Il se peut que vous vous rendiez compte, une fois parvenu au sommet de votre échelle, qu'elle est placée sur le mauvais mur.
Anonyme
Au regard de certains textes concernant l'éveil et l’évolution
spirituelle parut dans la revue WIE il y a quelques années et sur
lesquels je me suis basé pour affiner ma rechercher et affuter mon discernement
sur la question de l'éveil et de l'évolution spirituelle, je me rends compte
qu’il est vraiment important d’échanger sur ce sujet, comme l’entretien Le gourou et le pandit entre
Ken Wilber et Andrew Cohen le démontre. Notamment le fait que l’enrichissement
érudit et intellectuel de Wilber pour Cohen - bien qu’étant éveillé - s’avère
indispensable pour affiner la Recherche et l’Évolution de la conscience.
Ce qui m’a sidéré c’est que A.Cohen n’a pas eut vent de Sri Aurobindo pendant
toutes ces années depuis son éveil ! Et que je perçois combien l’éveil et
l’illumination ne sont pas un aboutissement et reste très relatif sur leur
finalité.
Il est aussi intéressant de remarquer quelques allusions à la
réalisation du corps de lumière et qu’il y a visiblement une impasse sur ce
sujet dû à une méconnaissance et un manque d’expérience de la part de beaucoup
de chercheurs aussi illuminés et connus soient-ils. Pourtant, au vu de comment
cela apparaît dans les entretiens, peut-être y aurait-il une clef de voûte
là-dessous ? En tout cas, d’un point de vue global sur ces entretiens, il
n’y a pas une once de références et d’expériences sur l’aspect énergétique,
l'aspect shakti en terme tantrique, par opposition à l'aspect pure
conscience, "Shiva". Et cela pêche d’une certaine manière dans
une recherche sincère, car celle-ci se cantonne et se base sur un point de vue
- certes cohérent et utile - mais encore incomplet.
C'est dans le même sens que Richard Moss dans "Ce je qui
est nous" exprime aussi son étonnement concernant le peu de
considération pour les pratiques dites énergétiques dans le processus de la
recherche spirituelle : « Je m'étonne sans cesse de ce qu'il existe si peu
d'écoles dites spirituelles qui soient capables de reconnaître le pouvoir de
ces énergies, et qui cherchent à encourager ce potentiel en
l'individualité. L'on accorde tellement d'importance aux idées spirituelles,
aux rôles spirituels, que l'on oublie de donner directement pouvoir à la grâce
et créer des êtres humains plus pleinement réalisés. La plupart des
organisations religieuses ont, je pense, vraiment peur de ce potentiel, parce
qu'il peut porter l'individu très au-delà de leur système de croyance.»
C'est d'une grande lucidité et d'une grande vérité au regard de
ce que certaines pratiques s'appuyant sur l'énergétique tel que celles mettant
l'accent sur l'éveil du corps de lumière peuvent apporter au chercheur.
Concernant l'article Pourquoi Sri Aurobindo est cool,
le ton positiviste du journaliste vis-à-vis des faits
"supramentaux" relatés par les ashramites pondichéryens ne m’apparaît
pas concorder aux descriptions d’Aurobindo sur les premières manifestations de
la descente supramentale dans le plan terrestre, à savoir la révélation et la
manifestation au grand jour de toutes les crasses obscures et mensongères
enfouies dans l’humain. Alors conflits en tout genre, corruptions, perversions
de tout acabit, etc., sortent au grand jour. Il suffit de se remettre en
mémoire l'actualité du monde depuis des décennies pour voir que les évènements
semblent se précipiter vers une expurgation du négatif sortant de toute
part...Comme le disait Lee Lozowick lorsque survinrent les attentats du 11
Septembre 2001, tous ces événements sont là pour nous rappeler qu'il faut
pratiquer, encore et encore, et ne pas relâcher, il y a urgence: "Pratiquez.
Il n'y a pas d'autre option viable." Et les actes barbares qui secouent
le monde aussi bien que nos certitudes depuis 2014 touchent au cœur d'une
remise en question qui ne peut passer que par la pratique, et pour paraphraser
Mister Lee l'on pourrait ajouter: Pratiquez ! Il n'y a pas d'autre option vitale
! Car c'est le déversement des pulsions de mort, d'où qu'elles viennent, dont
il est question fondamentalement.
Tous ces écrits, tous ces textes, aussi sages et
éclairants soient-ils ne doivent pas non-plus nous faire oublier que le plus
capital est la pratique, nous fier à notre propre expérience avec discernement.
Nous devons garder la vigilance intacte pour ne pas nous complaire dans la
gentille forteresse d'un monde de bonnes paroles de sages en tout genre, et
nous gargariser de citations lumineuses, qui n'ont de valeur que si elles nous
poussent à pratiquer et à vérifier les vérités qu'elles expriment par
nous-mêmes, au-delà de leur compréhension intellectuelle et mentale.
Les recherches de A.Cohen sont très intéressantes et
mériteraient d’être enrichies du point de vue énergétique au sens des approches
du corps de lumière et des traditions tantriques.
Ce qui apparaît fondamental pour la pratique c'est l'approche de
Sri Aurobindo qui se résume par une aspiration profonde, permanente et
non mécanique, c’est-à-dire sincère pour le divin:
« Si votre aspiration est authentique, vous arriverez très
vite en un lieu où il est facile de voir directement ce qui vous aide et ce qui
vous freine. Ainsi votre aspiration est testée, car il vous faut vouloir faire
le juste choix » .
