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06/01/2021

Les Grecs légitiment la philosophie

Socrate philosophe. Il est assis à terre et boit dans une écuelle.

On remarque à côté de lui un maillet et des repoussoirs 

et dans le fond une statue et un violon. Au milieu d'en bas est écrit: 

SOCRATES PHILOSOPHUS. Dessin anonyme d'après gravure d' Enea Vico de 1545–50.

 

Je crois qu'on ne peut mieux vivre qu'en cherchant à devenir meilleur, ni plus agréablement qu'en ayant la pleine conscience de son amélioration. Socrate

Instruments du luthier et du sculpteur, dans la symbologie  traditionnelle le maillet est l'intelligence qui agit et persévère ;  dirige la pensée et anime la méditation de celui qui, dans le silence de sa conscience, cherche la vérité. Le repoussoir dirigé avec la conscience éclairée( le maillet) symbolise le discernement, la pensée affutée et discriminatrice parvenant à la Vérité au-delà des apparences des formes brutes. 

 "La sagesse commence dans l'émerveillement." Socrate

L'ensemble de ces deux outils bien maniés symbolise la maïeutique pratiquée par Socrate, l'art d'accoucher les âmes (symbolisée par la sculpture), pour parvenir à l'harmonie (symbolisée par l'instrument de musique).

"Donne-moi la beauté de l'âme car je ne posséderai jamais celle du corps." Socrate

Le récipient symbolise la réception de la Vérité, la nourriture spirituelle, c'est-à-dire la connaissance dont s'abreuve celui qui a acquis la sagesse et la redonne aux autres par la parole juste. Le récipient symbolise le poison que boira Socrate en toute conscience, acceptant sa condamnation, acte ultime symbolisant la fidélité à ses conviction, à la sagesse et à la Vérité sans concession.  

"Nous ne nous approchons de la vérité que dans la mesure où nous nous éloignons de la vie." Socrate

« Socrate voulait mourir : ce ne fut pas Athènes, ce fut lui-même qui se donna la ciguë, il força Athènes à la lui donner... » — Friedrich Nietzsche, Le Crépuscule des idoles



     Il est vraiment malheureux qu'il nous reste si peu de chose de ces premiers maîtres de la philosophie et que tout ce qui était achevé nous ait échappé. A cause de cette perte, nous les jugeons involontairement en fonction de critères erronés; et, trompés par le fait que Platon et Aristote n'ont jamais manqué d'admirateurs et de copistes — ce qui n'est dû qu'au hasard —, nous nous laissons aller à être malveillants à l'égard de leurs prédécesseurs. On admet parfois qu'il y a un destin propre aux livres, un fatum libellorum; mais ce doit être en tout cas un destin bien mal intentionné s'il trouve bon de nous priver d'Héraclite, du merveilleux poème d'Empédocle, des écrits de Démocrite que les Anciens égalaient à Platon et qui même le dépasse en originalité, et si ce destin nous impose en échange les Stoïciens, les Épicuriens et Cicéron. La partie la plus grandiose de la philosophie grecque et de son enseignement oral est vraisemblablement perdue pour nous. Voilà un destin qui n'étonnera pas celui qui se souvient des avatars de Scot Érigène ou de Pascal, et qui garde présent à l'esprit que la première édition du livre de Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, a dû être mise au rebut. Si quelqu'un veut admettre que de telles choses sont régies par une fatalité particulière, libre à lui ; et il pourra dire avec Goethe : « Des réalités infâmes, que nul ne se plaigne, car ce sont les plus puissantes, on aura beau dire. » Elles sont surtout plus puissantes que la force de la vérité. L'humanité produit bien rarement un bon livre où le péan de la vérité, l'hymne de l'héroïsme philosophique, soit entonné avec une audacieuse liberté, et pourtant il dépend des plus misérables hasards, d'obscurcissements soudains des esprits, de convulsions et d'antipathies dues à la superstition, il dépend même en fin de compte de quelque main lassée d'écrire ou même des vers et de la pluie que ce livre survive un siècle de plus ou bien qu'il pourrisse et tombe en poussière. Aussi n'avons-nous pas l'intention de nous plaindre, mais répéterons-nous au contraire les paroles consolantes que Hamann, coupant cours à notre plainte, adresse aux esprits cultivés lorsqu'ils déplorent la perte d'une œuvre : « L'artiste qui faisait passer une lentille par le chas d'une aiguille n'avait-il pas assez d'un boisseau de lentilles pour exercer son adresse acquise? On devrait poser cette question à tous les gens cultivés qui ne savent pas utiliser les œuvres des Anciens avec plus d'intelligence que celui-là ses lentilles. » Il faudrait ajouter, pour ce qui nous concerne, que nous n'avons pas besoin qu'un mot, une anecdote, une date de plus nous soient transmis — et d'ailleurs bien moins aurait pu nous être conservé — pour établir cette thèse d'ordre général : les Grecs légitiment la philosophie. 

 

Friedrich Nietzsche

La philosophie à l'époque tragique des Grecs , 2.


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