Une pierre se voit qui à vil
prix se vends,
D'elle un feu fugitif son
origine prend,
Nitre Pierre de lui est faite
et composée,
Et de blanche couleur et de
rouge parée,
Elle est pierre et non pierre,
et la nature en elle
Peut seule démontrer sa vertu
non pareille,
Pour d'elle faire jaillir un
ruisseau clair coulant
Dans lequel elle ira son père
suffoquant :
Et puis d'icelui mort,
gourmande elle se repaît,
Jusqu'à ce que son âme en son
corps renaisse,
Et sa mère qui est de nature
volante,
En puissance lui soit, et en
tout ressemblance,
Et à la vérité son père
renaissant
A bien plus de vertus qu'il
n'avait auparavant,
La mère du Soleil surpasse les
années
En âge, à cet effet par toi
Vulcain aidées,
Son père néanmoins précède en
origine,
Par son spirituel être et
essence divine,
L'esprit, l'âme, le corps sont
contenus en deux,
Le magistère vient d'un seul et
un étant,
Peut ensemble assembler le fixe
et le fuyant,
Elle est deux, elle est trois,
et toutefois n'est qu'une,
Si tu n'es sage en cela,
n'entendra chose aucune,
Fait laver dans un bain Adam le
premier père,
Où se baigne Vénus des voluptés
la mère,
D'un horrible Dragon ce bain
l'on prépara,
Quand toutes ses vertus et ses
forces il perdit
Et comme dit fort bien le Génie
de la Nature
L'on ne le peut nommer que le
double Mercure :
Je me tais, j'ai fini, j'ai
nommé la matière,
Heureux trois fois heureux qui
comprend ce mystère,
Que le soucieux ennuie ne te
surprenne point,
L'issue fera voir ce tant
désiré point.
Basile Valentin; De Les douze clefs de Philosophie,
la première matière de
la Pierre des Philosophes