Lorsque apparaît en toi la connaissance vraie de l'unité de ton âtman avec l'âtman cosmique, c'est ce qu'on nomme samadhi, car l'âtman est en vérité identique au brahman omniprésent, perpétuel, unique, et sans second.
Yoga-Darshana-Upanishad
Une contemplation des versets des Upanishads et une réflexion attentive sur leur commentaire est le
point de départ d'une investigation intérieure pour vivre le sens des
Upanishads en nous, et aiguiser notre conscience vers la compréhension intérieure des vérités exprimées dans ces textes. Ces textes et leur méditation servent de guide pour saisir
le sens et la vérité qu'ils expriment. La profondeur de la pensée des Upanishads et de leur commentaire est la base d'une pratique de méditation pour amorcer l'exploration de l'être et de la réalité. Méditations et exercices d'attention pour guider l'exploration de la Conscience, développer les facultés intuitives et l'investigation de l'être dans le processus du yoga intégral.
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La conception d'une Unité transcendantale, Unité et Stabilité, derrière
tout le flux et la variété de la vie phénoménale est l'idée de base des
Upanishads ; elle est le pivot de toute la métaphysique indienne, la somme et
le but de notre expérience spirituelle. Au monde phénoménal qui nous entoure,
stabilité et unité semblent à première vue totalement étrangères ; il n'y a
rien qui ne passe et ne change, rien qui n'ait ses contreparties, ses
contrastes, ses parties harmonisées ou dissidentes. Toutes perpétuellement
varient et réorganisent leurs positions relatives et leurs affections. Et
pourtant si une chose est certaine, c'est que la somme de tout ce mouvement et
de tous ces changements est absolument stable, fixe, invariable, que toutes ces
multitudes hétérogènes de choses animées et inanimées sont fondamentalement
une, homogène. Sans quoi rien ne pourrait durer, ni ne pourrait exister avec
certitude. Cette unité, cette stabilité, cette invariable fixité que notre
raison exige et que suggère notre expérience courante sont affirmées lentement
mais sûrement par la recherche scientifique. Nous ne pouvons plus échapper à
cette conviction croissante que si les parties peuvent changer et se déplacer
et paraître périr, leur somme et le tout restent immuables, impérissables et
ne diminuent pas. Si innombrables, muables et mutuellement irréconciliables que
puissent être les formes et les composés, le grand substrat est un, simple et
durable. Même la mort n'est pas une réalité, mais une apparence, car ce qui
semble destruction n'est qu'une transformation et une préparation à une nouvelle
naissance. Sri Aurobindo Isha Upanishad
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Découvrir et expérimenter la nature de cette réalité, de l'unité dans ses multiples aspects, est l'essence de la philosophie des Upanishads. Découvrir l'essence de cette réalité est l'essence de la méditation.
La méditation selon la philosophie des Upanishads sera le moyen d'explorer la nature de notre être et de la réalité, soutenu par l'éclairage du yoga intégral de Sri Aurobindo et les moyens de le mettre en pratique.
Que sont les Upanishads ?
C'est le trésor de la profonde et
éternelle connaissance sans commencement et sans fin qui est la racine et la fondation
du dharma éternel. Cette connaissance, nous la trouvons dans les sûktas des
quatre Védas, mais recouvertes de métaphores qui donnent un sens ésotérique à
des hymnes tels que celui qui décrit l'Homme idéal. Les Upanishads dévoilent
pour nous la connaissance suprême, les membres nus de l'homme réel. Les poètes
du Rig-Véda, les Rishi, ont exprimé la connaissance spirituelle en paroles
divines, inspirées. Les Rishi des Upanishads avaient la vision directe de la
vraie forme de cette connaissance et l'exprimaient en quelques paroles
profondes. Non seulement le monisme, mais toutes les pensées et doctrines
philosophiques qui se sont formées en Europe et en Asie — rationalisme,
réalisme, nihilisme, la théorie de l'évolution de Darwin, le positivisme de
Comte, les philosophies de Hegel, Kant, Spinoza et Schopenhauer,
l'utilitarisme, l'hédonisme —tout ceci a été vu et exprimé par les Rishi doués
de la vision directe. Mais ce qui, par ailleurs, a été partiellement saisi et a
été proclamé comme la vérité intégrale — bien que n'étant qu'un fragment de la
Vérité —et a été déformé en même temps que décrit avec un mélange de vérité et
de mensonge, — tout cela a été rapporté dans sa plénitude et sa vraie
perspective, en une description pure et infaillible dans les Upanishads. Aussi,
devons-nous nous efforcer de trouver le sens profond et total des Upanishads
sans être liés par l'exposé de Shankara ou de quelqu'un d'autre.
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Le mot Upanishad signifie:
« entrer dans la place secrète ».
