Crypte de la Cathédrale de Chartres |
Il est devenu parfaitement déraisonnable d'attribuer la paternité du
mercure (vif-argent) à la planète
Mercure, d'associer le fer à la planète Mars et le plomb à Saturne. Nous savons aujourd'hui que le fer, le
plomb et le mercure viennent des supernovae.
Michel
Cassé, Généalogie de la Matière-Soleils
nucléaires
Alchimie et Astrosophie sont étroitement liées.
Dans l'Astrosophie nous pouvons y réunir l'astronomie, l'astrologie, l'astroénergétique et bien sûr l'astrophysique ainsi que la cosmologie.
Dans l'alchimie nous pouvons distinguer trois courants:
- courant
chimique du néoplatonisme qui constitue en l'application de la théorique
antique des quatre éléments à la transmutation des métaux.
- courant
gnostique de l'hermétisme qui constitue en l'union mystique de la matière et de
l'esprit par transformation spirituelle aussi bien de la matière transformée en
soleil terrestre que de l'homme accompli en son corps glorieux.
- courant
astroénergétique de l'astrosophie qui constitue en la prise en compte des
radiations stellaires à leur différent niveau d'énergie réunissant l'approche
de Paracelse et de René Alleau en alchimie magique, de l'astronergétique et de
la théorie quantique en astrophysique.
Cette
dernière approche, avec les récentes découvertes de l'astrophysique nucléaire permet
d'établir des parallèles étonnants avec l'Alchimie, et des plus instructifs en
terme d'évolution lorsque l'on corrobore tous ces courants de recherche.
Dans l'ouvrage de Jean Biès "Les Alchimistes", l'auteur apporte un
éclairage à ce propos: "La physique nucléaire et la théorie unitaire de
la matière-énergie, et la découverte des particules élémentaires ont rendu
droit de cité au non-dualisme alchimique, à l'interdépendance transitoire des
phénomènes et aux possibilités de transmutation".
La fusion
atomique au cœur des étoiles fait de l'univers un athanor alchimique
incommensurable, gigantesque et perpétuel. Les réactions nucléaires étudiées
par l'astrophysique moderne dévoilent des secrets sur la matière même,
l'énergie et la création de la vie dans l'univers. Rien ne se meurt , tout ce
transforme. Remarquons ici qu'athanor a pour étymologie le prefixe a-
privatif et le grec -thanatos, la mort . L'athanor est le sans mort,
l'immortalité, le four de l'alchimiste en alchimie externe, le corps même en
alchimie interne, tout deux lieux de transformation pour l'élaboration de la
pierre philosophale, lapis philosophorum, l'élixir d'immortalité .
L'astrophysique n'a de cesse d'étudier et de rechercher l'origine des processus de transformation de la matière en observant les réactions nucléaires au coeur des étoiles permettant de mieux comprendre la création des atomes. La physique des particules et les enjeux autour du boson de Higgs vont aussi dans de ce sens de découvrir les 90 à 95% de matière de l'univers dont nous ignorons de quoi elle est faite, d'où son nom de matière noire. De là à faire un parallèle symbolique avec la quête des alchimistes de l'oeuvre au noir, la materia primera des philosophes il n'y a qu'un pas... Pour Michel Cassé,
L'astrophysique nucléaire est comme la chimie un art combinatoire. Les réactions nucléaires s'écrivent comme les réactions
chimiques, en remplaçant les atomes par des noyaux. Il précise donc que : La première nucléosynthèse
est cosmologique. Dans la chaleur des origines, entre 1 et 100 secondes après
le Big Bang, une première flambée de réactions nucléaires se produit. Les
espèces H, D, 'He, 'He, et 'Li sont synthétisées dans des proportions qui
dépendent de la densité baryonique de l'univers.
Elle avorte essentiellement au nombre 7 en raison de l'instabilité maladive
de la progéniture de l'hélium (4He + 'He --) 'Be instable). L'univers doit se
doter d'étoiles pour poursuivre son ascension vers la complexité nucléaire.
Les étoiles sont donc de formidable entités à produire de l'énergie dans un
cycle perpétuel de création, d'évolution mort-transformation-renaissance.
L'astrophysique y voit au niveau de la physique un creuset macrocosmique de
transformation thermonucléaire engendrant à une échelle microcosmique les
fondements des particules atomiques. Ces entités stellaires sont donc des
formidables réservoirs d'énergie. Dans toutes les traditions les étoiles sont
vue comme des grands êtres évolués, des messagers célestes. Les sioux Lakota
les appellent les êtres des Etoiles. Entrer en rapport avec ces entités
célestes fait partie des pratiques spirituelles. Des offrandes et des prières
leurs sont adressés lors des préparatifs et lors du rituel Inipi.
Pour
Paracelse la création est tout entière éclairée par le lumen natural ,
la "lumière de Nature" qui peut aussi nous éclairer. Cette lumière
émane du soleil caché pénétrant tout. C'est celle de l'astrum, le feu
invisible et omniprésent (rejoignant l'Agni védique et la symbolique solaire du
Supramental).
Paracelse
relie le corporel et le spirituel par un corps astral. Il ajoute à l'Astrum le
firmament extérieur, l'Archê, le ciel intérieur. Pour Paracelse en effet,
"la Voie lactée est aussi en nous".
Pour les
alchimistes véritables, la pratique de l'alchimie est inséparable de
l'astrologie, et plus globalement de l'Astrosophie initiée par Paracelse et
décrite dans son Liber paramirum: "LE CIEL AGIT EN NOUS, MAIS POUR
CONNAITRE L'ESSENCE DE CETTE ACTION, IL FAUT CONNAITRE LE CIEL INTÉRIEUR"
.
