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La création de ce site part du constat que chaque chercheur sur le chemin de l'évolution spirituelle est un trouveur potentiel ou effectif, pouvant dans un partage sincère de ses expériences, accomplir des ouvertures pour d'autres consciences en développement... Lire la suite

16/02/2015

L’éveil et l’évolution spirituelle: au-delà de l'éveil

http://www.evolumiere.com/2015/02/leveil-et-levolution-spirituelle-au_16.html



Il se peut que vous vous rendiez compte, une fois parvenu au sommet de votre échelle, qu'elle est placée sur le mauvais mur. 
Anonyme



Au regard de certains textes concernant l'éveil et l’évolution spirituelle parut dans la revue WIE il y a quelques années et sur lesquels je me suis basé pour affiner ma rechercher et affuter mon discernement sur la question de l'éveil et de l'évolution spirituelle, je me rends compte qu’il est vraiment important d’échanger sur ce sujet, comme l’entretien Le gourou et le pandit entre Ken Wilber et Andrew Cohen le démontre. Notamment le fait que l’enrichissement érudit et intellectuel de Wilber pour Cohen - bien qu’étant éveillé - s’avère indispensable pour affiner la Recherche et l’Évolution de la conscience. Ce qui m’a sidéré c’est que A.Cohen n’a pas eut vent de Sri Aurobindo pendant toutes ces années depuis son éveil ! Et que je perçois combien l’éveil et l’illumination ne sont pas un aboutissement et reste très relatif sur leur finalité.
Il est aussi intéressant de remarquer quelques allusions à la réalisation du corps de lumière et qu’il y a visiblement une impasse sur ce sujet dû à une méconnaissance et un manque d’expérience de la part de beaucoup de chercheurs aussi illuminés et connus soient-ils. Pourtant, au vu de comment cela apparaît dans les entretiens, peut-être y aurait-il une clef de voûte là-dessous ? En tout cas, d’un point de vue global sur ces entretiens, il n’y a pas une once de références et d’expériences sur l’aspect énergétique, l'aspect shakti en terme tantrique, par opposition à l'aspect pure conscience, "Shiva". Et cela pêche d’une certaine manière dans une recherche sincère, car celle-ci se cantonne et se base sur un point de vue - certes cohérent et utile -  mais encore incomplet. 
C'est dans le même sens que Richard Moss dans "Ce je qui est nous" exprime aussi son étonnement  concernant le peu de considération pour les pratiques dites énergétiques dans le processus de la recherche spirituelle : « Je m'étonne sans cesse de ce qu'il existe si peu d'écoles dites spirituelles qui soient capables de reconnaître le pouvoir de ces énergies, et qui cherchent  à encourager ce potentiel en l'individualité. L'on accorde tellement d'importance aux idées spirituelles, aux rôles spirituels, que l'on oublie de donner directement pouvoir à la grâce et créer des êtres humains plus pleinement réalisés. La plupart des organisations religieuses ont, je pense, vraiment peur de ce potentiel, parce qu'il peut porter l'individu très au-delà de leur système de croyance.»
C'est d'une grande lucidité et d'une grande vérité au regard de ce que certaines pratiques s'appuyant sur l'énergétique tel que celles mettant l'accent sur l'éveil du corps de lumière peuvent apporter au chercheur.

