Gardez-vous
surtout de vous moquer de la mythologie des Grecs,
sous prétexte qu’elle ressemble si peu à votre
profonde métaphysique ! Vous devriez admirer un
peuple qui, dans ce cas particulier, a imposé un arrêt
à sa rigoureuse intelligence et qui a eu longtemps
assez de tact pour échapper au danger de la
scolastique et de la superstition sophistique.
Friedrich Nietzsce - Aurore — Subtilité dans la pénurie. —
Prologue: genèse de l' article
Lorsque j’apprenais à travailler
avec les énergies internes du corps de lumière pour percevoir ce qui est en
tant qu’énergie et transformer certains obstacles ou situations avec l’énergie
et la lumière déployée dans le cocon du corps de lumière, je vis précisément
comment s’effectuait cette transformation énergétique. Les flux de lumière et
les fréquences d’énergie exerçaient une véritable action sur des
« objets » énergétiques, c'est-à-dire l’objectivation dans ma
conscience des situations perçues en tant qu’énergie et sur lesquelles il
devenait donc possible de travailler en tant qu’énergie avec l’énergie. Le sujet de mon investigation énergétique
(une situation et les obstacles en découlant), devenait dans ma conscience une
énergie en rotation sur lesquelles les énergies et fréquences du corps de lumière
effectuaient un véritable travail de taille, de façonnage, comme pour le
travail effectué par un artisan métallurgique sur un tour à métal. L’énergie
incisant, sculptant, façonnant, faisant jaillir des étincelles de lumière au
fur et à mesure de son action sur la situation perçue en tant qu’énergie. Tout
cet ensemble énergétique en rotation très rapide, comme l'usinage sur un tour
de travail du métal. L’ « objet » énergétique se transformant en
davantage de lumière, d’énergie, de malléabilité, de beauté. J’avais
l’impression d’être au cœur d’une forge, une forge d’énergie et de lumière, et
en méditant sur ce processus vint à ma conscience « Héphaïstos et les
forges de lumière ». J’enquêtais donc intérieurement par la méditation et
extérieurement par l’investigation culturelle sur Héphaïstos, pendant plusieurs
années, au fil du hasard parfois... Voilà comment cet article naquit, reflétant la
démarche d’investigation et de recherche par laquelle je donne naissance à mes
écrits sur Evolumière, faisant appel
à de multiples sources pour mieux cerner le sujet. Que ce soit par l’expérience
intérieure, d’où démarre le début de la recherche, avec approfondissement par
diverses explorations en conscience lors de méditations sur cette expérience
initiale, ou par analogie avec le souvenir d’autres types d’expériences, ou par
recherches culturelles dans le matériel existant sur ce sujet d’investigation,
en usant du discernement à chaque étape pour mieux objectiver cette recherche.
Objectiver ne voulant pas dire quelle soit radicalement objective, puisqu’une
telle possibilité n’existe pas, tout processus créateur et transmetteur étant
emprunt d’une part de subjectivité propre à l’auteur et à ses aspirations
intérieures, reflets de son cheminement et des ses découvertes, et de
l’exercice de sa réflexion, processus sans fin et évoluant au fil de la vie et
de la recherche spirituelle effectuée quotidiennement. L'objectif est d'établir des
liens, des ponts, d'évoquer, sans forcément tout dévoiler, afin de susciter par
effet de résonance la transmission d'une réflexion, d'une inspiration, d'une
investigation.
