Dès que la nuit monte au ciel, le monde
est à nous, et aux dieux. Nous allons des champs à la source, des bois obscurs
aux clairières, où nous mènent nos pieds nus.
Les petites étoiles brillent assez pour
les petites ombres que nous sommes. Quelquefois, sous les branches basses, nous
trouvons des biches endormies.
Mais plus charmant la nuit que toute
autre chose, il est un lieu connu de nous seuls et qui nous attire à travers la
forêt : un buisson de roses mystérieuses.
Car rien n’est divin sur la terre à
l’égal du parfum des roses dans la nuit. Comment se fait-il qu’au temps où
j’étais seule je ne m’en sentais pas enivrée ?
Les Chansons de Bilitis
Pierre Louÿs