Concernant l'article Pourquoi Sri Aurobindo est coolle ton positiviste du journaliste vis-à-vis des faits "supramentaux" relatés par les ashramites pondichéryens ne m’apparaît pas concorder aux descriptions d’Aurobindo sur les premières manifestations de la descente supramentale dans le plan terrestre, à savoir la révélation et la manifestation au grand jour de toutes les crasses obscures et mensongères enfouies dans l’humain. Alors conflits en tout genre, corruptions, perversions de tout acabit, etc., sortent au grand jour. Il suffit de se remettre en mémoire l'actualité du monde depuis des décennies pour voir que les évènements semblent se précipiter vers une expurgation du négatif sortant de toute part...Comme le disait Lee Lozowick lorsque survinrent les attentats du 11 Septembre 2001, tous ces événements sont là pour nous rappeler qu'il faut pratiquer, encore et encore, et ne pas relâcher, il y a urgence:   "Pratiquez. Il n'y a pas d'autre option viable." Et les actes barbares qui secouent le monde aussi bien que nos certitudes depuis 2014 touchent au cœur d'une remise en question qui ne peut passer que par la pratique, et pour paraphraser Mister Lee l'on pourrait ajouter: Pratiquez ! Il n'y a pas d'autre option vitale ! Car c'est le déversement des pulsions de mort, d'où qu'elles viennent, dont il est question fondamentalement.
Tous ces écrits, tous ces textes,  aussi sages et éclairants soient-ils ne doivent pas non-plus nous faire oublier que le plus capital est la pratique, nous fier à notre propre expérience avec discernement. Nous devons garder la vigilance intacte pour ne pas nous complaire dans la gentille forteresse d'un monde de bonnes paroles de sages en tout genre, et nous gargariser de citations lumineuses, qui n'ont de valeur que si elles nous poussent à pratiquer et à vérifier les vérités qu'elles expriment par nous-mêmes, au-delà de leur compréhension intellectuelle et mentale.

Les recherches de A.Cohen sont très intéressantes et mériteraient d’être enrichies du point de vue énergétique au sens des approches du corps de lumière et des traditions tantriques. 

Ce qui apparaît fondamental pour la pratique c'est l'approche de Sri Aurobindo qui se résume par une aspiration profonde,  permanente et non mécanique, c’est-à-dire sincère pour le divin:
 « Si votre aspiration est authentique, vous arriverez très vite en un lieu où il est facile de voir directement ce qui vous aide et ce qui vous freine. Ainsi votre aspiration est testée, car il vous faut vouloir faire le juste choix » .

Au vu des expériences du Corps de Lumière, cela est compréhensible et appréhendable pour les domaines où l’on souhaite évoluer et une aspiration sincère à partir des espaces du corps de lumière accomplirait le travail développé par Aurobindo (ceci est une interrogation) . 

Ces questions sur " l’éveil " m’apparaissaient vaines depuis que le  corps de lumière est devenu une partie intégrante de mon processus d'illumination et d'évolution spirituelle, notamment parce que cela m’a enlevé toute attitude de course à l’illumination et l’anxiogènité associée, définitivement. Ce qui s'est confirmé lorsque s'est révélée l'évidence (Vous avez-dit éveil?). Mais au vu de la stagnation de certains maîtres zéveillés, et du coup de certains chercheurs dans leurs traditions, leurs pratiques, éveils, illuminations, ascension (mon Dieu...), peut-être s’avère-t-il important de défricher le sujet, de l’enrichir; de partager pour non seulement aider certains chercheurs qui stagnent dans leur point de vue et leur impasse, et surtout provoquer des interactions sur le sujet avec le point de vue énergétique d’exploration de la conscience pour favoriser l’Évolution sur le ton où Wilber et Cohen l’abordent dans les entretiens de la revue What is enlighment ? Cette revue avait un ton d’avant-gardisme, de dynamique de recherche qui mériterait toutefois d’être au jus de l’exploration de la conscience par l’énergétique, et tenant davantage compte de l'aspect immanent de l'éveil. En effet pour le courant immanent, l'illumination se manifeste dans la vie quotidienne, elle n'est pas rattachée à une gamme particulière d'expériences, alors que le courant transcendant insiste sur l'importance de vivre des expériences d'illumination pour transcender le petit moi. Nous voyons que le courant immanent porte en lui les fruits d'une dynamique évolutive, qui ne peut se satisfaire de l'éveil dit "impersonnel" et ne s' y arrête pas ( voir le pertinent article de Jeff Foster Pourquoi l'impersonnel « n'existe » pas ). L'approche immanente n'exclue toutefois pas l'aspect transcendant, mais elle constitue simplement un aspect de la réalité, un aspect du divin. Ce n'est pas une finalité, elle n'est pas une libération aboutie, et doit être considérée par le chercheur comme une étape dans un processus qui mène vers un accomplissement toujours plus vaste et intégral, incluant, non-duel et non-illusionniste non plus. Car sur cette question de l'illusionnisme mayavadin c'est à juste titre que Sri Aurobindo expose dans La vie divine sa vision: «Si l'or dont est fait le vase est réel, comment supposer que le vase lui-même soit un mirage? ».
Cet aspect éminemment évolutif de l'immanence de l'éveil est formidablement exprimé par E.J. Gold lorsqu'il dit « Si notre travail est couronné de succès, ça n'est pas dans un autre monde que nous allons revenir, mis en ce monde ». Génial!  L'aspect immanent induit la réalisation intégrale, donc que le processus n'a pas de fin. Ce que l'on appelle l'éveil est un aspect de la conscience, une partie du Divin, qui est très loin de ce que nous pouvons réaliser de sa totalité, dans et au-delà de toute sa manifestation, car comme le précise Sri Aurobindo, l'Upanishad nous exhorte à « percevoir le Brahman comme ce qui dépasse, contient et soutient toutes choses individuelles autant que l'univers entier, transcendant le Temps, l'Espace et la Causalité. Il nous faut également Le percevoir comme étant ce qui vit dans l'univers et le possède avec tout ce qu'il contient. »
 
