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06/11/2018

DE SOCRATE AU CHRIST, S'IL EN EST AINSI





 Oui, de Socrate au Christ s'il en est  ainsi, et non ainsi soit-il. Nous pouvons en effet établir autant de supputations que nous avons le loisir de le faire, mais plus fondamentalement ce texte de Clément d'Alexandrie extrait des Stromates sous-entend une idée majeure, celle de l'évolution. L'évolution de la pensée, de la conscience, de la liberté humaine. Même si elle prend des formes qui nous paraissent improbables, et que son cheminement passe par des circonvolutions parfois régressives et involutives, cette force qu'est l'évolution suis son cours, et telle une spirale, retrouve parfois davantage de force en reculant quelque peu. Une conscience suprême, mouvant toute chose telle que Héraclite l'avait découvert œuvre en tout et partout à toutes les échelles, et nous ne pouvons saisir cette réalité ni dans son ensemble, ni dans son particularisme. A moins de s'éveiller à cette dimension de la Réalité. L'expression de cette conscience suprême et universelle se définie par l'idée de providence. En portant attentivement conscience sur cette idée nous pouvons en découvrir sa réalité dans l'universel et le particulier. Et plutôt que de regarder le courant passer, nous pouvons choisir de nous jeter dedans pour ne pas se laisser abuser par le pourquoi du comment. La providence, que nous ne pouvons maitriser, nous porteras si nous y consentons.
 Sylvère





« Avant la venue du Seigneur, la philosophie était indispensable aux Grecs pour les conduire à la justice ; maintenant elle devient utile pour les conduire à la vénération de Dieu. Elle sert de formation préparatoire aux esprits qui veulent gagner leur foi par la démonstration. « Ton pied ne trébuchera pas », comme dit l'Écriture, si tu rapportes à la Providence tout ce qui est bon, que ce soit grec ou chrétien. Dieu est la cause de toutes les bonnes choses, des unes immédiatement et pour elles-mêmes, comme de l'Ancien et du Nouveau Testament, des autres par corollaire, comme de la philosophie. Peut-être même la philosophie a-t-elle été donnée elle aussi comme un bien direct aux Grecs, avant que le Seigneur eût élargi son appel jusqu'à eux : car elle faisait leur éducation, tout comme la Loi celle des Juifs, pour aller au Christ. La philosophie est un travail préparatoire; elle ouvre la route à celui que le Christ rend ensuite parfait.
... Cependant nous n'accepterons pas n'importe quelle philosophie grecque, mais seulement celle dont Socrate, dans Platon, parle en ces termes : « Il y a, selon la formule courante des initiations, beaucoup de porteurs de thyrse, mais peu de Bacchants. » Il veut faire entendre par là : « Beau­coup d'appelés et peu d'élus », car il ajoute expressément : « Les Bacchants, à mon sens, ne sont autres que les hommes qui ont correctement pratiqué la philosophie. Et pour en devenir un moi-même, je n'ai rien négligé selon mes modestes forces durant toute ma vie, je m'y suis évertué par tous les moyens. Mes efforts ont-ils été bien conduits ? Ai-je obtenu un résultat ? je le saurai au clair dans quelques moments, quand je serai là-haut, si Dieu veut. » Ne vous semble-t-elle pas tirée des Écritures juives, cette espérance en la justice après la mort que Socrate manifeste ici ? De même dans le Démodocos — s'il est de Platon — Socrate dit : « Méfie-toi ! Être philosophe, ce n'est pas passer sa vie penché sur les arts pratiques, ni amasser de l'érudition. Une telle vie mérite un tout autre nom, et, à mon avis, un nom insultant. » Il savait sans doute ce que dit Héraclite : que « l'érudition n'apprend pas à être intelligent ». Dans le livre V de la République, il dit : « Tous ces gens-là, et autres amateurs d'études de ce genre, et ceux qui s'adonnent à ces petites bricoles, les dirons-nous philosophes ? — Nullement, dis-je : des caricatures de philosophes. — Et quels sont les vrais selon toi ? — Ceux, dis-je, qui ont la passion de contem­pler la vérité. » Car la philosophie n'est pas dans la géo­métrie, qui comporte des postulats et des hypothèses, ni dans la musique, qui ne procède que par approximation, ni dans l'astronomie, qui est bourrée de raisonnements appuyés sur des éléments matériels, fluents et de pure apparence — elle est la science du Bien en lui-même et de la vérité en elle-même ; et les sciences susdites sont différentes du Bien, et seulement des voies d'accès au Bien. Aussi Socrate n'accorde-t-il pas, non plus que nous, que le cycle normal des études suffise pour atteindre le  Bien : il apporte seulement sa contribution à l'éveil et à la gymnastique de l'âme aspirant aux biens spirituels.
Donc, si l'on nous dit : c'est « par accident » que les Grecs ont professé quelques théories conformes à la véritable philosophie, cet accident fait partie du plan divin — on ne va pas, je pense, diviniser le hasard pour nous faire pièce ; si  c'est « par coïncidence », la coïncidence est d'ordre providentiel. Nous dira-t-on : « Mais les Grecs n'ont eu qu'une raison naturelle » ? La nature est l'œuvre d'un seul Dieu, que je sache ; aussi avons-nous dit que la justice est naturelle. Dira-t-on : « Ils n'ont eu que le sens commun » ? Examinons alors quel en est le père, et d'où vient cette jus­tice qui préside à sa répartition. Va-t-on dire que c'était un don de prédiction ou de télépathie dans le présent ? Ce sont là des formes de prophétie (authentique) !
D'autres veulent que les philosophes aient dit certaines choses en tant que reflets de vérité. Mais le divin apôtre l'écrit de nous-mêmes ! « Nous ne voyons, pour le moment, que comme dans un miroir », nous nous connaissons nous-mêmes par le rayon qui vient se refléter contre lui, et nous contemplons, autant qu'il nous est possible, la cause créatrice d'après l'élément divin qui est en nous-mêmes. »
CLÉMENT D'ALEXANDRIE, Stromates, I, 28, 1-3, et 92., 3-94., 4‑
(Trad. Marcel Castes, Éd. du Cerf.)
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