Une spiritualité
intégrale n'exclut ni ne décourage aucune activité, aucune faculté
humaine essentielle; au contraire, elle travaille à les élever toutes et
à les faire sortir toutes de leur imperfection et de leur ignorance
tâtonnante; elle les transforme par son toucher et en fait les
instruments de la lumière, de la puissance et de la joie de l'être divin
et de la nature divine.
Sri Aurobindo, Le Cycle Humain, extrait, chp. XIII, "Raison et Religion"La spiritualité intégrale se base sur le yoga intégral et englobe, au-delà du yoga, les autres voies spirituelles, à la foi en essence dans leur principe, et en pratique comme étant un chemin vers le divin et aussi comme moyen de réalisation de certains aspects du divin et intégrations des expériences spirituelles spécifiques à ces voies.
Tout sadhak du yoga intégral, et par extension
tout chercheur de l'évolution spirituelle intégrale est amené à rencontrer sur
son chemin de nombreuses expériences spirituelles aussi variées et
enrichissantes les unes que les autres.
Le sadhak de l'évolution spirituelle intégrale
doit inclure et vivre ses expériences dans son champ de conscience, sans
attribuer une importance à l'une plus qu'à l'autre, ou en délaisser une au
détriment d'une autre, pas plus que de s'accrocher ou s'attarder à l'une de ces
voies spirituelles et des expériences ou réalisations associées qui s'en
suivent.
Toutes voies que le chercheur de l'évolution
spirituelle intégrale emprunte est un chemin vers le divin, mais ne peut
représenter qu'un aspect ou certains aspects spécifiques du divin que sous-tend
chacune de ces voies vers lesquelles elles mènent.
L'évolution spirituelle intégrale comporte un
double mouvement: une aspiration constante et sincère au Divin, et dans cette
aspiration une ouverture de conscience aussi vaste que possible afin de
recevoir et intégrer la lumière, la connaissance, et l'expérience du divin en soi.
Une attitude d'ouverture et de recherche
constante sans s'attacher à l'expérience reçue, une ouverture à toutes
spiritualités qu'elles soient du passées ou à venir, une ouverture à leurs
pratiques et à leurs enseignements comme étant une possibilité permanente de
réaliser le divin.
L'aspirant de l'évolution spirituelle intégrale
utilisera tout à la fois les ressources intérieures pour s'abandonner et
s'ouvrir à l'expérience spirituelle, et usera de sa discrimination pour
discerner avec justesse et exactitude l'objectivité de ses expériences au
regard de ce qu'elles apportent, à la fois en terme d'ouverture à une
conscience plus vaste de la spiritualité et à la fois en terme de gain de
conscience, de connaissance de soi ainsi que de la réalité divine.
L'évolution spirituelle intégrale peut être
considérée comme une voie universelle contenant toute voie, dont le fondement
se trouve dans le yoga intégral; le yoga intégral tel que formulé par Sri
Aurobindo dans la Synthèse des yogas. Le chercheur -sadhak- du yoga intégral embrasse toutes les voies du yoga et par
conséquent ne s'arrête pas à une réalisation spécifique en chemin. La
spiritualité intégrale n'est pas un syncrétisme ou un œcuménisme, mais un
mouvement dynamique des spiritualités vivantes éprouvées et expérimentées en
soi, chaque voie pouvant en dévoiler une autre, chaque expérience, chaque
pratique, chaque enseignement se fondant dans une réalité bien plus large qui
les dépasse et les intègre toutes.
Même s'il a une affinité plus grande avec une voie spirituelle, ou qu'une voie spécifique le conduise à certaines expériences et réalisations spirituelles, le chercheur sera néanmoins conscient et ouvert à ce que cette voie puisse l'amener à rencontrer d'autres moyens de réaliser le divin dans cette voie même, mais aussi le conduire vers d'autres voies par les intuitions, guidances ou expériences qui lui seront révélées lors de sa pratique. A l'exemple de Sri Paramhamsa Ramakrishna, qui, pour embrasser Dieu, empruntait les divers chemins des grandes traditions spirituelles, chacune d'elles trouvant leur fondement dans l'unique source suprême du Divin. Le chercheur sur le chemin de l'évolution spirituelle intégrale peut s'appuyer sur l'exemple de cette grande âme, tout en y incluant autant que nécessaire, ou du moins en intégrant en lui des pratiques d'autres traditions spirituelle si cela se présente ou se révèle être une possibilité dans sa sadhana. L’ouverture toujours croissante à son âme, l'éveil de son être psychique, permettra au chercheur de suivre l'aspiration constante dans sa quête.
