Je m'en vais
seul, je marche sur la route
Dans le brouillard le sol de pierre luit ;
La nuit
se tait et c'est Dieu qu'elle écoute,
L'étoile parle à l'étoile, sans bruit.
.
C'est dans les
cieux la solennelle fête
La terre dort dans un halo bleuté...
Pourtant je
souffre et mon aime est défaite ?
Que puis-je donc attendre ou regretter ?
.
Moi qui
n'attends plus rien de l'existence,
je ne regrette pas mes souvenirs ;
Paix,
liberté, voilà mon espérance
Que je voudrais oublier et dormir
.
Mais pas du froid
sommeil où tout s'achève...
Ah ! M'endormir pour toujours et qu'alors
Mon sein
respire et calme se soulève
Et que la vie en moi frémisse encor ;
.
Que, nuit et
jour, mon oreille se berce
D'une voix douce et qui chante l'amour,
Que,
toujours vert, un grand chêne ne verse
Une ombre épaisse, et bruisse toujours.
Mikhaïl Iourievitch Lermontov (1814-1841), Poème - 1841