Considérer à sa juste valeur les mythes, c'est combler cette
lacune soulevée par Sri Aurobindo pour qui « La philosophie et la pensée Grecs sont peut être le plus puissant
stimulant intellectuel, la clarté la plus fructueuse que le monde ait jamais
connus. » Lorsque l'on considère cette réflexion à la
lumière des seules connaissances vers lesquelles nous dirige l'attention sur un
seul dieu tel que nous le découvrirons en suivant Héphaïstos , alors nous pouvons
mesurer l’abîme qu'il nous reste à combler pour parfaire l'idéal de Beauté, de
Justice, de Vérité initié par les grecs de l'Antiquité. C'est pour quoi Sri
Aurobindo précisera encore davantage que : « La méconnaissance de nos premiers pères, est la grande faiblesse que
présente l'exposé moderne de l'évolution de la pensée. » En effet , pour Sri Aurobindo « Ne tenir aucun compte de l'influence
exercée par la pensée mystique et par ses méthodes d'expression de soi sur les
conceptions intellectuelles des Grecs depuis Pythagore jusqu'à Platon serait
dénaturer l'évolution historique de l'esprit humain. Cette pensée humaine fut
d'abord enveloppée dans le style et la discipline symboliques, intuitifs et
ésotériques des mystiques — voyants védiques et védântiques, maîtres cachés des
mystères orphiques, prêtres égyptiens. Elle se dégagea de ce voile pour suivre
une voie de philosophie métaphysique en rapports avec les mystiques par la
source de ses idées fondamentales, son style aphoristique et hermétique du
début, son effort pour s'emparer directement de la vérité par une vision
intellectuelle plutôt que pour y arriver par la raison raisonnante, mais qui
resta cependant intellectuelle dans sa méthode et dans son but. »
Héphaïstos gardien du feu secret
Héphaïstos est le gardien du feu
secret, l'intermédiaire entre l'homme et les dieux, celui qui est le médiateur
entre l'artisan intérieur et les énergies divines que nous devons découvrir en
nous pour parfaire l’Œuvre. C'est l'artisan au coeur des forges de lumière de
notre être qui nous aide à façonner les énergies afin de parvenir au grand
œuvre: l’accomplissement du corps divin dans la manifestation, dans et par
la matière. C'est celui qui guide les hommes vers les sciences du feu et de
l'énergie à la fois sur le plan extérieur de la manufacture d'objets conduisant
à l'industrie que sur le plan intérieur de l'utilisation de l'énergie
permettant en nous-même de trouver la source de tout ce qui est en tant
qu'énergie, et de façonner une nouvelle réalité consciente par la maîtrise de
ces énergies. Il est le pouvoir que nous avons en nous de parvenir à un
niveau de perception des énergies et de les façonner tel un ouvrier façonne des
objets de métal sur un tour. Lors d'un travail avec les énergies notre
vision intérieure peut s'ouvrir à ce formidable processus d'action de la
lumière-énergie sur tout ce que nous percevons en tant qu'énergie. Ainsi les
forges de lumière s'activent !
Dans les Hymnes
d’Orphée traduits et commentés par Pascal Charvet, il est précisé dans
les hymnes d’Orphée, qu'Héphaïstos est le
dieu du feu en tant qu’élément cosmique, qui consume tout, se référant ainsi à
l’idée stoïcienne selon laquelle l’univers
se régénère en s’embrassant périodiquement.
Ce n’est pas une destruction mais une restauration, et un éternel retour des
êtres et des évènements, qui rythme les cycles de la vie et du monde.
Avec De natura deorum
de Cicéron, nous savons que les stoïciens distinguaient quatre éléments :
le feu qui est chaud (l’éther étant le feu en qui sont nées la sphère des
étoles fixes et celle des planètes), l’air qui est froid, l’eau qui est humide,
et la terre qui est sèche. Par mis l’élément feu ils distinguent deux types de
feu : un feu « artiste » et un feu « sans art » qui
consume ce dont il se nourrit. La Nature est un feu « artiste », qui
favorise la croissance et la génération des choses.
Comme le fera remarquer Sri Aurobindo dans son exégèse sur Heraclitus, dont les stoïciens sont
encore plus directement les descendants intellectuels, Héraclite entrevit cette
vérité lorsqu'il donna le nom de Feu à la réalité unique et éternelle: « C'est l'Un qui est Tout, c'est le Tout qui
est Un- Zeus, l'éternité, le Feu. » [...] « Héraclite nous dit que toutes les choses en effet naissent selon la
lutte, mais toutes choses aussi naissent selon la raison, kat ' erin, mais aussi kata tou
logou. Quel est ce Logos ? Ce
n'est pas une raison inconsciente dans les choses, car son Feu n'est pas une
simple force inconsciente, il est Zeus, il est éternité. Le Feu, Zeus, est
Force, mais il est aussi une Intelligence. Disons donc que c'est une Force
intelligente qui est origine et maître des choses. » [...] Alors Philon n'avait-il pas raison lorsqu'il déduisait de cette
idée d'une Force intelligente, origine et maître du monde, Zeus et Feu, son
interprétation du Logos comme « le dynamique divin, l'énergie et la révélation
de soi de Dieu » ?