Même s'il a une affinité plus grande avec une voie spirituelle, ou qu'une voie spécifique le conduise à certaines expériences et réalisations spirituelles, le chercheur sera néanmoins conscient et ouvert à ce que cette voie puisse l'amener à rencontrer d'autres moyens de réaliser le divin dans cette voie même, mais aussi le conduire vers d'autres voies par les intuitions, guidances ou expériences qui lui seront révélées lors de sa pratique. A l'exemple de Sri Paramhamsa Ramakrishna, qui, pour embrasser Dieu, empruntait les divers chemins des grandes traditions spirituelles, chacune d'elles trouvant leur fondement dans l'unique source suprême du Divin. Le chercheur sur le chemin de l'évolution spirituelle intégrale peut s'appuyer sur l'exemple de cette grande âme, tout en y incluant autant que nécessaire, ou du moins en intégrant en lui des pratiques d'autres traditions spirituelle si cela se présente ou se révèle être une possibilité dans sa sadhana. L’ouverture toujours croissante à son âme, l'éveil de son être psychique, permettra au chercheur de suivre l'aspiration constante dans sa quête.
Le sadhak de l'évolution spirituelle intégrale
utilisera aussi ses facultés intellectuelles pour étudier autant que possible
les voies d'approches qu'il expérimente spontanément ou celles qu'ils décident
consciemment de suivre par sentiment intuitif de résonance. Une pratique
intérieure complétée par une étude théorique assidue des enseignements des
voies que lui révèle sa pratique permettra au chercheur d'allier intuition et
connaissance aidé de la raison et du discernement, et de s'ouvrir ainsi
davantage aux potentialités de la réalité spirituelle envers laquelle il
s'engage.
Le sadhak n'oubliera pas que le but est la
réalisation intégrale du divin, et qu'aucune forme pour y parvenir ne doit
détourner le chercheur de son but. Bien qu'il puisse se réaliser dans une voie
spécifique, le sadhak ne s'enfermera pas dans cette voie ni dans son essence,
ni dans sa forme, considérant que toutes voies est un chemin spécifique
vers le divin et ne saurait représenter l'intégralité du divin dans son
infinité.
Le sadhak doit par ailleurs garder une ouverture constante à accueillir les expériences spirituelles les plus variées qu'ils puissent rencontrer sur sa route et réaliser la conscience du divin aussi pleinement que possible à travers elles et au-delà d'elles. Considérant à ce titre que le chemin n'a pas de fin puisque le divin est par essence infinité et qu'aucune réalisation intégrale ne peut s'arrêter à un stade déterminé, aussi haut que puise paraître l'accomplissement qui en découle; il considérera donc chaque voie spirituelle comme un fragment, une possibilité définie et spécifique de la Suprême source de tout et se fera le chercheur du Mystère toujours plus grand à découvrir au fur et à mesure que s'ouvre sa conscience à la réalité et à la multiplicité des aspects du divin.
Le sadhak doit par ailleurs garder une ouverture constante à accueillir les expériences spirituelles les plus variées qu'ils puissent rencontrer sur sa route et réaliser la conscience du divin aussi pleinement que possible à travers elles et au-delà d'elles. Considérant à ce titre que le chemin n'a pas de fin puisque le divin est par essence infinité et qu'aucune réalisation intégrale ne peut s'arrêter à un stade déterminé, aussi haut que puise paraître l'accomplissement qui en découle; il considérera donc chaque voie spirituelle comme un fragment, une possibilité définie et spécifique de la Suprême source de tout et se fera le chercheur du Mystère toujours plus grand à découvrir au fur et à mesure que s'ouvre sa conscience à la réalité et à la multiplicité des aspects du divin.
Le plus grand obstacle du chercheur de
l'évolution spirituelle intégrale serait de se définir au regard des
expériences ou réalisations spirituelles de la voie ou des voies par lesquelles
il arrive à ces expériences ou réalisations, et de se laisser limiter par les
formes, les représentants ainsi que les représentations, et par les
enseignements d'une ou plusieurs voies spirituelles.
Le seul guide en qui le chercheur peut alors s'en
remettre de façon absolue, s'en référer inconditionnellement est le guide et
maître suprême, le divin lui-même source de tout, qui manifeste les pouvoirs de
l'atteindre dans le monde des formes et du sans formes, dans le monde manifesté
et par de là la manifestation, source de toutes voies, de toutes traditions
spirituelles passées, présentes et à venir. Par définition les voies et
pratiques spirituelles sont limitées, et sont délimitées par le contexte
culturel, géographique, ethnique, sociologique et religieux dans lequel elles
ont été façonnées, ont été canalisées. Dans l'absolu il n'y a cependant aucun
canal valable, le suprême étant lui-même le seul dépositaire de tous les
chemins par lesquels il révèle les possibilités de l'atteindre.
Le chercheur vers l'évolution spirituelle intégrale s'en remettra et aspirera alors toujours et constamment à la source suprême elle-même, celle du maître de l'évolution toujours en avant, toujours précurseur, toujours en devenir de l'étape à venir, plus grand et plus intimement proche de chacun dans sa quête que ne peut l'être aucune voie et ses représentants.
