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Évolution et Lumière, évolution dans la lumière et par la lumière!

La création de ce site part du constat que chaque chercheur sur le chemin de l'évolution spirituelle est un trouveur potentiel ou effectif, pouvant dans un partage sincère de ses expériences, accomplir des ouvertures pour d'autres consciences en développement... Lire la suite

19/10/2016

Raison et religion




Le pas que l'humanité doit faire immédiatement, c'est une guérison définitive de l'exclusivisme
Mère, Pondichery


« La Vérité est un pays sans chemin, que l'on ne peut atteindre par aucune route, quelle qu'elle soit : aucune religion, aucune secte. »
Jiddu Krishnamurti




Pour continuer notre réflexion sur la religion voici pour commencer l'extrait d'un texte de Léon BRUNSCHVICG, Raison et religion:

"Le propre de l'esprit est de s'apparaitre à lui même dans la certitude d'une lumière croissante, tandis que la vie est essentiellement menace et ambiguïté. Ce qui la définit c'est la succession fatale de la génération et de la corruption. Voilà pourquoi les religions, établies sur le plan vital, ont beau condamner le manichéisme, il demeure à la base de leur représentation dogmatique... ce qui est constitutif de l'esprit est l'unité d'un progrès par l'accumulation unilinéaire de vérités toujours positives. L'alternative insoluble de l'optimisme et du pessimisme ne concernera jamais que le centre vital d'intérêt; nous pouvons être et à bon droit inquiets en ce qui nous concerne de notre rapport à l'esprit, mais non inquiets de l'esprit lui-même que ne sauraient affecter les défaillances et les échecs, les repentirs et les régressions d'un individu, ou d'une race, ou d'une planète. Le problème est dans le passage , non d'aujourd'hui à demain, mais du présent temporel au présent éternel. Une philosophie de la conscience pure, telle que le traité de Spinoza "De intellectus emendatione" , en a dégagé la méthode, n'a rien à espérer de la vie, à craindre de la mort. L'angoisse de disparaitre un jour, qui domine une métaphysique de la vie, est sur un plan; la certitude d'évidence qu'apporte avec elle l'intelligence de l'idée, est sur un autre plan" 
Léon BRUNSCHVICG Raison et religion

 Nous savons tous que  le sens de religion est de relier, de se relier. Se relier à plus grand que soi, à une identité élargie, l'identité profonde de qui nous sommes et de ce qui fonde notre humanité commune mais aussi notre conscience fondamentale au-delà de toutes nos identifications et appartenances restrictives. Se relier à cette source spirituelle au-dessus de tous nos particularismes et nos différencse, dans un appel à l'unique transcendance est ce que nous pouvons nommer religion. Force est de constater qu'au cours des siècle l'être humain s'est éloigné de cet idéal, de cette aspiration première, les religions étant devenues ce que nous en savons... Nous pouvons même légitimement nous interroger sur la sagesse des auteurs des textes ayant fondées des religions, car si ces auteurs avaient été vraiment des sages, ils n'auraient en aucun cas écrits et publiés les textes des diverses religions que nous connaissons...Il y a donc eu récupération, et falsification pour le compte d'intérêts politiques et de domination au fil des intérêts changeant au cours de l'histoire. La religion étant l'opium du peuple pour reprendre le trop connu adage de Marx, il suffisait d'en distiller suffisamment aux populations pour les tenir sous le joug d'une domination qui se perpétue encore de nos jours, quoique plus faible ou convulsant dans une dernière crise, espérons-le, avant de faire table rase sur la question religieuse et de permettre à l'humanité de dépasser une bonne fois pour toute le conflit religieux qui anime son histoire et la maintien dans l'ignorance, opposant les êtres humains jusqu'à verser leur sang au nom d'une vérité...

