Le secret du soufisme est qu'il n'a pas de secret du tout.
Paradoxe soufi
Salâm alaïkoum ! Lorsque ces mots s'élevèrent soudain en moi alors que ma conscience se trouvait à la limite de l’état de veille et du sommeil, je plongeais de plus en plus dans un état de torpeur qui se transformât en transe à mesure que se répétait spontanément en moi salâm alaïkoum; tel un mantra de plus en plus vite et de plus en plus fort. La vibration intérieure du son déclencha un état de transe qui finit par m'ouvrir complètement à une extase intérieure se prolongeant dans un état de conscience plus vaste. Je finis par me fondre et me dissoudre dans la Conscience Suprême. En faite, je senti ma conscience s'affranchir de mon corps à mesure que ce mantra se répétait spontanément à mon ouïe subtile, je sortais hors de mon corps. Et plus je percevais mon esprit sortir au-delà de mes limites corporelles, plus je me fondais dans l'unique Conscience. Dans les bras d'Allah...
Salâm
alaïkoum !
Le
contact avec les Soufis (le soufisme est la voie mystique de l'islam) plonge
dans la présence vibrante, omniprésente et pénétrante de l'amour divin. Tout
vibre du coeur de Dieu, tout est ce cœur, aussi bien le vide que la
forme.
Allah
se révèle et emplit tout.
As-salâm
alaïkoum !
Allah est le nom en langue arabe de Dieu, le Tout, l'Omniprésence, la Suprême
présence universelle...
"Répéter
sans cesse le nom d'Allah ou la formule attestant l'unicité de Dieu est un sûr
moyen d'introduire en soi un souffle qui entretiendra en nous la chaleur
mystique." Tierno Bokar
Les soufis sont passés maîtres dans l'art zélé de s'unir à Lui, en prononçant
son nom ou celui d'un de leur saint. Pour aider à cette connexion, à
cette reliance les chants soufis, notamment le chant Qawwali, est une voie
dévotionnelle puissante, ouvrant le coeur à l'aspiration divine, transportant
l'âme dans la Lumière.
La
musique Qawwali est une musique dévotionnelle des Soufis, habituellement
chantée en Urdu, Nusrat F. Ali Khan en est l’interprète le plus
renommé. "Au cœur du Soufisme se trouve le cœur lui-même :
l’amour dévotionnel pour Dieu (Allah), Son prophète (Mohammed) et Son ami
(Ali). La musique est le véhicule pour atteindre le cœur et obtenir un état de
Grâce ou d’illumination, a ‘stateless state’ ou ‘Ma’rifat’ –la connaissance
intérieure." "One is He, There is no God but He."
"Tomber
en amour avec vous c'est prendre une gorgé de poison, vient guérisseur,
abandonné je suis triste, votre amour me fais danser comme les fous".
Shah Abdul Latif
Des
chants d'élévations de l'âme et d'ouverture du cœur à s’enivrer, tout comme les
trop méconnus mais sublimes Chants d'extase et de guérison du Baloutchistan
pour s'envoler sur les ailes du Simorgh, ainsi que la beauté des chants soufis Kalam
de la pakistanaise Sanam Marvi, et la musique arabo-andalouse de Cheikh Raymond
avec le style malouf.
Le
malouf est un genre musical pratiqué dans les pays arabo-islamiques qui
intègre l’ensemble du patrimoine musical traditionnel d’inspiration andalouse.
Il intègre à la foi le répertoire profane (hazl)
et les répertoires religieux (jadd)
rattachés aux liturgies des différentes confréries. (Muhammad
Al-Rashîd, Ahamed El Wafi, Cheikh Ali Benaoues, Mohamed Ghanem).
L'émotion
musicale est intensément véhiculée dans les rythmes envolés et poignant des makam
du libannais Matar Muhammad et les Avâz de la musique traditionnelle
Iranienne qui est avant tout une musique expressive qui fait alterner un
caractère méditatif, voire une nostalgie de l’Absolu, qui habitait maints
grands maîtres de jadis- dont la plupart étaient des mystiques- et une
exaltante allégresse.
Le
poète soufi Jalal al-din-al-Rumi, mort en 1273, appelé parfois Mevlana (notre
Maître) fonda la confrérie Mevlevi (les Derviches tourneurs) à
l’origine de la cérémonie ayn sharif
ou musique Mukabele (union mystique).
Pendant des siècles la musique et la danse furent adoptées par les Mevlevis
comme un style de vie qui devint un modèle d’inspiration et un catalyseur
promouvant l’art musical ottoman.
« Bien
des chemins mènent à Dieu : j’ai choisi celui de la musique et de la
danse ».
Al-Rumi, Masnavi-ya
Ma’anevi (couplets d’inspiration spirituelle).
Le
livre de la science musicale – kitabu Ilmi’l-mûsîkî- de Dimitri Cantemir est un
texte de 355 compositions écrites dans un système de notation musicale
qu’il a inventé. Ce recueil représente la plus importante collection de musique
instrumentale ottomane des XVI et XVIIe siècles qui nous soit parvenue jusqu’à
nos jours.