Les Rishi n'ont pas obtenu la connaissance mentionnée dans les Upanishads par
la force de l'argument, ni par une connaissance étendue ou par le flot de
l'imagination ; ils ont acquis par le yoga le droit d'entrer dans la place
secrète de l'Esprit où se trouve la clé de la connaissance intégrale, ils sont
entrés dans la chambre secrète, ils sont devenus les souverains des vastes
royaumes de cette infaillible connaissance. A moins d'obtenir la clé, on ne
peut avoir accès au véritable sens des Upanishads. Toute tentative pour
découvrir le sens des Upanishads par le seul argument équivaut à explorer une
forêt dense au moyen d'une bougie logée tout en haut d'un arbre. La vision
directe est la lumière du soleil qui illumine la forêt entière et la rend
visible aux chercheurs. La vision directe ne peut être obtenue que par le yoga.
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L'Upanishad illustre les aspects infinis du Brahman infini,
et parce qu'elle ne soutient aucune vue philosophique en particulier, mille
vues philosophiques ont surgi de cette seule racine. Chaque philosophie
s'empare d'un aspect de la vérité infinie et la présente à l'intellect de façon
systématique. Le Brahman infini se manifeste de façons infinies ; les chemins
qui mènent à l'infini Brahman sont aussi innombrables.
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L'Isa Upanishad introduit pour nous la réalisation
spirituelle intégrale et le principe du yoga intégral : en un bref espace elle
résoud beaucoup de problèmes difficiles. C'est une sruti chargée d'un sens
sublime, profond, insondable. Cette Upanishad, composée de dix-huit Moka,
explique en ces courts mantra beaucoup de grandes vérités de l'univers. Ces «
richesses infinies en un petit espace », on ne peut les trouver que dans cette sruti.
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Synthèse de la connaissance, synthèse du dharma, réconciliation
des opposés sont l'âme même de cette Upanishad. Dans la philosophie occidentale,
il existe une loi appelée loi de contradiction, selon laquelle deux opposés
s'excluent mutuellement. Deux propositions opposées ne peuvent être acceptées
simultanément, elles ne peuvent pas s'intégrer ; deux qualités opposées ne
peuvent être vraies simultanément dans le même lieu, s'appliquant au même
instrument. Selon cette loi, deux opposés ne peuvent être réconciliés ou
harmonisés. Si le Divin est un, alors même omnipotent, il ne peut être
multiple. L'Infini ne peut être fini. Le Sans-Forme ne peut assumer la forme ;
s'il assume la forme, il met fin à sa qualité de Sans-Forme. Si le Sans-Forme,
l'unité, l'infinité de Brahman sont vrais, alors les attributs, formes,
multiplicité, « finitude » du Brahman sont faux : « Brahman satyarà,
jagan-mithyâ » (Brahman est la seule Réalité, le monde est illusion). Cette
conclusion totalement ruineuse de l'illusionniste est l'aboutissement final du
dicton philosophique.
Il y a eu malheureusement beaucoup d'inutiles confusions sur
le sens de cette Upanishad. On considère généralement Shankara comme le plus
important commentateur de l'Isha Upanishad, mais si l'on accepte toutes les
conclusions de cette dernière, alors mâyâvâda (doctrine de l'illusion de Shankara)
sombre dans un océan sans fond. Le fondateur de mâyâvâda est un philosophe
d'une puissance et d'une profondeur incomparables.
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L'obstacle principal qui nous empêche de recevoir le sens
simple de l'Isha Upanishad est de comprendre la vérité intérieure qu'elle
enseigne sur le Brahman, le Soi et le Divin, c'est Mâyâvâda, l'illusionnisme prêché
par Shankaracârya et le commentaire qu'il a écrit sur cette Upanishad. Le
mouvement de retrait en flèche qu'est l'illusionnisme, et l'inaction tant vantée
du sannyâsî s'opposent radicalement à I'Isha Upanishad. Si pour chercher la
signification de cette Upanishad, on tire et torture le sens de ses sloka, il
devient impossible de trouver la solution de cette querelle.
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La contradiction est entre ces deux choses : I'Ishvara, et
tout ce qui est dans l'Univers. Au contraire, de l'Ishvara qui est immobile,
Prakrti, la Sakti, est toujours en mouvement, engagée dans l'œuvre et dans un
mouvement étendu au monde : tout ce qui existe dans l'univers est aussi un
petit univers en mouvement qui est à chaque instant le point de rencontre de la
création, de la préservation et de la destruction, immobile et périssable, le
contraire de l'immuable. L'éternelle contradiction n'est pas évidente si nous
mettons d'un côté Maya et de l'autre la terre et tout ce qui est mouvement sur
la terre. L'Upanishad s'ouvre sur la contradiction éternelle observée par
quiconque met d'un côté l'Ishvara et de l'autre la Prakrti, sans repos, avec
tout ce qu'elle possède dans l'univers qu'elle a créé, tous les objets
éphémères.
Toute l'Upanishad est construite sur cette contradiction et
sur sa résolution.
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Sri Aurobindo , Les Védas et les Upanishad
Avec cette antique source de sagesse nous pouvons Initier ou approfondir la pratique de la méditation et développer le processus de croissance spirituelle selon la philosophie des Upanishads et à la lumière de l'enseignement de Sri Aurobindo.
Avec cette antique source de sagesse nous pouvons Initier ou approfondir la pratique de la méditation et développer le processus de croissance spirituelle selon la philosophie des Upanishads et à la lumière de l'enseignement de Sri Aurobindo.