Ami!
Si tu ne poses pas le front du besoin urgent sur le sol de la faiblesse reconnue,
et si les larmes de tristesse ne tombent pas des nuages de tes yeux,
les plantes de ton délice ne verdiront pas dans le verger de la vie quotidienne.
Les jardins des hommes ne seront pas fécondés pour convenir à ton but.
Les branches de la patience ne produiront pas les feuilles de la satisfaction
et les parfums odorants de la compagnie intime,
et ne porteront pas les fruits de la proximité divine.
Tu ne parviendras pas à atteindre les frontières de la perfection.
Les rossignols de ton cœur ne chanteront pas la mélodie du désir ardent,
et les colombes de ton coeur ne voleront pas à tire d'aile
pour s'échapper de leur cage.
Tu ne traverseras pas l'immensité.
Tu ne parviendras pas à atteindre le lotus
et tu ne recueilleras aucun des fruits des arbres.
Aucune brise odorante venant du verger ne touchera les narines de ton coeur
et ton nez ne humera pas la douce senteur des roses.
'Abd al-Qâdir al-Jîlânî, Quinze
missives,
Dixième missive, "La nécessité de verser des larmes, de reconnaître
sa propre faiblesse, de
présenter une prière humble, et de chercher refuge en
Dieu."