« …la
Voie Chevaleresque est toute entière centrée…sur une vision sacrificielle de la
vie…au sens…de l’acte de rendre sacré…de réunir le moi au Soi et de là…de
retrouver sa semblance divine… »
Gérard
de Sorval.
La lecture du roman de Chrétien
de Troyes « Yvain, le Chevalier au Lion » a été une révélation
intérieure sur la mystique chevaleresque. Dans cet ouvrage beaucoup de sources
de la spiritualité occidentale sont réunies et codées dans un langage
symbolique: christianisme, paganisme, quête spirituelle, transformation
intérieure, alchimie... tout y est! Au moment où je le lisais je séjournais
quelques jours au Grau du Roi non loin d'Aigues-Mortes ville Médiévale; et je
découvrais à mon étonnement qu'à ce moment-là se déroulaient des rencontres
internationales des tournois de chevalerie (qui se base sur la même
aspiration qu'il y a eu depuis le moyen-âge de mettre en scène la chevalerie
pour continuer à la rendre vivante). À partir de ce moment-là de nombreuses
coïncidences qui mettaient en rapport avec le thème de la chevalerie
s'intensifièrent, que ce soit dans des spectacles, dans des émissions traitant
de ce sujet, sur des documentaires, des reportages, des discussions
d'auteurs... Un voile se soulevait sur la tradition spirituelle occidentale,
remontant aux arcanes de l'une de ses sources.
À partir du moment où je me
suis mis à lire le roman de Chrétien de Troyes j'expérimentais une nouvelle
ouverture spirituelle en rapport avec la quête et le sens du Chevalier.
Lors de mes méditations mon
corps de lumière s'ouvrait davantage à cet aspect et un jour je fis
l'expérience intérieure de porter les attributs de la chevalerie et de
découvrir le sens profond de leur symbolique: l'armure, le bouclier, l'épée, la
lance, je sentais dans mon aura la présence des ces objets en tant que réalité
spirituelle ayant une fonction dans mon champ d'énergie. Je sentais un bouclier
et quand je portais l'attention dessus je le percevais et découvrais comment
l’utiliser pour me protéger de certaines énergies, l'armure pour m'aider à
renforcer mes énergies, etc. Dès que je méditais, j'étais en lien avec la
symbolique de la chevalerie, je percevais l'armure et les armes dans mon champ
d'énergie. Quand je méditais j'avais des visions d'être en armure avec les
armes de chevaliers et je les avaient réellement présentes dans mon champ
énergétique et je pouvais m'en servir sur le plan énergétique. De fil en
aiguille, je m'intéressais de plus en plus au sujet et découvrais aussi des
livres qui parlaient de la symbolique des attributs du chevalier...En méditant,
je découvrais le nom secret correspondant à l'épée qui m'était attribué et
intimement liée à cette initiation intérieure. Puis un jour alors que je
méditais sur ces attributs, à nouveau en présence de l'expérience de l'armure,
de l'épée, de la lance, et du bouclier, ils se manifestèrent à ma conscience et
je les vivais comme un aspect de mon corps énergétique. C'est alors que la
présence de Mère s'est fait sentir (la Mère de l'Ashram de Pondichéry)*(1), sa
lumière est descendue sur moi et en sa présence l'armure s'est dissoute et
transformée en un corps de lumière, le bouclier s'est dissout en lumière
rayonnante dans le corps de lumière, le renforçant et delà du cocon du corps de
lumière, puis l'épée a fait de même et à chaque mouvement au sein de ma
conscience l'épée envoyait des fréquences de lumières, puis la pointe de la
lance est apparut et s'est ouverte comme une fleur de lys, et est devenue un
diamant de lumière qui rayonnait de la lumière et pouvait être envoyée par la
force de mon intention. Par la
suite j'ai approfondi le sens spirituel de la chevalerie et découvert dans
certains ouvrages un éclairage symbolique qui me permettait de faire des
correspondances intérieures avec des plans de consciences et leur intégration
dans la Psyché*(2). Je compris aussi le sens de certaines visions qui avaient
émergées dans mon enfance, sur le thème du chevalier errant, exilé dans
l'univers, visions en corrélation avec des aspects de mon être et de mon âme
dont je découvrais certaines clefs par cette initiation.