Au vu des expériences du Corps de Lumière, cela est
compréhensible et appréhendable pour les domaines où l’on souhaite évoluer et
une aspiration sincère à partir des espaces du corps de lumière accomplirait le
travail développé par Aurobindo (ceci est une interrogation) .
Ces questions sur " l’éveil " m’apparaissaient vaines
depuis que le corps de lumière est devenu une partie intégrante de mon
processus d'illumination et d'évolution spirituelle, notamment parce que cela
m’a enlevé toute attitude de course à l’illumination et l’anxiogènité associée,
définitivement. Ce qui s'est confirmé lorsque s'est révélée l'évidence (Vous avez-dit éveil?). Mais au vu
de la stagnation de certains maîtres zéveillés, et du coup de certains
chercheurs dans leurs traditions, leurs pratiques, éveils, illuminations,
ascension (mon Dieu...), peut-être s’avère-t-il important de défricher le
sujet, de l’enrichir; de partager pour non seulement aider certains chercheurs
qui stagnent dans leur point de vue et leur impasse, et surtout provoquer des
interactions sur le sujet avec le point de vue énergétique d’exploration de la
conscience pour favoriser l’Évolution sur le ton où Wilber et Cohen l’abordent dans
les entretiens de la revue What is enlighment ? Cette revue avait un ton
d’avant-gardisme, de dynamique de recherche qui mériterait toutefois d’être au
jus de l’exploration de la conscience par l’énergétique, et tenant davantage
compte de l'aspect immanent de l'éveil. En effet pour le courant immanent,
l'illumination se manifeste dans la vie quotidienne, elle n'est pas rattachée à
une gamme particulière d'expériences, alors que le courant transcendant
insiste sur l'importance de vivre des expériences d'illumination pour
transcender le petit moi. Nous voyons que le courant immanent porte en lui les
fruits d'une dynamique évolutive, qui ne peut se satisfaire de l'éveil dit
"impersonnel" et ne s' y arrête pas ( voir le pertinent article de
Jeff Foster Pourquoi
l'impersonnel « n'existe » pas ). L'approche
immanente n'exclue toutefois pas l'aspect transcendant, mais elle constitue simplement
un aspect de la réalité, un aspect du divin. Ce n'est pas une finalité, elle
n'est pas une libération aboutie, et doit être considérée par le chercheur
comme une étape dans un processus qui mène vers un accomplissement toujours
plus vaste et intégral, incluant, non-duel et non-illusionniste non plus. Car
sur cette question de l'illusionnisme mayavadin c'est à juste titre que Sri
Aurobindo expose dans La vie divine sa vision: «Si l'or dont est fait le
vase est réel, comment supposer que le vase lui-même soit un mirage? ».
Cet aspect éminemment évolutif de l'immanence de l'éveil est
formidablement exprimé par E.J. Gold lorsqu'il dit « Si notre travail est
couronné de succès, ça n'est pas dans un autre monde que nous allons revenir,
mis en ce monde ». Génial! L'aspect immanent induit la réalisation
intégrale, donc que le processus n'a pas de fin. Ce que l'on appelle l'éveil
est un aspect de la conscience, une partie du Divin, qui est très loin de ce
que nous pouvons réaliser de sa totalité, dans et au-delà de toute sa
manifestation, car comme le précise Sri Aurobindo, l'Upanishad nous exhorte
à « percevoir le Brahman comme ce qui dépasse, contient et soutient toutes
choses individuelles autant que l'univers entier, transcendant le Temps, l'Espace
et la Causalité. Il nous faut également Le percevoir comme étant ce qui vit
dans l'univers et le possède avec tout ce qu'il contient. »
En d'autre termes, l'aspect transcendant doit s'unir à l'aspect
immanent, c'est l'union de "Shiva-Shakti". Le chercheur qui s'éveille
à l'impersonnel, identifié à la Conscience témoin et détaché de tout, percevant
le monde comme une illusion, doit se garder de prendre cet éveil comme un
acquis et comme une finalité, il doit tendre à inclure l’aspect immanent de sa
réalisation, qui nous fait percevoir le divin mouvant en tout, incluant à la
fois l'aspect du Brahman statique, pure conscience, (akshara Brahman) et
l'aspect du Brahman dynamique (kshara Brahman) que l'on perçoit dans le
flux de Ses énergies en toutes choses, au-delà de la manifestations des
énergies elles-mêmes. Dans l'approche de l'école immanente cela doit être
réalisé - et peut l'être - dans la vie quotidienne, les yeux ouverts, pour peut
que notre attention soit correctement ajustée. L'exclusivité de l'approche immanente
fait perdre de vue le monde et la matière comme participant de l'évolution par
le divin lui-même, de même que l'exclusivité de l'approche immanente peut nous
faire perdre de vue la conscience et nous perdre dans l'identification aux
énergies. Elle peut être aussi dangereuse qu'utile, ou bien on peut la
considérer d'un point de vue neutre, comme étant sans importance particulière
car sans signification particulière, ou bien accorder à la gammes particulière
des expériences une importance précise par leur pouvoir de transformation qui
dépend totalement du rapport que l'individu établi avec elles.
En résumé, comme le précise Mariana Caplan, une disciple de Lee
Lozowick qui a sous sa guidance écrit un fort intéressant ouvrage: "A
mi-chemin du sommet, le piège de se croire prématurément éveillé": «Le
moyen de se relier aux expériences mystiques de façon optimale est d'utiliser
la lucidité que celles-ci procurent, comme source d'information sur notre
rapport à la vie elle-même ».
