Si Dieu est réel , il doit pouvoir être réalisé.
Vivekananda
Vivekananda (Naren) disciple de Sri Ramakrishna Parahamsa qui
lui donne pour mission de diffuser son message spirituel dans le monde, vécu une
intense et courte vie. Sa mission fût accompli grâce à la bénédiction de
Ramakrishna comme le relate Christopher Isherwood dans sa biographie "Ramakrishna une âme réalisée" : "Maintenant, la Mère vous a tout montré. Mais cette révélation vous sera dérobée. Elle sera enfermée dans une boîte, telle une pierre précieuse, et je garderai la clef. Quand vous aurez achevé l’œuvre terrestre de Mère, alors le coffre sera déverrouillé, et vous saurez tout ce que vous venez de connaître."
Plus tard Ramakrishna dira aux autres disciples :
"Naren abandonnera son corps de son propre gré. Quand il connaîtra son identité réelle, il refusera de s'attarder sur cette terre. très bientôt, il ébranlera le monde par la puissance de son intellect et par sa force spirituelle. J'ai prié la Mère de le préserver de la connaissance de l'Absolu, de couvrir ses yeux du voile de la Mâyâ - il a tant de travail à faire ! Mais ce voile est si mince qu'il peut être déchiré à tout moment."
Vivekananda accomplit sa mission de porter la lumière spirituelle de l'Inde au monde et transmettre l'unité de toutes les religion , de toutes les voies menant au Divin. Il donna le message qu'il y a autant de chemin vers Dieu qu'il y a d'êtres humains. Son autre grande mission fût de réveiller l'Inde du joug de la colonisation anglaise. Sri Aurobindo continua cette oeuvre et fût en lien avec Soeur Nivedita une très grande militante de l'indépendance de l'Inde et disciple de Vivekananda. Elle rencontra Sri Aurobindo pour la première fois à Baroda en 1904. "Chaque fois que nous nous rencontrions, nous parlions politique et révolution. Mais l'on voyait dans ses yeux un grand pouvoir de concentration, et aussi une capacité à entrer en trance." (...) "Elle s'est mise à faire de la politique dans le cadre du travail de Vivekananda. Son livre sur Vivekananda est l'un des meilleurs. Vivekananda lui-même avait ses idées sur le travail politique et il avait des moments de ferveur révolutionnaire.(...). Il mettait davantage d'éclairs intuitifs dans ses conversations que dans ses écrits. C'est ce que j'ai découvert en lisant le livre de Nivedita, Le Maître tel que je l'ai vu. En règle générale, d'ailleurs, c'est dans la conversation que vient ce genre d'éclairs - c'est du moins ce qui s'est passé dans mon cas"
Toutes ces discussions sont issues des Entretiens avec Sri Aurobindo de Nirodbaran.
Arrêté le vendredi 1er mai 1908 suite à
son leadership révolutionnaire pour l'émancipation de l'Inde (swarâj) contre le
joug anglais, Sri Aurobindo fût incarcéré à la prison d'Alipore
pendant une année. Il se consacra au yoga pendant son séjour en prison
qui devint le lieu de sa sadhânâ: " Du temps où j'étais endormi dans
l'Ignorance, j'arrivai en un lieu de méditation rempli de saints hommes
et trouvai leur compagnie fastidieuse et l'endroit une prison; quand je
me suis éveillé, Dieu m'a conduit dans une prison et Il en fit un lieu
de méditation et le rendez-vous de Son amour."
Pour témoigner de cette période il écrivit Jours de Prison où il relate ses expériences spirituelles dans sa cellule, et au cours desquelles il reçu la guidance spirituelle de Vivekânanda:
"Pendant une quinzaine de
jours, au cours de mes méditations solitaires dans la prison, j'entendais
constamment la voix de Vivekânanda s'adressant à moi, et je sentais sa présence
(...) la voix parlait d'un champ d'expérience spirituelle, particulier et
limité, mais très important, et elle ne s'est plus fait entendre dès que tout
ce qu'elle avait à me dire sur le sujet a été dit."
"C'est
Vivekânanda qui, lorsqu'il venait à moi pendant que je méditais dans la
prison d'Alipore, m'a montré le plan de l'Intuition. Pendant un mois
environ, il m'a donné des indications sur l'Intuition. Ensuite suite,
j'ai commencé à
avoir accès à des plans plus élevés. Je ne puis me satisfaire d'une
partie seulement du Supramental dans la conscience physique. Je veux le
faire descendre en entier, dans toute sa pureté, et c'est une entreprise
extrêmement difficile."
NOUS RETROUVONS AUSSI CES INDICATIONS DANS LES ENTRETIENS AVEC SRI AUROBINDO RELATÉS PAR LE DOCTEUR NIRODBARAN:
SRI AUROBINDO : Si vous estimez que
la vie n'a aucune finalité divine, il est inutile de vouloir aller au-delà de
la fuite dans le laya. Vous avez dès
lors tout à fait raison de sortir de la vie, car du point de vue du Brahman, la
vie et le corps sont un encombrement.
