Rien
n'arrive pour rien !
Premier
principe de la tradition de l'Aigle
Luis
Ansa, Le Secret de l'Aigle
Pendant des
années j'ai été attiré par les plumes au point de ramasser toutes celles que je
trouvais sur mon chemin, que ce soit en ville ou dans la nature. Les plumes
étaient pour moi un moyen de me relier aux oiseaux et à leur liberté. Chaque
plume que je ramassais était comme un don de la nature , un don des oiseaux que
j'honorais comme tel. Plumes de rapaces que je ramassais dans les prés, ou
plumes de pigeons et autres volatiles urbains que je trouvais de-ci de-là en
marchant dans les villes. Afin de continuer à être dans cette présence des
oiseaux, à mon domicile je fixais toutes ces plumes telles quelles dans un
abat-jour de plafond en rotin sphérique. Cela faisait une grosse boule de
plumes dans la cuisine de mon appartement que je complétais au fur à mesure que
je trouvais des plumes sur mon chemin. Pour moi les oiseaux symbolisaient
la liberté et la présence de la nature en tous lieux et leur plumes étaient un
moyen de me relier eux et à ce qu'ils symbolisaient... Je ne savais pas qu'ils
allaient être le vecteur d'une expérience particulière, qui fût mon initiation aux dimensions subtiles...
Lorsque je
fis ma première sortie hors du corps en avril 1996, je m'élevais et me
dirigeais spontanément vers le plafond de ma cuisine directement sur
l'abat-jour de plumes, ressentant les plumes dans mon corps subtil, donnant un
mouvement de rotation à mon corps subtil qui fût propulsé hors de l'appartement
par l'élan donné au contact des plumes. Je me retrouvais dans l'arbre du
jardin, et de là en un éclair de pensée je me retrouvais instantanément dans
une autre ville où j'habitais auparavant, 500 km plus loin. Cette expérience de
sortie hors du corps est ce qui amorçât le début de ma recherche spirituelle (voir ici pour les détails).
À partir de
ce moment, je portais une attention encore plus grande aux plumes et aux
oiseaux et dès que j'en trouvais je faisais très attention à elles. Je
compris que j'avais confectionné cet abat-jour sans vraiment savoir pourquoi,
mais qu'au fond de moi quelque chose savait pourquoi j'avais été conduit à le
faire. Cette même année j'allais voir à sa sortie le film À l'abri de leurs ailes
de l'indien Buddhadeb Dasgupta qui me touchât, et en lequel je trouvais une
résonance à ma sensibilité. Je me sentais très relié aux oiseaux et lors de
méditations il m'arrivait d'avoir des visions d'oiseaux volant dans le ciel. A
cette époque, en septembre 1997 dans le cadre d'un travail artistique pour les
Beaux-Arts sur le thème du voyage, je décidais de partir depuis le pas de ma
porte en marchant pendant une semaine à travers la plaine de la Limagne, sac au
dos, avec juste un duvet pour passer mes nuits à la belle étoile ou chez
l'habitant lorsque le temps s'annonçait instable. La première journée j'entrais dans une magnifique église, l'une de mes préférées, si ce n'est ma préféré parmi celles que je connais et que j'avais déjà "visité" en me baladant dans la plaine. Cette église atypique est constituée d'une partie très ancienne, romane en pierres granitiques claires et d'une partie gothique sombre en pierres de lave. Les deux parties sont reliées par un passage au-dessus duquel se trouve le clocher. En passant à ce moment là sous ce porche intérieur reliant les deux parties, une fine plume de duvet de pigeon descendit doucement et je la réceptionnais dans mes mains, tel un duvet d'ange. La deuxième journée, à
l'approche du soir je cherchais un coin pour dormir à la belle étoile. J'avais
repéré un chemin menant vers un petit bois. Malgré la présence d'un panneau
"propriété privée " j'entrais dans ce bois. L'endroit semblait
sécurisant bien que je ressentais une atmosphère étrange et un silence pesant. Je cherchais
l'endroit le plus propice pour m'installer lorsque j'entendis soudain un
corbeau rompre le silence de son croassement et que je le vis passant au dessus
du bois. A cet instant je perçu qu'il me disait de ne pas rester ici et de
quitter cet endroit, ce que je fis à l'instant même sans me poser de question.
Je me dirigeais donc vers un champ de maïs et installait mon sac de couchage
dans une ornière à la limite du champ de maïs et d'un prés donnant sur le bois.
La nuit tombante je vis une voiture se diriger sur le chemin menant au
petit bois à l'endroit initial où j'avais prévu de m'installer, je me
sentis alors rassuré de m'être choisi un autre endroit. Puis, un drôle de bruit me
réveillât dans la nuit, le sol résonnant sous des pas de course. C'était un sanglier, il s'approchait
de moi pour aller dans le champ de maïs. Je n'avais absolument pas peur et pour éviter que malencontreusement il me passe éventuellement
dessus je saisi mon bâton de marche pour faire du bruit afin de manifester ma
présence. Il fît demi-tour et, saisissant ma lampe de poche pour le voir, je
vis ses yeux se refléter dans ma direction tandis qu'il avait rejoint la
lisière du bois à une centaine de mètres de là. J'étais content de cette rencontre et
passais le reste de la nuit tranquille.