C'est selon moi la véritable illumination, intégrée, avec la
lucidité d'un nouveau regard porté sur la vie et les événements qui nous
traversent. Ainsi, et ce point de vue n'engage que moi, les expériences, au
regard de mon cheminement spirituel, sont par conséquent des prétextes
pour optimiser à être dans ce rapport au monde pleinement conscient d'une
réalité qui le transcende et le meut, moteur de notre transformation d'instant
en instant si notre attention est ajustée à cette réalité. Le problème c'est
que le chercheur lorsqu'il s'éveille a tendance à s'attacher au
phénomène, au contenu de son expérience, de sa perception, aussi extraordinaire
soit-elle, et veut la rendre permanente car il est bloqué par le concept que
pour être éveillé la question de la permanence en est la condition absolue, ce
qui est absurde ! C'est ce mythe de la permanence comme préliminaire à la
condition d'être éveillé qui l'empêche d'intégrer pleinement sa nouvelle nature
et de percevoir en quoi elle le transforme, ne serait-ce que par la vision différente
sur le monde et la vie qui s'en suit. Car, qu'il dure une seconde, quelques
jours ou quelques années, "son" éveil aura eut un impact
transformateur sur sa vison du monde ne serait-ce que parce qu'il n'est plus
endormi sur ce qu'est la réalité, et l'engage dans une recherche toujours plus
sincère et intense de découvrir Dieu dans sa totalité et de grandir en Lui.
L'éveil à cette Réalité Suprême aura eut un impact, et c'est en cela qu'il est
éveillé. Mais ce ne sont encore que des concepts qui ont leur utilité pour
désigner des étapes dans notre évolution spirituelle.
Il est capital de dépoussiérer cette notion d'éveil, car autant
le chercheur peut passer à côté de sa vraie quête en sous estimant l'impact que
son éveil a eut sur sa vie, autant la course à chercher à être éveillé et à se
définir comme tel à l'appui de concepts malheureux car dérivant de mythes sur
l'éveil, peut amener à se croire prématurément éveillé, et par conséquent, à
stagner à mi-chemin du sommet, si tant est qu'il y ait un sommet ! Voilà
pourquoi l'éveil est une notion qui inflige beaucoup de malentendus et de
ralentissement dans la quête, car aucune quête n'est semblable et les concepts
qui s'y rattache tendent à pousser à croire le contraire, d'où la série de
mystifications sur l'éveil qui s'en suivent...(cf. Démystifications de l'éveil). Ce n'est
qu' à partir d'une intégration et d'une réalisation du divin de plus en plus
complète dans tout l'être, pas seulement dans la conscience mais aussi dans la
matière, que la descente et la transformation dans toutes les parties de l'être
et dans la matière pourra suivre. La question de l'évolution de l'éveil est
donc capital car cette notion d'évolution nous propulse dans le yoga intégral
tel que l'a transmis Sri Aurobindo, et nous affranchit de ce concept malheureux
d'éveil, et de notre attachement maladif à ce concept, et de tout les mythes
qui s'y rattachent. C'est avec justesse que Mariana Caplan précise que
« Se libérer du fantasme du Salut est un grand défi spirituel ».
Par conséquent, la réflexion à mener est de se demander :
Est-ce que toutes ces expériences m'aide à être conscient?
Qu'est-ce que je fais de toutes ces expériences? Je m'en sers pour vivre un quotidien
amélioré, pour vivre mieux, accéder au bien-être, ou bien est-ce que je suis
conscient que c'est un moyen pour aller au-delà du mieux-être, pour laisser la
conscience descendre de plus en plus dans la matière et tenter une
transformation plus globale et intégrale avec tous les défis et obstacles
qu'une telle aventure comporte? C'est pourquoi dans un processus
évolutif, Sri Aurobindo précise que « Le sadhak du yoga intégral qui
s'attarde dans l'impersonnel cesses d'être un sadhak du yoga intégral.» Mais
il faut être prêt à abandonner notre réalisation quel quelle soit, à laisser en
nous suffisamment de place à l'inconnu pour aller toujours en avant et
reconnaître les limites de notre système, aussi lumineux soit-il et aussi
persuadés sommes-nous de détenir une vérité à éventuellement enseigner, et
transmise depuis des millénaires... Soyons lucide et ne nous méprenons pas non
plus sur la capacité des zéveillés à transmettre l'éveil. Le
Tripurarahasya est clair à ce sujet : « En réalité, aucun moyen ne peut
servir à obtenir la connaissance libératrice.» C'est aussi ce que précise Shankarâcharya dans son Vivekachûdâmani. Ce n'est pas le moyen
qui apporte la Connaissance, et par moyen entendons tout attitude ou
comportement mécanique, notamment celui de vouloir obtenir l'éveil.
L'éveil survient quand il n'y a plus d'espoir...