Le chercheur vers l'évolution spirituelle intégrale s'en remettra et aspirera alors toujours et constamment à la source suprême elle-même, celle du maître de l'évolution toujours en avant, toujours précurseur, toujours en devenir de l'étape à venir, plus grand et plus intimement proche de chacun dans sa quête que ne peut l'être aucune voie et ses représentants.
Toutes les techniques, toutes les voies,
traditionnelles ou modernes, sont des branches et non la totalité de l'arbre.
Chacune peut mener à connaître l'arbre en entier, mais l'arbre ne peut se
laisser délimiter ou définir par chacune d'elle.
Toutes sont des leviers vers le divin et loin de
s'exclure les unes des autres, peuvent se compléter pour permettre au chercheur
de s'accomplir dans sa divinité et son humanité le plus intégralement possible.
C'est en ce sens que Vivekânanda préconisait
qu'idéalement chacun devrait pouvoir suivre sa propre voie avec les matériaux
variés que le divin met à sa disposition, depuis les âges immémoriaux jusqu'aux
temps présents, afin de pouvoir s'élever jusqu'à Lui et s'ouvrir aux les
possibilités à venir de la conquête spirituelle sur tous les plans. Cela
nécessité une réactualisation permanente de la voie.
La meilleure base et référence pour une évolution
spirituelle intégrale est celle du yoga intégral, en y incluant une capacité
d'intégration des autres voies comme faisant partie du chemin vers le but et
comme champ d'expérience d'une spiritualité intégrale, à la lumière de
l'enseignement de Sri Aurobindo:
"Le sâdhak du
yoga intégral ne sera pas satisfait tant qu'il n'aura pas inclus tous les
autres noms et toutes les autres formes de la Divinité dans sa propre
conception, tant qu'il n'aura pas vu son propre Ishta Devata dans tous les
autres, pas unifié tous les Avatars dans l'unité de Celui qui descend en
l'Avatar, et fondu la vérité de tous les enseignements dans l'harmonie de la
Sagesse éternelle. "
Le chercheur aura aussi à se confronter à ce que
Sri Aurobindo appelle dans le langage du yoga intégrale "la zone
intermédiaire". Cette zone séduisante que rencontre tout chercheur au
cours de sa quête dans laquelle les êtres spirituels propres à une tradition
proposent des pouvoirs, petits ou grands, des associations en vue de faire du
chercheur le représentant de telle ou telle voie, on son émissaire, son
porte-parole. Non seulement le chercheur peut s'égarer sur de fausses pistes en
suivant de "mauvaises" prescriptions pour continuer sa Sadhana qui
devrait toujours tendre vers une Vérité toujours plus haute et croissante, mais
peut aussi s'égarer en prenant ces attractions spirituelles comme but et les
pouvoirs qui pourraient lui être attribués comme réalisation. Aussi lumineux et
aimant et plein de connaissances que puissent être les êtres de lumière, guides
spirituels ou divinités rencontrés sur son chemin, le risque pour le chercheur
est de ne plus suivre le mouvement de l'évolution, voir même de s'égarer sur
des sentiers où se mélangent la pure Vérité, la lumière divine, avec les
mouvements vitaux de recherche de pouvoir, de reconnaissance, de complaisance,
de revendication d'une vérité, de systématisation de la voie, de
généralisation de résultats spirituels et matériels qui pourraient
éventuellement en découler, bref de bricoler avec le réel avec la tentation de
faire des petits ou grands miracles, de dealer avec la Vérité et Dieu pour de
petits arrangements terrestres encore assujettis aux aspirations de l'ego. Ego
dont il ne suffit pas d'être éveillé au Soi pour décréter en être affranchis,
loin de là. Alors dans ce difficile et périlleux voyage l'attitude la plus sûre
est une aspiration constante au divin et toujours plus sincère et pour se
faire, un discernement à toute épreuve, une faculté de discrimination en toutes
circonstances, ne se contentant pas d'évidence, de simplification, de
raccourcis (qui tronque toujours une partie du chemin), et une vigilance alerte
à tous les angles morts possibles bien que raison gardée ceux-ci sont quasiment
inéluctables sur toutes voie et cheminement.
Afin de garder un discernement et une
discrimination les plus clairs possible tout le long de sa sadhana, le
chercheur de l'évolution spirituelle intégrale pratiquera assidûment le silence
mental et la paix, en vérifiant régulièrement où il en est.
Car la base de la pratique de l'évolution
spirituelle intégrale trouve son fondement dans celle du yoga intégral,
elle-même à la base de toutes voies: le silence mental et la paix intérieure. (cf: Le fondement de la pratique)
Sylvère