Dieu jeune, agile et fier, modérateur du temps,
Le fils d'Hypérion, aux coursiers éclatants,
Illuminant les cieux de flamme originelle,
Envahissait au loin la campagne éternelle.
Courbé sur le quadrige, et les rênes en main,
Par flots de poudre d'or il frayait son chemin.
La blanche Séléné que le regard oublie
Dans l'éclat fraternel mourait ensevelie ;
Et les astres, penchés sur l'horizon naissant,
Du sidéral empire allaient disparaissant.
Sous les baisers du Dieu la terre frissonnante
Revotait du plaisir la rougeur rayonnante ;
L'Océan murmurait : un souffle égal et pur
D'un immense soupir gonflait son scia d'azur.
Or, sur le vieil Etna, noir géant de la terre,
Le sage vers les cieux leva son front austère,
Et triste, contemplant le monde jeune et beau.
Il salua la vie, au bord de son tombeau.
Leconte de Lisle, Poèmes divers
LES SANDALES D'EMPÉDOCLE - I