Que
nous soyons en quête l'éveil ou que nous soyons déjà éveillé serons-nous
suffisamment sincère et humble comme le souligne Andrew Cohen dans "Embrasser
le ciel et la terre", pour laisser la place en nous à l'inconnu, et à
cette capacité de reconnaître et à nous ouvrir à de nouvelles réalisations, à
continuer à avancer toujours plus loin et intégrer en nous de nouveaux aspects
du divin? « Le plus grand péril pour ceux qui recherchent l'éveil c'est de
ne pas laisser de place en eux pour ce qu'ils ne savent pas. Et le plus grand
péril pour ceux qui sont déjà éveillés, c'est de commettre exactement la même
erreur. »
Dans
son ouvrage magistral et capital "Sri Aurobindo ou l'aventure de la
conscience" , Satprem, disciple de Mère et d'Aurobindo, faisait quant à
lui le constat suivant: « Le chercheur intégral devra donc être sur ses gardes,
car les expériences intérieures, touchant à la substance intime de notre être,
sont toujours irréfutables et finales lorsqu'elles se produisent; elles sont
éblouissantes à n'importe quel niveau — rappelons Vivékânanda parlant du
Nirvana : " Un océan de paix infinie, sans une ride, sans un souffle" — et
la tentation est grande de s'y ancrer comme au havre définitif. »
Nous
dirons seulement ce conseil de la Mère aux chercheurs :
«
Quels que soient la nature, la puissance et l'émerveillement d'une expérience,
il ne faut pas être dominé par elle au point qu'elle gouverne votre être tout
entier . . . Lorsque vous entrez, d'une façon quelconque, en rapport avec une
force ou une conscience qui dépasse la vôtre, au lieu d'être entièrement
subjugué par cette conscience ou cette force, il faut vous souvenir toujours
que ce n'est qu'une expérience parmi des milliers et des milliers d'autres, et
que, par conséquent, elle n'a pas un caractère absolu. Si belle qu'elle soit,
vous pouvez et vous devez en avoir de meilleures; si exceptionnelle qu'elle
soit, il y en a d'autres qui sont encore plus merveilleuses; et si haute
qu'elle soit, vous pouvez toujours monter plus haut dans l'avenir. »
Quant au passage avec Ramesh Balsekar Rencontre du troisième type avec l'Advaita
je le trouve toujours aussi fulgurant, transmettant implacablement et
impeccablement son point de vue de son expérience…le résultat est direct. Et
bien que déroutant au premier abord, plus il creuse et décortique le sujet avec
le visiteur qui l’a abordé, plus c’est sublime de cohérence du point de vue
qu’il nous fait saisir.
Une autre source, dans un livre apparemment banal est dont les
auteurs ont fait parfois polémique, c’est « Celui qui vient » des
Meurois-Givaudan. Je suis tombé sur ce livre il y a plusieurs années et je l’ai
trouvé hyper-complet , abordant toute une somme de connaissances et
d’expériences qui ont trouvé résonance avec mes propres découvertes, toutefois
je n’ai pas été en syntonie avec l’énergie un peut doucereuse que j’ai
ressenti. Mais pour corroborer cette histoire d’évolution dans la matière
abordée par Gurdjieff et explorée par Mère et Aurobindo, il y a dans ce livre
un chapitre intitulé ‘Au-delà des lotus’, avec l’extrait suivant qui est
émis par des êtres de nature
différente :
« En vérité, la Matière qui vous pèse et vous limite n’est
pas l’Illusion en elle-même. Ce qui est à la racine de l’Illusion, c’est la
nature du regard que vous portez sur cette matière (…) Nous voulons dire que la
structure de toute matière est totalement asservie à votre façon de penser,
d’aimer, de concevoir l’univers et de vous comporter dans celui-ci.(…) Voilà
pourquoi votre Terre, avec la nature de la matière qui la constitue, est le pur
résultat de la complicité mentale et émotionnelle de ses habitants à un certain
stade de leur conscience. Apprenez donc à faire cesser ce faux débat si
dualiste, simpliste entre la Matière et l’Esprit, tout est Esprit. Ce que vous
appelez ‘Diable’, c’est cette capacité à nier la force ascensionnelle que la
Divinité a mise dans chaque cœur ; c’est la doute que le libre arbitre
vous fait expérimenter et qui est ,lui aussi, envers et contre tout , un
élément majeur de cette ascension (...). Regardez-nous donc bien. Nous ne
sommes pas selon l’expression de ‘purs esprits’. Nous avons ennobli nos corps,
en acceptant, en décidant de penser différemment, en leur permettant par cela,
de les rapprocher de leur Source. »
Il est aussi intéressant de noter dans ce livre le terme corps
de lumière employé par leurs auteurs lors de leurs explorations des plans
subtils.
Il y a de nombreuses pistes corroborant cette évolution au-delà
de l’éveil, de sources nombreuses de points de vue variés ,
d’expériences et d’aspirations différentes , un lien , un échange, une mise en
corrélation entre toutes pour approfondir la recherche telle que l’abordait la
revue WIE qui permettraient
certainement d’ouvrir des brèches d’explorations avancées. Surtout que, selon
moi, la visite relatée par le journaliste-chercheur à l’ashram d’Aurobindo ne
comporte pas d’exemples objectifs sur la réalisation du supramentale sur terre,
dans l’ashram ou chez un individu. Qui dit que les Naguals du Mexique n’étaient
pas dans cette exploration au même titre que les pratiques du corps de lumière
dans les différentes traditions et selon les diverses approches comme celles
des alchimistes? Ne serait pas un aperçu d'une possibilité de la manifestation
du supramental ? (ce qui ne veut pas dire accéder au supramental
d’emblée); ou bien plutôt une étape en vue de la supramentalisation?
(c'est effet ce que Sri Aurobindo et Mère envisageaient, des étapes de
transformation, des possibilités nouvelles dans la conscience et le corps avant
la manifestation supramentale intégrale, qui prendra encore quelques
siècles...).
Cette idée d'étapes dans le processus a été envisagé aussi par
Gurdjieff comme le rapporte Ouspensky dans "Fragments d'un enseignement
inconnu".
