Ladislav Klima
II. Histoire de la philosophie, bien
vue, in nuce
Le thème fondamental et
l'essence de la philosophie : la solution du problème du monde, n'était
qu'esclavage pur et simple et rien au-delà.
II. Histoire de la philosophie, bien vue, in nuce
1. La seule exception tant soit peu
potable que compte la
philosophie, c'est la « philosophie pratique », c'est-à-dire l'aspiration vers
l'intangibilité, l'Absoluité, l'Être-Dieu, à
la regarder cependant, cela ne se voit presque
pas : elle est un lion qui aurait revêtu un corps de cochon. Dans son
fond, elle est Surphilosophie, c'est-à-dire tout le contraire de la
philosophie. Pourtant, elle n'est qu'un
pressentiment d'Absoluité, aussitôt accouplé à l'Esclavité -, un
flamboiement sorti du centre de la terre,
mêlé au dégobillage d'un volcan cracheur de fange ; une vésanie naïvement extravagante. Car elle est chaque fois abandon immédiat de l'Idéal, désavoué à peine conçu : au lieu de
l'Être-Dieu une prostration,
une reptation devant un n'importe quoi ainsi nommé, que ce soit Brahma,
le Tao, le Père, la Εiιμαρμένη* ,
Démogorgon**, Natura sive Deus***... Partout, la même contradiction comique, la «
liberté dans la soumission » -, toujours, l'or, par une alchymie experte, aussitôt transmué en boue. — Les choses humaines étant ce qu'elles ont été jusqu'à
présent, la « philosophie pratique » a
été totalement dépendante de la philosophie théorique, on n'a pu penser
celle-là qu'en tant que partie intégrante de celle-ci, c'est-à-dire comme subordonnée au sens du monde, à la solution du problème du monde.
*Physis, Heimarmenê —
la Nature, le Destin
** Cf. Voltaire, Songe de Platon (1756)
: « Démorgorgon eut en partage le morceau de boue qu'on appelle la terre
; et, l'ayant arrangé d ela manière qu'on le voit aujourd'hui, il prétendait
avoir fait un chef d'oeuvre »
*** la Nature ou Dieu (cf. Spinoza, Éthique, IV, « Préface », dont la formule sera retournée
par Nietzsche, Fragments posthumes. Automne 1884-automne 1885, 36[15]).
—
Métaphilosophiques—
Texte publié pour la première fois
en 1927 (lorsque Klima le dira «non moindre par ses dimensions, plus sublime
par sa teneur, plus Libre que la somme de toutes les paroles conservées du
Christ » et capable d'exercer sur l'humanité « une action plus profonde et plus
puissante que le Christ et le christianisme ») comme dernier mot du volume Instant et Éternité, mais conçu dès
septembre 1925 sous le titre « Principia
philosophica » en vue d'une publication en revue; voir Tout,
fg. 134, p. 357-358 et 771), puis mis et remis sur le métier (voir Tout, fg.
140-145 et 148-151) jusqu'à la fin mars 1926. Traduit en 1984 d'après la
deuxième édition d'Instant et Éternité,
(Prague, J. Pohorely, 1946), revu pour le t. III des Œuvres complètes ( Le Monde
etc..., p. 462-476) en tenant compte (en l'absence de manuscrit définitif)
des derniers états du brouillon; pour les variantes, voir Le
Monde etc..., p. 790-794.**La traduction de l’oeuvre de Ladislav Klima est redevable à Erika Abrams