Cette
complémentarité et indissociabilité de l'Astrosophie et de l'Alchimie se base
sur la célèbre introduction de La table d’Émeraude d'Hermès Trismégiste
qui établit la correspondance entre le macrocosme et le microcosme :
« Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut
est comme ce qui est en bas ».
Il suffit de
descendre dans une caverne granitique où quartz et mica se révèlent à la lueur
d'une lampe et scintillent en une infinité de points lumineux pour découvrir
tout un firmament étoilé. Comme le fait remarquer Jean Biès, cette comparaison
suffit pour illustrer l'idée constante jusqu'à l'obsession qu'en alchimie
microcosme et macrocosme se répondent exactement.
La
symbolique du soleil et de la lune que l'on retrouve dans de nombreuses
gravures d'ouvrages alchimiques est un indicateur de ce lien entre les forces
cosmiques au niveau du macrocosme et du microcosme. Le soleil et la lune sont
les symboles des énergies ida et pingala en alchimie interne que
l'on apprend à maîtriser avec la respiration yoguique nadi-shodana.
Certaines
pratiques d’occultisme astral et certains exercices énergétiques avec les
énergies stellaires et l'astro-énergétique apportent la capacité de renforcer
le corps astral, de le régénérer avec les énergies telluriques et d'effectuer
ce processus d'exploration et de régénération avec les autres corps planétaires
du système solaire ou extra-système solaire et avec les énergies des étoiles au
niveau galactique et extra-galactique. Le corps énergétique (éthérique et
astral) se nourrit des énergies émises par les astres, et ce système de
régénération peut apporter beaucoup d'énergie au corps physique. Ce processus de recharge énergétique et de régénération subtile est facilité le matin à l'aube, le corps éthérique et astral pouvant s'extérioriser plus facilement à ce moment pour puiser dans le rayonnement cosmique et incorporer ces énergies dans tous le corps énergétique et physique. Nul besoin d'aller loin hors du corps physique, mais juste une extériorisation à quelques centimètres offre une recharge puissante et suffisante lorsque nous sommes encore allongé au réveil. C'est aussi le moment propice pour la pratique de la méditation car les énergies cosmiques et telluriques sont à leur plein potentiel et nourrissent le système énergétique d'énergie vital essentiel pour le fonctionnement optimum de tout l'être. D'autre part, le travail d'incorporation des énergies stellaires couplé avec la connaissance des recherches en astrophysique permet
d'accroitre la possibilité d'explorer la matière de manière intuitive et
énergétique et d'intégrer en soi les grands principes communs à l'alchimie et à
l'astrophysique dans la connaissance des éléments et de leur évolution dans
l'univers. "S’il n’y a pas d’étoiles, il n’y a pas d’alchimie nucléaire,
pas d’élément lourd, donc pas de vie pas de conscience". trinh xuan thuan – l’arpenteur du cosmos. A
propos de cette transmutation perpétuelle de la matière au sein de l'univers et
créatrice de toute vie, voir les ouvrages de Michel Cassé tel que Retour aux sources célestes des éléments
(2000) et l'indémodable et fascinant "Des astres, de la vie et des
hommes de Robert Jastrow (1971).
Dans
l'hermétisme égyptien, les différentes parties du corps humain étaient mises en
corrélation avec les constellations, les signes du zodiaque et leurs décans.
Quant à
Goethe dans ses Affinités électives , il décrit les articulations entre
les sept astres, les douze signes zodiacaux, les trois règnes, les quatre
éléments et leurs qualités, les quatre complexions ou tempéraments humains.
Dans la
médecine médiévale, l'alchimie et l'astrologie étaient étroitement liées.
Les
alchimistes établissaient non seulement l'équivalence de la roue chromatique et
du zodiac, mais aussi attribuaient-ils aux couleurs une spiritualité et y
lisaient la réfraction de la lumière divine.
De nombreux
alchimistes n'ont pas dissocié leur recherche de celle de l'astrologie, tel
Arnaud de Villeneuve qui considérait que les planètes ont un effet
physiologique sur les principaux organes : le Soleil sur le cœur, la Lune
sur cerveau, Mercure sur la vessie, Vénus sur les gonades, Mars sur les reins,
Jupiter sur le foie et Saturne sur l’estomac. Notons avec Paracelse la
définition du rôle de trois principes chimiques fondamentaux qu’il articule
avec les éléments : Soufre / terre et feu ; Mercure / eau et
air ; Sel / éther. Dominicus Gundisalvus avec la Division de la philosophie,
accorde une large place à la physique, à la médecine, à l’alchimie et à
l’astrologie. L'ouvrage Arcana arcanissima (Les Arcanes très secrets) de
Michael Maier démontre fortement en quoi ces sciences sont reliées, en vertu du
décryptage des mythes grecs. Le travail dévolu à l'alchimiste consistera à se
mettre en harmonie avec les éléments et les astres, à les coordonner en lui.
Enfin, les
alchimistes ont toujours décelé une période favorable pour la pratique de leur
Art qui correspond au signe du Bélier et du Taureau (avril-mai), très favorable
pour la récolte de la rosée si chère aux alchimistes en alchimie
traditionnelle, mais dont nous pouvons aussi nous inspirer en bio-alchimie
hydrique, voie humide par excellence.
C'est aussi
la période favorable pour la cueillette du gui en vue de préparations
thérapeutiques à base de cette plante. Nous pouvons y voir un indicateur de la
pratique de l'alchimie. La science des druides nous permet de trouver certaines
clefs pour la pratique de l'Alchimie et de l'Astrosophie, dont le point de jonction commun est la symbolique du Graal.
Sylvère