Dans sa Physique
Poétique, Giambattista Vico établit que « en attribuant à
ces quatre éléments, ainsi qu'aux choses spéciales qui en découlent à l'infini,
des formes animées et pour la plupart humaines, les poètes théologiens créèrent
une foule de divinités. Platon pensa que tous ces dieux et toutes ces déesses représentaient
l'esprit ou l'âme de chaque chose ; que Jupiter, par exemple, était l'âme ou de
l'éther; Vulcain celle du feu, et ainsi de suite. Mais les poètes théologiens étaient
si peu en état de s'élever a la compréhension des substances intellectuelles,
qu'Homère lui-même, loin d'attribuer à l'intelligence humaine la faculté de combattre
les sens par la réflexion, donne à plusieurs reprises à cette conseillère
naturelle le nom de force sacrée ou de force occulte. »
Selon Anatole Bailly, Dictionnaire grec-français,
Hachette, 1950, annexe « Mythologie et religion », Héphaïstos est en
grec « ἀπὸ τοῦ ἧφται », c'est-à-dire « ce qui brûle, qui est
allumé ». Diverses autres hypothèses ont également été avancées, comme un
rapprochement avec φαίνω / phaínô, « briller ».
Il est le forgeron originel, l'ancêtre des forgerons, celui
qui maîtrise l'art de transformer les minéraux en métal et le métal en objets.
Il est « illustre artisan » κλυτοτέχνης / klutotékhnês.
« Boiteux, cette infirmité caractérise le moyen d'accéder aux
territoires secrets et interdits de l'au-delà. Tout comme le poète Homère aveugle,
est un voyant, le forgeron boiteux est un passeur » nous précise Robert Jacques
Thibaud dans son analyse du conte de Perceval. D'ailleurs Héphaïstos est un important fil conducteur
(c'est le cas de le dire) qui nous permet de comprendre la symbolique qui perdurera
jusqu'en dans les mythes du conte du Graal, fondateurs d'une spiritualité
profonde qui influencera l'occident au cours des siècles.
Par sa maîtrise du feu et son métier de forgeron, il est
l'artisan de la transmutation alchimique. Il symbolise le pouvoir de l'alchimie
au sens où il conduit par sa science à découvrir le feu secret de la
transmutation et le pouvoir de transformation de la lumière, au cœur même de la
matière.
Il personnifie l'ascèse (tapas
en sanskrit) nécessaire à effectuer pour parvenir en soi, au cœur de l'être, à
cette transmutation.
Héphaïstos civilisateur
Ainsi, Héphaïstos est l'archétype
du forgeron, gardien du feu et des connaissances secrètes permettant de
confectionner les objets qui confèrent aux hommes le pouvoir de prospérer et de
fonder leur civilisation, en défrichant les forêts pour développer
l'agriculture (socs de charrues, outils, jougs, fers), en défendant leur terre
pour devenir une nation autonome (armes, armures, boucliers, chars), en fondant
l'autorité souveraine pour gouverner ces nations avec des symboles de pouvoir
(sceptre, couronnes, trônes, parures, égides), en rendant hommage
au défunts et en affirmant la survivance de l'âme en inhumant les morts par la
manufacture des objets et lieux sacrés (temples, masques funéraires, autels,
sépultures, statues, urnes funéraires). Et enfin c'est l'art de la forge qui
permet à Héphaïstos de confectionner la plupart des outils de puissances
utilisés par les dieux et les déesses, (avec les Cyclopes, êtres du royaume
souterrain, Héphaïstos fabrique le tonnerre et la foudre pour Zeus qui pourra
ainsi lutter contre les Titans et les Géants, adversaires de la civilisation,
des dieux et de l’unité cosmique). Ces outils et armes symbolisent ainsi le
pouvoir que confère la forge au pouvoir sacré des divinités, archétypes des
pouvoirs cachés en l'être humain et des forces activent dans le fondement des
civilisations.
Dans l’Hymne homérique qui lui est adressé, il est le dieu du feu
et des arts, et associé à Athéna avec qui il arracha les hommes à la vie
sauvage en leur apprenant les nobles travaux. A Athènes, à l'intérieur de
l'ancienne Agora se dresse le temple d'Héphaïstos et Athéna construit peu après
le milieu du Vème siècle av.J.C, c’ est l'exemple le mieux conservé du temple
dorique en Grèce.