Consécutif d'une question par un disciple "Peut-on dire que
l'homme possède l'immortalité ? ", Gurdjieff répondit longuement et
de manière approfondie avec sa connaissance propre, voici quelques extraits:
« L'immortalité est une des qualités que nous attribuons aux
gens sans avoir une compréhension suffisante de leur signification. D'autres
qualités de ce genre sont 'l'individualité', dans le sens de l'unité
intérieure, le 'Moi permanent et immuable', 'la conscience', et 'la volonté'.
Toutes ces qualités peuvent appartenir à l'homme - il mit l'accent sur
le mot 'peuvent' -, mais cela ne signifie certainement pas qu'elles lui
appartiennent déjà effectivement ou qu'elles puissent appartenir à
n'importe qui.
" Pour comprendre ce qu'est l'homme, aujourd'hui,
c'est-à-dire à un niveau actuel de son développement, il est indispensable de
pourvoir se représenter jusqu'à un certain point ce qu'il peut être, c'est-à-dire
ce qu'il peut atteindre. Ce que dans la mesure où l'homme parvient à
comprendre la séquence correcte de son développement possible qu'il peut
cesser de s'attribuer ce qu'ils ne possèdent pas encore, et ne pourra
atteindre, peut-être, que par de grands efforts et de grands labeurs.
" Selon un enseignement ancien dont il subsiste des
traces dans de nombreux systèmes d'hier et d’aujourd’hui, lorsque l'homme
atteint le développement le plus complet qui lui soit possible en général, un
homme au plein sens du terme, se compose de quatre corps. Ces quatre
corps sont constitués des substances qui deviennent de plus en plus fines,
s’interpénètrent mutuellement les unes les autres, et forment quatre organismes
ayant entre eux une relation bien définie, tout en étant indépendants, capables
d'actions indépendantes.
" Chez l'homme qui a quatre corps, le corps actif est le
quatrième. Cela signifie que la conscience dans le quatrième corps a plein
pouvoir sur le "corps mental", le "corps astral" et le corps
physique."
" La conscience manifestée dans ce nouveau corps est
capable de le gouverner, et il a les pleins pouvoirs et le contrôle total du
corps physique.
" Dans le deuxième corps, sous certaines conditions, un
troisième corps peut aussi grandir, avec ses caractéristiques propres. La
conscience manifestée dans ce troisième corps a les pleins pouvoirs et le plein
contrôle sur les deux premiers corps ; et le troisième corps a la possibilité
d'acquérir un savoir inaccessible aux deux premiers.
" Dans le troisième corps, sous certaines conditions, un
quatrième corps peut grandir, différant autant du troisième que le troisième
diffère du second, et le second du premier.
"Chez l'homme de deux, trois et quatre corps, le corps le
plus actif vit aussi le plus longtemps, en d'autres termes, il est "
immortel" par rapport à un corps inférieur.
" La conscience manifestée dans le quatrième corps a le
plein contrôle des trois premiers corps et de lui-même.
" Ces quatre corps sont définis dans divers enseignements
et de différentes manières. Le premier est le corps physique, ou selon la
terminologie chrétienne, le corps 'charnel' ; le deuxième, selon la
terminologie chrétienne, est le corps 'naturel" ; le troisième est le
corps 'spirituel' ; et le quatrième, selon la terminologie du christianisme
ésotérique, est le corps 'divin'. En termes théosophiques, le premier est
le corps 'physique', le second est le corps 'astral', le troisième le corps
'mental' et le quatrième le corps 'causal'.
" D'après la terminologie de certains enseignements
orientaux, le premier est le 'chariot' (le corps), le second est le 'cheval'
(émotions, désirs), le troisième est le 'conducteur' (l'esprit) et le quatrième
est le 'maître' (le Soi, la conscience, la volonté).
" On peut trouver de telles comparaisons et de tels
parallèles dans la plupart des systèmes et enseignements qui voient en l'homme
plus que le corps physique. Mais presque tous ces enseignements, tout en
répétant de manière plus ou moins familière les définitions et les divisions
des enseignements anciens, ont oublié ou omis le plus important : l'homme n'est
pas né avec ces corps subtils. Ils ne peuvent qu'être cultivés
artificiellement, pourvu que des conditions favorables tant internes
qu'externes soient présentes.
" Le 'corps astral' n'est pas indispensable à l'homme.
C'est un grand luxe que peu peuvent s'offrir. On peut vivre très bien sans
'corps astral'. Le corps physique possède toutes les fonctions nécessaires à la
vie. Un homme sans 'corps astral' peut même donner l'impression d'être très
intellectuel ou même spirituel, et peut tromper non seulement les autres, mais
aussi lui-même.
" Quand le troisième corps s'est formé et a acquis toutes
les propriétés, pouvoirs et connaissances possibles pour lui, il reste toujours
le problème de stabiliser ce savoir et ces pouvoirs. Car ils lui ont été
confiés par des influences d'un certain genre, et ils pourraient lui être
repris par les mêmes influences ou par d'autres. Grâce à un travail spécial sur
les trois corps, les propriétés acquises peuvent devenir des possessions
permanentes et inaliénables du troisième corps.
" Le processus de fixation de ces propriétés correspond au
processus de formation du quatrième corps.
"Et seul celui qui possède quatre corps pleinement développés
peut être appelé un 'homme' dans le plein sens du terme. Cet homme possède de
nombreuses propriétés que les hommes ordinaires n'ont pas. Une des ces
propriétés est l'immortalité. Toutes les religions et les enseignements anciens
contiennent l'idée qu'en acquérant le quatrième corps, l'homme acquiert
l'immortalité ; et ils contiennent tous des indications sur les moyens
d'acquérir le quatrième corps, c'est-à-dire, l'immortalité."
