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12/08/2016

Des genres ou des idées-"verum et æquum"


 Giambattista Vico (1668 – 1744)
 DE L’ANTIQUE SAGESSE DE L’ITALIE RETROUVÉE DANS LES ORIGINES DE LA LANGUE LATINE.
CHAPITRE II Des genres ou des idées, ("verum et æquum")


Nous avons vu les avantages des formes ; passons maintenant aux inconvénients des universaux.
Parler en termes très généraux, c’est le propre des enfants ou des barbares. Dans la jurisprudence c’est en suivant le droit positif même, c’est-à-dire l’autorité des règles, que l’on commet le plus d’erreurs. Dans la médecine, ceux qui vont droit en avant, en procédant par thèses, ont plus de souci de leur système que de leurs malades. Dans la pratique de la vie, en combien de fautes ne tombent pas ceux qui se font un système arrêté ? Notre langue a emprunté l’expression grecque pour désigner ces hommes : thematici. Toutes les erreurs en philosophie viennent de l’homonymie, ou, selon le terme vulgaire, de l’équivoque ; des équivoques, ce sont des noms communs à plusieurs choses ; mais sans le genre il n’y aurait pas d’équivoques : car les hommes ont une aversion naturelle pour l’homonymie. Dites à un enfant d’appeler Titius sans vous expliquer davantage, quoiqu’il y ait deux personnages de ce nom ; l’enfant par l’instinct de la nature qui cherche le particulier, demandera aussitôt : Lequel des deux Titius voulez-vous que j’appelle ? Aussi je ne sais en vérité si les genres n’ont pas été cause d’autant d’erreurs pour les philosophes que les sens l’ont été pour le vulgaire d’opinions fausses et de préjugés. Les genres, comme nous l’avons dit, confondent les formes, ou, comme on dit, rendent les idées confuses autant que les préjugés les obscurcissent. Toutes les disputes des écoles en philosophie, en médecine, en jurisprudence, toutes les contestations et les querelles dans la vie pratique, tout cela est sorti des genres, parce que des genres dérivent les équivoques qui sont, comme on dit, ab errore. En physique, ce sont les noms génériques de matière et de forme ; en jurisprudence, le mot juste, avec sa largeur et son extension indéfinie ; en médecine, les termes le sain et le corrompu, dont le sens a trop d’extension ; dans la vie pratique, le mot utile, qui n’est pas défini. C’était aussi le sentiment des anciens philosophes de l’Italie ; on en retrouve la trace dans la langue latine : certum a deux sens, ce qui est prouvé et indubitable, et celui de propre, qui s’oppose à commun, de manière à faire entendre que le particulier est certain, et le général douteux. Pour eux vérité et équité, verum et æquum, étaient synonymes. En effet l’équité se fait voir dans les circonstances spéciales du fait, comme la justice dans le genre même ; d’où l’on voit que ce qui est exclusivement général est faux, et que le vrai c’est la dernière, la plus spécifique détermination des choses.


Les genres comme dénominations sont infinis ; or l’homme n’est ni rien ni tout ; il ne peut donc penser au néant que par négation du réel, et à l’infini que par négation du fini. Mais, dira-t-on, tout triangle a la somme de ses angles égale à deux angles droits ; n’est-ce pas là une vérité infinie ? Sans doute, mais elle ne l’est pas pour moi ; si elle l’est, c’est en ce sens que j’ai dans l’esprit la forme d’un triangle auquel je reconnais cette propriété, et que cette forme me sert d’archétype pour toutes les autres. Que si l’on prétend que c’est là un genre infini, parce qu’à cet archétype de triangle se peuvent assimiler un nombre indéfini de triangles, je le veux bien, je leur abandonnerai volontiers le mot pourvu qu’ils m’accordent la chose. Mais c’est mal s’exprimer que de dire qu’une toise est infinie, parce qu’on peut s’en servir pour mesurer toutes les étendues.

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