Amin
Maalouf de conclure au préambule de ce programme musical qu’il intitule
un Dialogue des âmes : « Au cours de ce voyage dans le temps et
l’espace, nous nous demandons à chaque instant si les conflits auxquels nous
sommes accoutumés ne sont pas trompeurs, finalement, et si la vérité des hommes
et des cultures ne réside pas plutôt dans ce dialogue des instruments, des
accords, des cadences des gestes et des souffles. Monte alors en nous un
sentiment de joie profonde, né d’un acte de foi : la diversité n’est pas
forcément un prélude à l’adversité ; nos cultures ne sont pas entourées de
cloisons étanches ; notre monde n’est pas condamné à des déchirements sans
fin ; il peut encore être sauvé…N’est-ce pas là, d’ailleurs, depuis le
commencement de l’aventure humaine, la raison première de l’art ? »
Je
constate aussi l'importance de s’imprégner des textes mystiques soufis tels
que les inestimables Révélations de la Mecque ou La Sagesse des
prophètes d'Ibn 'Arabi. Dans l'ésotérisme islamique, il est considéré comme
le "sceau de la Sainteté", également appelé « ach-Cheikh
al-Akbar » (« le plus grand maître », en arabe), ou encore
« Ibn Aflatûn » (le fils de Platon).
Les
contributions de Mohamed Tahar Ben Achour, Tierno Bokar pour une meilleure
compréhension de l'islam.
D'autres
branches mystiques plus méconnues tel que les Druzes de Syrie apportent aussi
une contribution originale et singulière à l'approche mystique de l'islam.
«Je n'ai jamais considéré une seule chose sans que Dieu fût plus proche de moi que cette chose.» Abû 'Ubaidah.
Sources d'inspirations:
Musicographie:
- Musique Iranienne Djamchid Chemirabi - Musique d'abord Harmonia Mundi, "Marmarygi"
- Liban Matar Muhammad-INEDIT- Maison des Cultures du Monde
- Nusrat Fateh Ali Khan- Qawwal and party shahen-shah-Realworld -" Allah Hoo "
- Sanam Marvi - Répertoire Soufi Kalam - (Sufi kalam)
- Istanbul Dimitrie Cantemir - HesperionXXI-Jordi Savall.
- Orient-Occident -HesperionXXI-Jordi-Savall
- Omar Faruk Tekbilek - "sufi"
- Tunisie Anthologie du malouf-musique arabo-andalouse Nûba al-ramal INEDIT-Maison des Cultures du Monde
- Baloutchistan : Musiques d'extase et de guérison-OCORA - "Simorgh"
- A Tulawin Denia (Une Algérienne Debout)- Idir & Manu Chao - Identité -
- Sussan Deyhim- "Sange Khara"
- Musique arabo-andalouse - Cheikh Raymond - (hommage).
- Ya Hurratin- "Rabab"- رباب - الا يا حرةٍ باقصى فؤادي
- Sussan Deyhim- "Sange Khara"
- Musique arabo-andalouse - Cheikh Raymond - (hommage).
- Rabab - "Saffak Alik"
(Khaled Zaid/El Emir Faical/Ben Yazid)
|
- Racheb Alame - "Wadana-Wadana" (Abdel Rab-Adris/Kim Al Baoudi)
|
- Rabab - "Ya-Ourra"
(Khaled Zaid/Moubarek El Hadibi)
|
- Fairuz - "Sa Alouni
Annais"
(Raharani Brothers)
|
- Racheb Alame - "Ya Rit Fiya
Kabbiha"
(Ragueb Alama/Toufik Bourrkan)
- "Bahdeni Nami" , "Warni Warni" Omar Souleyman - (Dabka) |
Bibliographie:
Révélations de la Mecque et La Sagesse des
prophètes, Ibn 'Arabi
L'accès Au Mystère, Abdolqader Jilani
Rûmî et le soufisme, Eva de Vitray-Meyerovitch
Encyclopédie des mystiques, La mystique musulmane, Marie-Madeleine Davy.
Encyclopédie des mystiques, La mystique musulmane, Marie-Madeleine Davy.
Exposé de la religion des Druzes, Paris, 1838, Antoine-Isaac Silvestre de Sacy.
Le Livre des merveilles de la nature et des singularités des choses crées (Cosmographie] par Muhammad b. al-Qazwini, traduits par A-L. de Chézy, textes regroupés par Antoine-Isaac Silvestre de Sacy dans La Chrestomatie arabe.
Comment sortir de la religion, Paris, 2012, Abdennour Bidar
Légende de la Perse ancienne, Gründ, 1993, Nahal Tajadod
L'Epitre sur l'intellect, Abû Nasr Al-Fârrâbî
Cherche la réponse en ce même lieu d’où t’est venue la question.
(Rûmî, Mathnawî, III, 1120 s.)
Quelques liens (liste non-exhaustive):
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