" Le quatrième corps est formé d'éléments du monde des
étoiles, c'est-à-dire d'éléments qui n'appartiennent pas au système solaire,
et, par conséquent, s'il a cristallisé dans les limites du système solaire, il
n'y a rien à l'intérieur de ces limites qui puissent le détruire. cela signifie
qu'un homme qui possède le quatrième corps est immortel dans les limites du
système solaire.
" Vous voyez pourquoi il est impossible
de répondre d'emblée à la question : l'homme est-il immortel ou non? Un homme
est immortel, un autre ne l'est pas, un troisième s'efforce vers l'immortalité,
un quatrième s'imagine être immortel, et n'est cependant qu'un morceau de
viande.»
Notons aussi que cette question d'immortalité s’inscrit chez Gurdjieff dans une idée centrale qui est celle d'évolution. Et c'est très certainement dans le sens de cette inévitable évolution que nous devons considérer l'anatomie occulte de l'homme à laquelle Gurdjieff accordait une place précise dans son travail:
« La présence en nous de ces centres supérieurs est analogues à celle des trésors cachés que cherchent, depuis les temps les plus reculés, les hommes en quête de mystérieux et de miraculeux. Mais c'est une bien plus grande énigme.
" Tous les enseignement mystiques et
occultes reconnaissent en l'homme l'existence de forces et de capacités
supérieures - bien que, dans beaucoup de cas, sous forme de possibilités
seulement - et parlent de la nécessité de développer les forces cachées
dans l'homme.
" Pour obtenir, entre les centres
inférieurs et les centres supérieurs, une liaison correcte et permanente, il
faut régler et activer le travail des centres inférieurs. »
Gurdjieff avait pour intuition que le développement de ces
centres amènerait à la perfectibilité des différents corps et surtout à la
création du quatrième corps. Création résultant de la complexité de
l'organisation du corps physique humain, et qui, selon un processus précis
pouvait aboutir à la création d'un nouvel organisme sur la base de la
transformation des quatre corps. Ce nouveau système d'organes de perception
pouvant alors fournir un instrument plus pratique et plus réactif pour
l'activité d'une conscience éveillée.
Concernant cette question épineuse de l'immortalité, sujette
elle aussi à controverses et malentendus, il faut réellement l'entrevoir dans
un processus évolutif, et Sri Aurobindo nous en apporte de remarquables
éclairages dans La Vie Divine, Chapitre XXII: La renaissance et les
autres mondes: le karma, l'âme et l'immortalité", "La triple
immortalité":
« Ce que nous exigeons normalement, c'est une survie
similaire de notre mental, de notre vie et même de notre corps : le dogme de la
résurrection du corps témoigne de cette dernière exigence qui a été aussi à
l'origine de l'effort de l'homme, à travers les âges, pour découvrir l'élixir
d'immortalité ou des moyens magiques, alchimiques ou scientifiques de vaincre
physiquement la mort du corps. Mais cette aspiration ne pourrait se réaliser
que si le mental, la vie ou le corps pouvaient revêtir une part de
l'immortalité et de la divinité de l'Esprit qui demeure au-dedans.
"Cet accomplissement d'une triple immortalité :
immortalité de la nature complétant l'immortalité essentielle de l'Esprit et la
survie psychique à la mort, pourrait bien être le couronnement de la
renaissance et une indication capitale de la conquête de l'Inconscience et de
l'Ignorance matérielle jusque dans les fondations mêmes du règne de la Matière.
Mais la véritable immortalité serait malgré tout l'éternité de l'Esprit : la
survie physique ne pourrait être que relative, interrompue à volonté, signe
temporel de la victoire de l'Esprit ici-bas sur la Mort et la Matière.
" Même si la science — physique ou occulte — parvenait à
découvrir les conditions ou les moyens nécessaires à une survie indéfinie du
corps, mais que par ailleurs le corps ne pouvait s'adapter suffisamment pour
devenir un instrument d'expression approprié de la croissance intérieure, l'âme
trouverait une manière de l'abandonner et de passer à une nouvelle incarnation.
Les causes matérielles ou physiques de la mort ne sont ni sa vraie ni sa seule
raison d'être : sa vraie cause intrinsèque est qu'elle est spirituellement
nécessaire à l'évolution d'un être nouveau.»
On entrevoit donc que l'idée d'un corps nouveau, servant de base
à cette nouvelle conscience et créée par elle nécessitera des étapes pour
accomplir le processus à terme, étape que nous pouvons envisager comme le
développement d'un ou de plusieurs corps de lumière, corps lumineux
faisant office de pont entre le corps physique et le futur corps supramentalisé
annoncé par Sri Aurobindo, étape transitoire parmi beaucoup d'autres
certainement à venir. Sri Aurobindo et Mère insistaient sur le développement de
l'être psychique, qui doit passer au premier plan, et dont se revêt l'âme lors
de son incarnation.