C'est à Athènes, au-dessus du Céramique (quartier des potiers
dont la partie qui s'étendait en dehors des murs se trouvaient les jardins d'Académus - Académie), que ces deux
divinités Héphaïstos et Athéna
Ergane (inventrice des art), étaient honorées dans le même temple par
les artisans du métal, les forgerons, et de la céramiques, les potiers.
Les Athéniens sont d'ailleurs
parfois désignés enfants d’Héphaïstos, rappelant ainsi les origines
symboliques du fondement de l'origine de la civilisation dont Athènes est
l'archétype.
Car Héphaïstos donna naissance avec
Gaïa à Érichthonios, recueilli et élevé par Athéna, il deviendra le quatrième
roi d’Athènes, quatre symbolisant la réalisation concrète, le symbole de toutes
fondations qui se concrétisent sur la terre et qui s'élèvent d’elle. De plus,
Héphaïstos est celui qui fera naître Athéna, déesse de la sagesse, en
pourfendant de sa hache le crâne de Zeus.
Platon, dans le Critias site la similitude d'Athéna et d’Héphaïstos
en ces termes:
« Héphaïstos et Athéna
qui ont la même nature, et parce qu’ils sont enfants du même père, et parce
qu’ils s’accordent dans le même amour de la sagesse (σοφία / sophía) et des
arts (φιλοτεχνία / philotekhnía), ayant reçu tous deux en commun notre pays,
comme un lot qui leur était propre et naturellement approprié à la vertu et à
la pensée, y firent naître de la terre des gens de bien et leur enseignèrent
l’organisation politique.»
La mythologie concernant
Héphaïstos est très riche, son nom apparait très souvent en lien avec des
évènements ou des divinités, leur conférant un potentiel dans leur action.
Giambattista Vico dans La
Science Nouvelle, précise que les Romains célébraient les mariages par
l'emploi solennel de l'eau et du feu. Le feu participait de l'élément fondateur
des familles, réunis autour de leur foyer. Apparaître d’ailleurs dans l’Odyssée
d’Homère la conception de Zeus en tant que dieu du foyer sous le nom
d’Ephestios, étymologiquement proche d’Héphaïstos. Dans l’ouvrage de J.P
Vernant, Mythe et pensée chez les grecs,
il est précisé que dans les bâtiments publics des grandes cités se trouvait un
feu perpétuel en l’honneur d’Hestia, déesse du foyer. Foyer de forme ronde est
entouré de quatre piliers formant une cheminée de base rectangulaire. Les
fumées montaient le long de ses piliers en s’évacuant par le toit jusqu’au ciel. C’est par la fumée que le
contact avec les divinités d’en haut mais aussi les dieux d’en bas, était
assuré. Le foyer marquait ainsi l’axe par lequel se font pour les citoyens,
habitants des citées, les échanges entre les différents niveaux de l’univers.
Sur la gravure placée en tête de
l’ouvrage comme allégorie de l’œuvre, apparait un autel sur lequel sont posés le
bâton augural, le feu sacré, la torche nuptiale et l'urne funéraire, symboles
des premiers principes de la société.
Dans l'interprétation civile des mythes gréco-romains,
tel que décrit par Giambattista Vico dans La
Science Nouvelle, analysant les progrès corrélatif du droit et de l'état, Vulcain
(Héphaïstos) qui forgea les éclairs par lesquels Jupiter- Zeus envoya la
foudre, « représente le feu qui détruisit la grande forêt de la terre, figurée à son
tour par l'Hydre, le Lion de Némée, la Chimère , etc. Saturne-Chronos, quant
à lui est le principe des semailles, comme son nom l'indique (Saturne, de sata). Il est le temps, parce que c'est par
les moissons que l'on compte les années ». Années comptées sur un
cycle de douze mois que symbolise les douze travaux d'Hercule (Heraklès) dont
l'étymologie est issue d'Héra, la
déesse parèdre de Zeus, fille de Khronos et de Réha, renvoie à la notion du
temps qui s'écoule sur l'année. C'est pourquoi l'étymologie nous précise qu'Hera, fille de Réha, (similitude
marquante), que l'on retrouve dans le
vieux nom indo-européen de l'année, a
donnée en anglais year et en Allmeand
Jhar pour nommer l'année. Tout se
tient, pour peu que l'on remonte aux origines gréco-latines, et que l'on s'y
intéresse.
L'art alchimique d'Héphaïstos à Vulcain
Héphaïstos dans la mythologie grecque devint Vulcain chez les
romains.
