09/01/2021

AU DIEU INCONNU

 


 

 

Une fois encore avant de poursuivre

Ma route et de porter plus loin mes regards,

J'élève, solitaire, mes mains

Vers Toi et je te supplie

Toi à qui j'ai solennellement consacré

Des autels dans les fonds ultimes de mon cœur

De me faire à chaque heure

Entendre à nouveau ta voix.

 

En exergue, inscrits profondément,

Brûlent ces mots : Au Dieu Inconnu.

Je suis sien même si je suis resté dans la meute

Du crime jusqu'à cette heure

Je suis sien, je sens ses liens

Qui dans le combat me couchent sur le sol,

Et qui — si je désirais fuir

M'obligeraient encore à le servir.

 

Je veux Te connaître, Inconnu,

Toi qui t'agrippes si profondément dans mon âme,

Toi qui dans ma vie erres comme une tempête,

Toi l'Insaisissable, Toi mon Parent !

Je veux te connaître, même te servir.

 

Frédérich Nietzsche, Premiers Poèmes, 1864

Aperçu