Selon Sri Aurobindo , l'être humain est un être de transition,
soit il suit la courbe de l'évolution en devenant un maillon vers une espèce
nouvelle, soit il disparaît. Par conséquent, le corps physique devra se
transformer, sous l'avènement d'un énergie évolutive émanent d'un plan de
conscience appelé supramental. Selon Sri Aurobindo cette transformation
prendra au minimum trois cents ans à partir du moment où l'homme aura atteint à
la nouvelle conscience supramentale. Mais Mère tablait sur cinq-cents à mille
ans... C'est un processus complexe qui impliquera une transformation
totale de l'organisme humain, et Mère est très claire à ce propos, sa
réponse est fascinante:
« La transformation veut dire que tout cet arrangement purement matériel est remplacé par un arrangement de concentrations de force selon certains genres de vibrations différentes remplaçant chaque organe par un centre d'énergie consciente mû par une volonté consciente et régi par un mouvement venu de tout en haut, des régions supérieures. Plus d'estomac, plus de cœur, plus de circulation, plus de poumons, plus de...tout disparaît. mais c'est remplacé par une ensemble de vibrations représentant ce que ces organes-là sont symboliquement. Parce que les organes sont seulement les symboles matériels des centres d'énergie; ils ne sont pas la réalité essentielle: simplement ils lui donnent une forme ou un support dans certaines circonstances données. Alors le corps transformé fonctionnera par ses centres d'énergie réels et non plus par leurs représentants symboliques tels qu'ils se sont développés dans le corps animal. Par conséquent, il faut d'abord savoir ce que votre coeur représente dans l'énergie cosmique, et la circulation ce qu'elle représente, et l'estomac ce qu'il représente, et le cerveau ce qu'il représente. d'abord, il faut être conscient de tout cela pour commencer. Et puis, il faut avoir à sa disposition les vibrations d'origine de cela qui est symbolisé par ces organes. Et il faut lentement rassembler toutes ces énergies dans son corps, et changer chaque organe en un centre d'énergie consciente qui remplacera le mouvement symbolique par le mouvement réel...»
Quant aux étapes du processus de transition du mental au supramental en passant par le surmental, Sri Aurobindo nous explique le déroulement de ce processus dans La vie divine. Notons encore ici l'idée de l'émergence d'un centre supérieur qui permet le passage du surmental au supramental:
«Lorsque le surmental exerce une forte influence ou une pleine action, le sentiment d'une direction intégrale peut s'établir de façon normale avec une présence ou une direction constants du Moi cosmique ou Ishvara qui soutient ou exerce le pouvoir suprême. Il est possible aussi que ce révèle ou se crée un centre spécial qui vienne se situer au-dessus des instruments physiques et les domine, centre qui est individuel dans le fait de l'existence, mais qui est impersonnel dans le sentiment et en qui une libre cognition reconnaît un instrument servant l'action de l’Être transcendant et universel. Dans la transition vers le supramental, cette action centralisatrice tend à la découverte d'un individu vrai qui remplace l'ego mort; c'est un être qui est un dans son essence avec le Moi suprême, un en extension avec l'univers et qui est pourtant un centre et une circonférence cosmiques de l'action spécialisée de l'Infini. »
Ce processus est un point fondamentale de l'évolution spirituelle et qui s’appuie sur le caractère individuelle de la réalisation, l'individu ne doit pas se perdre dans l'impersonnel, il doit au contraire se servir de son individualité pour la transformer à l'image du divin et c'est par la croissance de l'être psychique en lui qu'il peut mener cette œuvre à terme, le véritable Grand'Oeuvre...C'est pour cela que les traditions de l'Alchimie considèrent à juste titre que le corps est dépositaire du Divin en l'homme, ce que souligne Anne-Yvonne Julien dans son étude L'Oeuvre au Noir de Marguerite Yourcenar.
Le corps de lumière, commun à de nombreuses traditions,
notamment dans la mystique et l'alchimie, peut quant à lui, être envisagé comme
un moyen de développer cet être psychique et permettre de manifester en ce
monde toute les qualité divines qui le caractérise en essence. Remarquons aussi
que dans certaines approches, l'éveil du corps de lumière passent par
l'activation de certains centres contenus à l'état embryonnaire dans l'aura et
qu'il est nous est rendu possible d'éveiller sous la pressions de la descente
de nouvelles énergies spirituelles, dont nous pouvons sans trop s'y méprendre
considérer qu'elles sont consécutives de la manifestation supramentale infusée
dans la conscience terrestre par Sri Aurobindo et Mère.
Nous retrouvons ces idées de différents corps dans l'ouvrage
"Les Corps de lumière" de Marie-Lise Labonté , où il est
question d'une description précise des corps subtils dont le corps de Lumière
est considéré comme le septième , en corrélation avec le plan auquel il
appartient et se meut, et considérant les sept premiers corps comme étant les
véhicules servant l'évolution sur le plan terrestre. Nous retrouvons cette idée
d'évolution, à la fois descendante et ascendante, sous-tendue par le fait
que «le septième corps n'est point le dernier corps, car au-delà existe encore
sept corps et encore sept autres, et ce jusqu'à l'infini.»
Remarquons que ce sont les approches spirituelles incluant
la matière comme intégrante de l'évolution spirituelle qui ont en commun une
pratique d'éveil du corps de lumière :
Alchimie (interne et externe), Taoïsme (qui inclue l'aspect
immanent du Tao et la méditation sur la lumière et les pratiques d'alchimie
interne), gnose (christianisme ésotérique, soufisme, zoroastrisme), tantra
(aspect énergétique avec le culte de la déesse, symbole du manifesté),
chamanisme (Naguals mexicains, Bön tibétain), la tradition védique,
vishishtadvaïta (monisme qualifié), les traditions vishnouïtes ( courant
de l'hindouisme qui insiste sur l'aspect immanent avec la descente du divin
dans les étapes successive de l'évolution, symbolisé par les avatars de
Vishnou). Notons dans ce courant vishnouïte la dématérialisation de Swami
Ramalingam en un corps de lumière, puis la révolution de conscience qu’opérera
par la suite Sri Aurobindo sur les bases du Véda ainsi que sur celles de la
Bhagavad Gita avec la participation à sa réalisation de l'avatar Krishna.