Mais ceux qui ont prêché la fuite
n'ont apporté aucune explication satisfaisante au pourquoi de la vie et du
corps. Ils ont attribué l'existence de la vie et du corps soit à la mâyâ [illusion cosmique], ce qui
signifie qu'ils sont inexplicables, soit à la lîlâ [jeu cosmique], ce qui veut dire que Dieu s'amuse tout simplement
à jouer, et l'on ne peut pas s'attendre à ce qu'un jeu ait un but. Mais je
serais plutôt enclin à croire que Dieu avait un but en créant ce monde.
NIROD : Quel but ?
UN DISCIPLE: La manifestation
progressive du Divin, peut-être. (À Sri Aurobindo) Mais ce que vous appelez le
Supramental, est-ce une conception qui vous est propre, une idée que vous avez
élaborée, ou vous a-t-elle été donnée d'en haut ?
SRI AUROBINDO : Ce n'est ni ma
conception ni mon idée. Je vous ai déjà dit qu'après mon expérience du nirvâna,
je n'ai plus eu de "pensées" personnelles.. Les pensées me venaient
d'en haut. Dès le commencement, j'ai senti que le nirvâna n'était pas le sommet
de la réalisation spirituelle. Quelque chose en moi voulait toujours aller plus
loin. Mais même alors, je n'ai pas demandé à avoir cette nouvelle expérience.
En fait, dans le nirvâna, avec cette paix, on ne demande rien du tout. Mais la
vérité du Supramental m'a été donnée. Je n'avais au départ aucune idée du
Supramental et pendant longtemps cela ne m'était pas très clair.
C'est l'esprit de Vivekânanda qui m'a
mis sur la voie du Supramental. Cette première indication m'a amené à voir
comment la Conscience-de-Vérité agit en toute chose.
NIROD : Avait-il connaissance du
Supramental ?
SRI AUROBINDO : Il ne l'appelait pas
le Supramental. Le terme est de moi. Il me disait simplement : "Voici
ceci, voilà cela," et ainsi de suite. C'est ainsi qu'il procédait, en me
montrant et en me donnant des indications. Il m'a rendu visite à la prison
d'Alipore pendant quinze jours de suite et tarit que je n'avais pas tout saisi,
il a continué à m'instruire et à graver dans mon esprit le fonctionnement de la
Conscience supérieure – la Conscience-de-Vérité en général – qui mène au
Supramental. Il n'a pas voulu me quitter avant que j'aie tout bien assimilé.
NIROD : Les gourous se
manifestent-ils de cette façon, en donnant un enseignement ?
SRI AUROBINDO : Pourquoi pas ? C'est
l'expérience traditionnelle des temps anciens. Un grand nombre de gourous confèrent
l'initiation après leur mort.
NIROD : Vous nous avez parlé un jour
de l'influence que Râmakrishna et Vivekânanda ont exercé sur votre vie. Est-ce
à cela que vous faisiez allusion ?
SRI AUROBINDO: Non. Je voulais parler
de l'influence de leurs paroles et de leurs écrits, quand je suis revenu d'Angleterre
pour m'installer à Baroda. Leur influence était très forte dans toute l'Inde.
Mais j'ai eu une autre expérience directe de la présence de Vivekânanda à
l'époque où je faisais du hatha yoga. J'ai senti sa présence derrière moi et
veillant sur moi. Par la suite cela a exercé une très grande influence sur ma
vie.
(...)
NIROD: Vous avez dit l'autre jour que son esprit vous est apparu dans la prison d'Alipore et vous a parlé de la Conscience supérieure. Je suppose que ces éclairs intuitifs venaient de là.
SRI AUROBINDO: Oui, il m'en a parlé en effet. Je ne savais rien de la Conscience supérieure. Je ne m'attendais pas à voir Vivekananda, et pourtant il est venu me donner son enseignement. Et il était exacte et précis jusque dans les moindres détails.
NIROD: C'est très interessant. Il n'en a parlé nulle part, ni dans ses livres ni dans ses conversations. Son esprit pouvait-il connaître après la mort ce qu'il ignorait de son vivant ?
SRI AUROBINDO:Pourquoi pas ? Il se peut qu'il est obtenu cette Conscience après sa mort.
S: L'esprit peut-il continuer à évoluer après la mort ?
SRI AUROBINDO: Oui , bien sûr. Mais ou bien Vivekânanda ne connaissait pas cette Conscience de son vivant, ou bien il l'a connaissait et il s'est tu. Un yogi ne dit pas tout ce qu'il sait. Il dit seulement ce qui est indispensable. Si j'écrivais tout ce que je sais, cela ferait dix fois ce que j'ai déjà écrit.
SATYENDRA: Les gens vous jugeront d'après ce que vous avez écrit.
SRI AUROBINDO: Cela ne fait rien.
PURANI: Lôk na pôk !
NIROD: Alors nous ne saurons jamais tout ce que vous savez ?
SRI AUROBINDO: Eh bien commencez par réalaiser ce que j'ai écrit.
NIROD: Ceux qui vivent dans la conscience spirituelle ont-ils la possibilité de connaître les réalisations d'autres yogis ?
SRI AUROBINDO: Oui. Si l'on établit un contact spécial, c'est possible.