 Dans « Sur la religion » (Parerga et paralipomena) Arthur Schopenhauer souligne, entre autre, les points suivants :
"L’homme, « animal métaphysique », cherche la vérité. La religion, qui est la métaphysique du peuple, s’adresse à la masse. Elle lui offre par la révélation une vérité au sens allégorique. La philosophie, quant à elle, s’adresse à une minorité et recherche la vérité au sens propre."

« L’humanité grandit dans la religion comme dans un vêtement d’enfant ; vient le moment où ce n’est plus possible : les boutons tombent » 

« Les religions sont comme les vers luisants : pour briller, il leur faut l'obscurité. » 

« Les religions sont les enfants de l'ignorance, et ne survivent pas longtemps à leur mère. » 

« La religion est la métaphysique du peuple ; il faut absolument la lui laisser, et par conséquent l'honorer extérieurement ; la discréditer, c'est la lui enlever. De même qu'il y a une poésie populaire, et, dans les proverbes, une sagesse populaire, il doit y avoir aussi une métaphysique populaire. »
« La religion est la vérité exprimée sous une forme allégorique et mythique, et rendue ainsi accessible et assimilable à l'humanité en gros. Pure et non mélangée, celle-ci ne pourrait jamais la supporter, pas plus que l'homme ne peut vivre dans l'oxygène pur ».

Quant à Raimon Panikkar, il avait dit à juste titre que le défis majeur de l'humanité serait d'établir un pont entre toutes les religions. C'est en effet un besoin crucial pour l'entente entre les êtres humains de différentes confessions religieuses, pour l'acceptation des différences de dogmes et le respects des aspirations de chacun dans sa quête. C'est une base nécessaire qui devra permettre  d'élargir cette quête au-delà  du religieux, au-delà de la nécessité d'appartenir à telle religion et de s'identifier à l'une d'entre elle, en s'affranchissant de tout dogmatisme et autorité extérieure. Ce besoin d'évolution vers une capacité de vivre ensemble, et pour permettre à l'individu de choisir totalement et librement son aspiration vers sa quête de transcendance, se fera de plus en plus pressant par le biais même des religions, à travers leur capacité de ne pas s'attacher à leur revendication dogmatique et de s'entendre pour dialoguer. Si cette intelligence ne se développe pas entre les hommes de religions, inévitablement les conflits s'installeront pour aboutir à leur destruction ce qui conduira l’humanité de trouver cette liberté plus grande que l'évolution cherche à insuffler coûte que coûte. Cette liberté à été confisqué par les religions en entretenant un système basé sur la peur qui conduit dans certaines religions à la culpabilisation permanente.


L'essence intime de la religion 

 Vivékânanda faisait remarquer que l'unité de toutes les religions devait nécessairement se traduire par une richesse et une variété de formes grandissantes, et il disait un jour que cette unité essentielle trouverait son état parfait lorsque chaque homme aurait sa propre religion et que n'étant plus lié par aucune secte ni aucune forme traditionnelle, chacun suivrait librement le mou­vement d'adaptation de sa nature dans ses rapports avec le Suprême
Sri Aurobindo, La Synthèse des yogas

Nous trouvons donc là un éclairage sur ce qu'en réalité devrait être la religion et sur ce qu'elle est intimement. La religion dans le sens où elle est le moyen de se relier à l'esprit suprême, à la source de tout ce qui est, quel que soit le nom qui lui est donné dans les religions, quelques soient les croyances et les aspirations des êtres qui éprouvent ce besoin de le chercher au fin-fond d'eux-mêmes. Vivekanandâ souligne donc que l'homme a une grande liberté, et doit cultiver cette grande liberté dans le choix même de sa religion de sa spiritualité, et que c'est sur cette liberté qu'il doit forger son propre moyen de se relier, de trouver le divin, d'accéder à sa libération. Les religions en général privent l'homme de cette liberté, par le fait même qu'elles se préoccupent plus de leur idéologie que de leur but essentiel. Les religions sont davantage des idéologies religieuses que des moyens intimes pour l'homme de parvenir à sa quête. Cette quête, en définitive, ne regarde que chacun et le principal travers des religions est d'avoir voulu imposer leurs idées, leur credo aux autres, d'avoir abuser d'une autorité qui s'est manifesté en autoritarisme, servant ainsi les intérêts des puissants.  C'est en effet une question d'ordre intime, dans son intimité profonde, et dans l'intimité de sa relation à Dieu que chaque être devrait se préoccuper d'exercer sa pratique religieuse et spirituelle. C'est ainsi que chaque religion pourra trouver sa place et que la tolérance s'amorcera. L'homme doit refondre en lui-même et pour lui-même le sens profond et spirituel que la religion contient en elle-même.