Cependant, au vue de tous ces éléments, soyons vigilant à ne pas interpréter hâtivement nos expériences ou à y faire des projections, un certain wishfull thinking qui annihile les facultés de discernement et l'objectivité de notre expérience même. Et surtout nous sommes en face de tant de mystères, qui sembleraient devoir se dévoiler par une recherche objective de plusieurs chercheurs dans le courant de l’évolution de l’éveil et d'interaction sincère entre eux.
Pour conclure, nous voyons pourquoi les notions s'attachant à l'éveil
et surtout à "l'éveil impersonnel" sont très insatisfaisantes
pour le chercheur car il peut se leurrer sur la continuité du processus au-delà
de l'éveil et par conséquent s'y attarder ou s'y complaire en s'illusionnant en
définitive sur le fait d'avoir trouvé la finalité de sa quête. Il s’évertuera à
s'y installer et éventuellement en fera grand cas avec les prérogatives
qu'octroie le concept d'éveil. Mais cette réalisation d'un aspect du divin se
révèle être incomplète et faussant la réalité dans son ensemble,
s'accrochant à une partie du divin au détriment d'une autre, et de fait,
laissant l'évolution de côté. Non seulement le sadhak du yoga intégral ne
s'attarde pas dans l'impersonnel, mais il ne s'attarde pas non plus sur ces
notions d'éveil qui sont d'une relative importance au vu de l’œuvre qu'il reste
à accomplir. N'occultons toutefois pas le fait que la prise de conscience de la
présence divine en soi, ce que l'on peut nommer éveil, n'en reste
pas moins une étape des plus importante dans la vie du chercheur et surtout
dans le processus de l’évolution spirituelle. N'oublions pas que lorsque nous
usons de cette notion d'éveil nous éveillons avant tout en nous un
ensemble de concepts tant que nous n'avons pas le vécu réel de ce qu'il
signifie, c'est-à-dire la conscience d'unité de l'Atman avec le Brahman, la révélation du Soi témoin suprême, en
termes des origines de son emploie dans la tradition védântique (advaita vedanta).
Cependant le Bouddha, dit "l'éveillé" par l'étymologie même du mot, et
considéré de ce fait comme l'essence de l’Illumination, était tout à fait en
dehors de ces notions d'Atman et de Brahman et n'a jamais admis leur réalité,
car aucune âme ni aucune divinité ne faisait partie de son expérience (le
paradoxe est que le bouddhisme, tibétain en particulier - est rempli de
divinités, le Bouddha lui-même en étant une !...Ce qui n'empêche pas en nous
reliant à ses divinités de nous propulser dans l'espace de pure lumière et
vacuité où toute forme se dissout , y compris la notre).
C'est un suremploi du terme d'éveil qui a prévalu pour désigner
cette expérience capitale notifiée dans la tradition bouddhiste d'une part en
termes de conscience-lumière-vacuité - Shunyata - et dans la tradition
védantique en terme de libération - Mukti- d'autre part, l'éveil étant une
notion prévalent surtout depuis la fin de la seconde moitié du vingtième siècle
dans les cercles de la spiritualité. Rappelons-nous que l'emploi que les z'éveillés
font du terme qui les définis comme tel, couvre une gamme d'expériences
variées, allant de la conscience témoin pour certains, à la vacuité pour
d'autres ou encore à la conscience de l'akshara Purusha, ou à l'identification
au Moi permanent et immuable, au Soi témoin suprême, et encore tout un ensemble
de nuances et de subtilités autant dans ce qu'elles expriment de l'expérience
de la conscience ou du divin (là encore c'est selon), que dans les
transformations auxquelles elles conduisent, ou pas, que dans leur pérennité et
leur permanence, ou pas. Comme je l'ai précisé plus haut ce n'est pas
l'importance de ces aspects qui détermine qu'untel est éveillé mais l'impact
que cette éveil à la réalité a, ou a eut pour lui, dans sa vie, dans
l’ordinaire de sa vie quotidienne, dans sa vision transformée sur le monde et
surtout dans ce que cela induit comme engagement dans son évolution
spirituelle.
En définitive il n' y a aucune espèce d'importance à déterminer
si oui ou non nous sommes éveillés, ou qu'untel l'est et à quel degré (car oui,
maintenant pour certains la question se décline en ces termes!), mais simplement de vivre notre quête dans
son infinité et sa pluralité et nous abandonner et nous en remettre tout le
temps et le plus intensément possible à l'Intelligence suprême qui gouverne la
Totalité. Comment nous entrons en rapport avec cette Totalité? Qu'elle est
notre relation consciente avec Elle? Comment entrons en Sa présence, ou comment
la laissons-nous s'inviter en nous... Relation de Présence-Absence..., et
toutes les nuances de cette relation qui font que nous sommes dans une véritable
dynamique et non dans un état figé. Ne fuyez rien! Y compris tous ce qui en
vous ou autour de vous semble ne pas correspondre à l'idée que vous vous faites
de cette totalité, soyez pleinement alerte et conscient pour déceler ce qui à
chaque instant fait que votre processus d'évolution spirituelle se ralenti par
le fait de vos propres concepts et mythes que vous entretenez consciemment ou inconsciemment
à propos de la réalisation de cette Réalité Suprême et de comment vous vous éveillez en Elle.
Sylvère