les visages, les traits et les silhouettes familiers de mes bons vieux amis du Maharashtra, du Gujerat, de l’Hindustan et même, bien que cette ressemblance soit moins fréquente, de ma propre province du Bengale. On aurait dit que les tribus du Nord au grand complet, descendues dans le Sud telles une armée, avaient submergé toute population qui aurait pu les y précéder. L’impression générale d’un type du Sud subsistait, mais il était impossible de le déterminer rigoureusement en étudiant la physionomie des individus. Et j’ai dû finalement me rendre à l’évidence : en dépit des apports extérieurs, en dépit des influences régionales, perdure à travers toute l’Inde, quelles que soient les variantes, une unité tant morphologique que culturelle. C’est d’ailleurs une conclusion vers laquelle tend de plus en plus la réflexion ethnologique.


Sri Aurobindo
Le secret du Véda


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