Giambattista Vico (1668 – 1744)
DE L’ANTIQUE
SAGESSE DE L’ITALIE
RETROUVÉE DANS LES ORIGINES DE LA LANGUE LATINE.
RETROUVÉE DANS LES ORIGINES DE LA LANGUE LATINE.
CHAPITRE
VIII
De l’ouvrier suprême.
De l’ouvrier suprême.
Avec ce que nous avons dit du vrai
et du fait, avec ces propositions, que le vrai est la collection de tous
les éléments de l’objet, de tous en Dieu, et dans l’homme des éléments
externes ; que le verbe de l’intelligence est propre en Dieu et impropre
dans l’homme, et que la faculté se rapporte à ce que nous faisons bien et
facilement, s’accordent ces quatre expressions latines, Numen, Fatum, Casus
et Fortuna.
§ I. — Numen.
Ils appelaient Numen la
volonté des dieux, ce qui donne à entendre que le Dieu très bon et très grand
exprime sa volonté par le fait même, et l’exprime avec autant de célérité et
d’aisance qu’il y en a dans un clin d’œil. Longin admire Moïse pour la manière
digne et grande dont il parle de Dieu : Dixit et facta sunt. Les
Latins exprimaient ces deux idées par un seul mot. En effet, la bonté divine
n’a qu’à vouloir pour faire les choses qu’elle veut ; et telle est la
facilité de cette création que ces choses semblent naître d’elles-mêmes.
Plutarque nous raconte que les Grecs admiraient la poésie d’Homère et les
peintures de Nicomaque, parce qu’elles semblaient nées d’elles-mêmes plutôt que
formées par l’art ; je pense que c’est cette faculté créatrice qui a fait
appeler divins les poètes et les peintres. Ainsi, cette divine facilité à faire
est la nature ; et dans l’homme, c’est cette vertu rare et précieuse,
aussi difficile que vantée, que nous appelons naturalezza ; ce que
Cicéron tournerait par genus sua sponte fusum, et quodammodo naturale.