Il n'est pas étonnant que les
légendes arthuriennes aient perduré au cours des siècles, imprégnant fortement
l'imaginaire de l'homme. Il y a une puissante symbolique rattachée à ces
légendes, mais surtout une profonde réalité spirituelle vivante en lien avec
une universalité de la conscience. L'idéal chevaleresque correspond à un
archétype ancré dans notre psychisme, quête de vérité, de perfection et
d'absolu, de service et de dévouement. L'époque mérovingienne, au V et VIe
siècle est celle du Roi Arthur et sert de décor au cycle arthurien dont la
légende est transmise oralement avant d'être transcrite au XIIe siècle par
Chrétien de Troie. L'époque mérovingienne est une période cruciale pendant
laquelle la Gaule-Romaine devint le royaume Franc. La Gaule arrivait à la
conscience de son unité par la mise en place du Conseil national des Gaules,
réuni tous les ans à Lugdunum (Lyon) qui se tenait au confluent du Rhône et de
la Saône, devant l'autel de Rome et de l'empereur. C'est dans ce contexte
d'évolution et de transition de l'unité de la Gaule vers le royaume
Franc-Sicambre qu'évoluaient les légendes du cycle arthurien. D'ailleurs, le
Roi Arthur et Clovis roi des Francs furent contemporains et sont considérés
comme étant équivalents, histoire et légende se confondant. Époque charnière où
le Baptême de Clovis eut probablement pour conséquence d'assurer la continuité
du paganisme tout en transmettant le christianisme, ce que reflète le cycle des
légendes arthuriennes et plus spécifiquement le sous-cycle du Graal. Les
ramifications des légendes arthuriennes et du Graal sont innombrables. Tant
dans les fêtes populaires que dans l'ésotérisme, tout aussi bien que dans les
arts, la culture, la religion et la quête spirituelle la plus élevée. Sujet à
beaucoup d'interprétations, de supputations, de mythes et de croyances,
d'imagination romanesque, les archétypes véhiculés par ces légendes, que ce
soit dans la réalité historique ou spirituelle, ont avant tout une
signification intérieure, ouvrant des portes sur une dimension intérieure que
nous pouvons vivre et faire l'expérience au sein de notre conscience, réalisant
la portée spirituelle qu'elles véhiculent en nous-mêmes. Au-delà des traditions c'est la réalité spirituelle
vivante vers laquelle notre aspiration doit se tourner pour réaliser et
manifester la conscience divine, dépassant tout attachement à la forme et à
l'expérience afin de rester dans la dynamique du processus d'évolution.
Sylvère
*Notes:
(1)
-La Mère indiqua le 31
décembre 1966 à un disciple (Satprem):
La rose rouge, c'est l'ordre
des «chevaliers de la Vérité»
-Comme il l'écrit dans un des
agendas (L'Agenda de Mère vol. ), Satprem parti même « dans l'Himalaya
avec l'idée de ramener à Mère, comme les chevaliers d'antan, des secrets de la
transformation. »
-Voici un extrait d'une lettre
que Satprem fît parvenir à Mère Le 13 décembre 1957:
« (Lettre de Satprem à
Mère)
Pondichéry, 13 décembre 1957
"Douce Mère, voici la
chose qui monte de mon âme: je sens en moi quelque chose qui n’est pas employé,
quelque chose qui cherche à s’exprimer dans la vie. Je voudrais être comme un
chevalier, ton chevalier, et partir comme à la recherche d’un trésor que je te
ramènerais. Ce monde a perdu toute fable, toute beauté de l’Aventure, cette
quête que connaissaient les chevaliers du Moyen Âge. C’est ça qui pousse en
moi, ce besoin d’une quête dans le monde et d’une belle Aventure qui serait en
même temps une aventure de l’âme. Tu comprends, que les deux choses, intérieure
et extérieure, soient jointes, que la joie de l’action et de la route et de la
quête aident à l’épanouissement de l’âme, soient comme une prière de l’âme qui
s’exprime dans la vie. Les chevaliers du Moyen Âge savaient cela. Tout cela est
peut-être enfantin, absurde dans ce xxe siècle, mais c’est cela que je sens,
c’est cela qui me pousse à partir, rien de bas, rien de médiocre, seulement le
besoin d’un accomplissement de quelque chose en moi. Si je pouvais te ramener
un beau trésor! [...]»
(2)
La symbolique de la Chevalerie,
au niveau mystique est intimement lié à l'alchimie. (cf. Aperçu sur l'universalité de l'alchimie)