Plusieurs
années plus tard j'eus à nouveau un message d'un corbeau. Alors que nous
devions faire une pause repas avec des amis sur une aire d'autoroute,
j'hésitais à manger un des ces sandwichs sous plastique et bourrés de
conservateurs que j'avais dû acheter, mais je fis quand même ce choix de le manger, il n'y avait pas beaucoup
d'autre possibilité, si ce n'était de jeûner... De retour dehors sur la parking avec mon
sandwich, un corbeau se posât sur un des arbres juste au-dessus de moi et
croassât. Ce fût comme s'il me transmettait un message me préconisant de ne pas
manger ce sandwich. Dans le doute d'être assujettit au fruit de mon
imagination, je me mis quand même à manger. Mais quelques minutes après avoir
fini, un mal de ventre se déclenchât. Les intestins enflammés et ballonnés
pendant tout le reste du voyage, je compris qu'une fois de plus le
corbeau avait été un messager et un bon conseiller.
J'appris
plus tard qu'il existe une méthode de divination chamanique appelée
ornithomancie et pratiquée par certains peuples depuis l'antiquité consistant en l'observation du
vol et du comportement des oiseaux pour déterminer le cours des évènements et
ressentir intuitivement ce que les oiseaux transmettent comme messagers de
l'avenir.
Je me
souvint la première année de mes expériences de sorties hors du corps, avoir fais la rencontre
en rêve d'un chaman corbeau, dont la coiffe était constituait de grandes plumes noires de
corbeaux.
Au passage
d'un Grand Corbeau (Corvus corax) un jour sur les hauteurs des volcans d'Auvergne au Col de
Prat-de-Bouc, son cri que j'entendis pour la première fois fût pour moi
l'expérience du Silence, comme si l'espace s'ouvrait au-delà du ciel, et que le
cris du corbeau révélait l'ampleur et l'infinité profonde du Silence. A chaque
fois que j’entends un Grand Corbeau je ressent la même sensation d'être en
contact avec l'ampleur d'un silence profond. L'observation de leurs acrobaties aériennes pleine d'audace et d'une rare agilité constitue un merveilleux moment.
Je
continuais à chercher l'osmose avec le monde des oiseaux. Habitant par la suite
en Auvergne dans la chaîne des Puys je m'allongeais dans les prés dans
l'attente d'un passage d'un milan royal que je pouvais contempler du fait de
son vol caractéristique planant à basse altitude, tel un cerf-volant
(d'ailleurs en anglais le milan ce dit kite), situation accentuant le sentiment de reliance avec l'oiseau.
Il m'est
souvent arrivé par la suite lors de sortie hors du corps de foncer avec mon
corps subtil vers une buse volant à haute altitude, notamment sur les hauteurs des étendues des Monts du Forez, ou vers le passage d'un
escadron de corbeaux pour m'en servir de point d’appui pour mon envol et de
propulseur pour aller plus loin. Je pris conscience d'un lien particulier que
j'avais aux oiseaux en me remémorant certains contacts dans mon enfance avec des oiseaux
qui furent impressionnants. Le premier ce fut à l'âge de 4-5 ans dans un parc
public, me promenant en compagnie de mon père. Lorsque nous passâmes sur un
petit pont, un cygne au loin pris son envol vers nous et arrivât très
rapidement sur moi, me fonçant littéralement dessus, mon père balayât l'attaque
du cygne d'un grand revers de bras, dans cette agitation je ressentis les
ailes et les plumes lors du contact du cygne et me sentis bien petit face à ce
grand oiseau dont mon père avait heureusement pût repousser la violence du
choc. Puis à l'âge de 6 ans ce fût en allant donner à manger aux poules de
notre jardin que subitement le gros coq blanc sautât sur ma cuisse toutes
serres devant dès que je franchis le portail du poulailler, alors je m'enfuis
en laissant choir le bol de graines. Bien des années après, à l'âge de 15 ans
c'est un pigeon qui me fît sursauter de peur. J'étais assis à mon bureau
cogitant tant bien que mal sur mes devoirs scolaires, le temps était orageux et les
éclairs et le tonnerre commençaient à se manifester. Soudain un fracas dans la
vitre de ma chambre me fît bondir de peur, le réflexe me fît sursauter d'un
bond de trois mètres en arrière et je constatais qu'un pigeon avait percuté la
vitre de ma fenêtre, et l'avait cassé en passant au travers, il était un peu
sonné sur le rebord de ma fenêtre. Mon calme retrouvé, je le relâchais et il
reprit son envol. Outre ces épisodes j'eus d'autres relations plus sereines
avec les oiseaux, tentant d'en sauver lorsque j'en trouvais d'amochés, aidant
bénévolement un centre de soin ornithologique, apprenant à observer et
reconnaître les oiseaux lors des sorties avec mon père passionné
d'ornithologie, apportant contribution à l'observation du passage des oiseaux migrateurs au mythique Col de Prat de Bouc.
A suivre: Plumes sacrées
A suivre: Plumes sacrées
Sylvère