L'un comme l'autre incarne les forces telluriques du feu
souterrain, et sont la personnification du dieu des volcans, des forges
et du métier de forgeron.
Vulcain, Vulcanus en latin, est le dieu romain du feu,
de la forge, des volcans, des métaux et le patron des forgerons. Fils de
Jupiter et de Junon, il est l'époux de Vénus. Il réside sous l'Etna où il forge
les traits de foudre pour son père. Il est honoré chaque année par les
Volcanalia. Junon (Héra) aurait engendré Vulcain par parthénogénèse, afin de se
venger de Jupiter qui venait de donner naissance à Minerve par le même procédé.
Le feu intérieur et la maîtrise du feu de Vulcain-Héphaïstos nous conduisent au centre de l'être, au coeur de la véritable transmutation alchimique. La symbolique alchimique d'Héphaïstos est explicitement renforcée par le fait qu'en tant que douzième dieu de l'Olympe, il est l'un des dieux immortels qui ne consomment que du nectar d’ambroisie comme nourriture.
Le travail de
la forge est inséparable du souffle. Cette maitrise du souffle dont est capable
le forgerons fait de lui un être magicien, sacré, capable de maîtriser les
énergies intérieures, le souffle vital, pour maitriser les énergies des
éléments extérieurs que sont le feu et le métal provenant des minerais.
Héphaïstos personnifie d'ailleurs l'archétype du forgeron capable de concilier
et dompter les puissances souterraines pour en faire émerger la forme voulue et
conçue par son esprit, puis créée de ses mains. Le forgeron est dans ce sens
aussi le symbole du chaman comme chez les Yakoutes de Sibérie. Le premier
forgeron, le premier chaman, et le premier potier étaient frères dans la
mythologie yakoute. Par la maîtrise des souffles internes les Yakoutes de
Sibérie sont d'ailleurs capable de générer une troisième dentition à un âge
avancé pour continuer à se nourrir de leur première source de nourriture qu'est
la viande, crue majoritairement. Au centre de l'être une véritable forge tel un
chalumeau s'éveille lorsque nous canalisons et faisons circuler les énergies du
Hara, du centre générateur des
énergies vitales. Les exercices tantriques peuvent conduire à réveiller ce
formidable chalumeau intérieur, très déstabilisant lorsqu'il s'ouvre
soudainement, pouvant s'accompagner d'une extériorisation des corps subtils,
nous catapultant hors du corps pour un vol "magique" comme disent les
chamans...
Héphaïstos archétype de transformation vers le corps
divin
Héphaïstos est l'archétype de cette
forge intérieure que l'être humain doit découvrir, éveiller et activer avec
l'aide de la lumière divine en appelant cette lumière d'en haut et en plongeant
au coeur de l'être avec le pouvoir de cette lumière pour révéler et éveiller
celle qui est cachée dans la matière. Lumière-conscience qui est involuée au
coeur de la matière et que l'Homme doit découvrir et s'y abandonner, s'y
soumettre pour parfaire l'évolution en émergeant vers l'être divin, en un corps
divin.
Le centre du cœur est la clef pour
parvenir au corps divin.
Tel est l'objet "Le
quadrilatère DIN-HESED-HOD-NETSAH", dans LE SYMBOLISME DU CORPS HUMAIN
d'Annick de Souzennelle:
"Le chakra du coeur, inséparable de celui de l'ombilic,
dans la perspective du Grand'OEuvre est feu. Il constitue essentiellement le
sommet du triangle Hesed-Din-Tiphereth dans la Séphirah Tiphereth (Beauté)
icône de Kether (Couronne).
C'est dans le secret de ce triangle thoracique — de ce «champ
de cinabre », matrice nouvelle d'immortalité, disent les Chinois — que l'Homme
se rencontre avec lui-même dans des mariages successif, jusqu'au coeur de son
féminin, jusqu'à sa dernière terre qui recèle le noyau, son NOM.
Matrice de feu, cette partie de notre corps est couramment
décrite dans de nombreux mythes de l'humanité sous le symbole d'une forge.
Le maître de forge, en Grèce, est Héphaïstos — Vulcain — ou
dieu du feu. Il est boiteux ! Il œuvre dans les profondeurs de la terre avant
de devenir le forgeron céleste. Il cisèle la couronne des élus; tourne aussi
les coupes dans lesquelles sera recueilli le vin d' Ambroisie et façonne la
cuirasse des héros.