 Pour Sri Aurobindo :
   Le cœur profond, l'essence intime de la religion, indépendamment de la machinerie extérieure des credo, des cultes, des cérémonies et des symboles, est la quête et la découverte de Dieu. Son aspiration est découvrir l'Infini, l'Absolu, l'Un, le Divin qui est toutes ces choses, et n'est cependant pas une abstraction mais un être. Sa tâche est de vivre sincèrement et totalement les relations vraies et intimes de l'homme avec Dieu : relation d'unité, relation de différence, relation de connaissance illuminée, d'amour et de félicité extatique, de soumission et de services absolu- d'arracher à leur état ordinaire toutes les parties de notre existence et de faire jaillir l'homme jusqu'au Divin et descendre le Divin dans l'homme.
 [...]

    En vérité, la raison a un rôle à jouer vis-à-vis du domaine supérieur de notre être religieux et de son expérience, mais ce rôle est tout à fait secondaire et subordonné. Elle ne peut pas dicter les lois de la vie religieuse, elle ne peut pas fixer d'autorité les méthodes de la connaissance divine; elle ne peut pas styler l'amour divin et sa béatitude ni leur faire la leçon; elle ne peut pas assigner des bornes à l'expérience spirituelle ni imposer son joug à l'action de l'homme spirituel. Son seul rôle légitime est d'expliquer aux éléments rationnels et intellectuels de l'homme, aussi bien qu'elle le peut et dans son langage, les vérités, les expériences et les lois de notre existence supra-rationnelle et spirituelle. [...]
Sri Aurobindo, Le Cycle Humain, extrait, chp. XIII, "Raison et Religion"

C'est donc avec une grande justesse que le philosophe Abdennour Bidar dans Comment sortir de la religion, précise que:

  L’avenir de l’humanité passera demain non pas seulement par la résolution de la crise financière mais de façon bien plus essentielle par la résolution de la crise spirituelle sans précédent que traverse notre humanité tout entière !


Cette crise devra se résoudre à la base par la question de la tolérance religieuse, et plus largement que la tolérance l'acceptation, car tolérer est encore une accommodation trop tiède, mais surtout dépasser le carcan religieux et le remplacer par l'aspiration pour un idéal de l'unité humaine transcendant toutes religions, respectant l'être humain dans toute son intégrité, y compris son aspiration intime pour l'élévation de sa conscience.


En effet, un avenir de l'humanité ne pourra se résoudre que dans une unité respectant l'être humain dans toute sa diversité et dans son inspiration personnelle à se relier au transcendant, à son appel intérieur pour incarner dans la vie terrestre les hauteurs de joie, de lumière, et d'amour pressentie au plus profond de son âme.


Sylvère



Quelques suggestions de  lectures:
 Dalai Lama
-Au-delà de la religion, une éthique pour le nouveau millénaire
- Islam, christianisme, judaïsme... Comment vivre en paix ? - Ou comment les religions vont enfin pouvoir s'entendre 
 Abdennour Bidar
-Comment sortir de la religion, Paris, Éditions de La Découverte, Avant-Propos, 2012
Sri Aurobindo
L'idéal de l'unité humaine 



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