Ces derniers symboles nous indiquent que, dans les
profondeurs souterraines, Héphaïstos œuvre pour les plus hauts plans
d'évolution. Ses aides sont les Cyclopes, géants dont l'œil frontal voit —
comme en Inde celui de Shiva — tout ce qui doit être détruit pour faire jaillir
de cette mort la vie, de cette décomposition la beauté, de ces ténèbres la
lumière.
Le premier forgeron que le mythe biblique nous propose est
Tubal-Qaïn (Genèse, IV, 22.), fils de Lemekh et descendant d'Adam par Qaïn à la
septième génération. Le nombre 7 (sheva en hébreu, mot bien proche du nom du
dieu hindou Shiva !) est symbole de changement de cycle, de mort pour une
résurrection.
Tubal-Qaïn, le forgeron, a pour soeur Naamah, dont le nom
signifie « Beauté », synonyme de Tiphereth. Naamah est aussi intimement liée à
son frère que sont liés en Tiphereth l'épreuve de feu et de la Beauté.
Seul naîtra à la Beauté, à la splendeur de la Lumière divine,
celui qui, poussière ﬧתּﬠ, aura connu
l'épreuve du feu et sera devenu cendre אּתּﬠ.
Il aura transformé le Ayin ﬠ en Aleph אּ, le 7 en 1. Mort et ressuscité, il entrera
dans les splendeurs éternelles."
Au Moyen Orient dans la tradition
islamique qui puise à la foi dans la mystique et dans l'alchimie arabe, léguée
par la tradition Égyptienne antique. Les soufis parlant de Soufre Rouge pour
décrire celui qui est sur la voie d'unir son âme à Dieu, terme faisant allusion
au Souffre Rouge utilisé dans l'alchimie par les forgerons initiés en ce sens.
Epilogue: Héphaïstos ou la recherche de l'équilibre
Héphaïstos, forgerons
de lumière, symbolise l'archétype primordiale des forces telluriques et
subconscientes, qui une fois maitrisées nous donnent accès à la Lumière divine
et à la suprême Connaissance. Il est le gardien humble de nos tréfonds cachés
qu'ils nous aident à découvrir par un patient labeur et une ascèse yoguique -tapasya-
profonde, imperturbable et régulière. Fort de son savoir que seuls les Dieux
peuvent maîtriser, et qui ne peut être mis qu'au service des divinités,
Héphaïstos nous enseigne à ne pas acquérir des pouvoirs dans un but personnel
mais pour l'offrir au divin. Humble, de la taille d'un nain, il reste au fond
de sa forge, proches des souterrains, travaillant dans l'ombre, cantonné par
son handicap physique à œuvrer ici et maintenant, en soi, conscient du
potentiel de puissance que la maitrise des éléments peut engendrer. Une
humilité et une absence personnelle de désir de conquête ou de possession lui
permettent d’œuvrer consciemment pour la perfection de soi, et pour celle du
monde en confectionnant des outils utilisés à bon escient et raisonnablement...
L'art de la forge donne naissance à l'industrie, qui, mis au service de l’égoïsme
et de la domination, abouti à l'asservissement et à l'esclavage de l'humain par
la machine, ainsi qu’à la destruction du milieu biologique et écologique... Héphaïstos symbolise
la mise en garde d'un savoir faire
exclusif fruit de la technique, au détriment du savoir être, fruit de la sagesse. Science sans conscience n'est que
ruine de l'âme... L'équilibre est instable et doit être gardé. C'est ce que
symbolise Héphaïstos le dieu boiteux. La claudication tout comme la mutilation,
marquent la relation plus ou moins stable entre deux monde, le monde igné et aquatique,
nécessaire au travail de la forge, symbolisant les énergies solaires et lunaires,
les forces chtoniennes et ouraniennes. De cette capacité de relier tous les
mondes, Héphaïstos, dieu aux nombreux pouvoirs se situant entre deux mondes, nous
renvoie à la responsabilité que constitue une telle somme de savoir et savoir-faire
et des conséquences d'en user, si ce n'est d'en abuser pour contrôler la
réalité et assouvir notre volonté.
Héphaïstos, gardien des forges de
lumière guide nous avec habilité dans notre conquête de la Lumière au service de la Sagesse !
Sylvère