En d'autre termes, l'aspect transcendant doit s'unir à l'aspect immanent, c'est l'union de "Shiva-Shakti". Le chercheur qui s'éveille à l'impersonnel, identifié à la Conscience témoin et détaché de tout, percevant le monde comme une illusion, doit se garder de prendre cet éveil comme un acquis et comme une finalité, il doit tendre à inclure l’aspect immanent de sa réalisation, qui nous fait percevoir le divin mouvant en tout, incluant à la fois l'aspect du Brahman statique, pure conscience, (akshara Brahman) et l'aspect du Brahman dynamique (kshara Brahman) que l'on perçoit dans le flux de Ses énergies en toutes choses, au-delà de la manifestations des énergies elles-mêmes. Dans l'approche de l'école immanente cela doit être réalisé - et peut l'être - dans la vie quotidienne, les yeux ouverts, pour peut que notre attention soit correctement ajustée. L'exclusivité de l'approche immanente fait perdre de vue le monde et la matière comme participant de l'évolution par le divin lui-même, de même que l'exclusivité de l'approche immanente peut nous faire perdre de vue la conscience et nous perdre dans l'identification aux énergies. Elle peut être aussi dangereuse qu'utile, ou bien on peut la considérer d'un point de vue neutre, comme étant sans importance particulière car sans signification particulière, ou bien accorder à la gammes particulière des expériences une importance précise par leur pouvoir de transformation qui dépend totalement du rapport que l'individu établi avec elles.  
En résumé, comme le précise Mariana Caplan, une disciple de Lee Lozowick qui a sous sa guidance écrit un fort intéressant ouvrage: "A mi-chemin du sommet, le piège de se croire prématurément éveillé": «Le moyen de se relier aux expériences mystiques de façon optimale est d'utiliser la lucidité que celles-ci procurent, comme source d'information sur notre rapport  à la vie elle-même ». 
C'est selon moi la véritable illumination, intégrée, avec la lucidité d'un nouveau regard porté sur la vie et les événements qui nous traversent. Ainsi, et ce point de vue n'engage que moi, les expériences, au regard de mon cheminement spirituel, sont par conséquent des prétextes pour optimiser à être dans ce rapport au monde pleinement conscient d'une réalité qui le transcende et le meut, moteur de notre transformation d'instant en instant si notre attention est ajustée à cette réalité. Le problème c'est que le chercheur lorsqu'il s'éveille a tendance à s'attacher au phénomène, au contenu de son expérience, de sa perception, aussi extraordinaire soit-elle, et veut la rendre permanente car il est bloqué par le concept que pour être éveillé la question de la permanence en est la condition absolue, ce qui est absurde ! C'est ce mythe de la permanence comme préliminaire à la condition d'être éveillé qui l'empêche d'intégrer pleinement sa nouvelle nature et de percevoir en quoi elle le transforme, ne serait-ce que par la vision différente sur le monde et la vie qui s'en suit. Car, qu'il dure une seconde, quelques jours ou quelques années, "son" éveil aura eut un impact transformateur sur sa vison du monde ne serait-ce que parce qu'il n'est plus endormi sur ce qu'est la réalité, et l'engage dans une recherche toujours plus sincère et intense de découvrir Dieu dans sa totalité et de grandir en Lui. L'éveil à cette Réalité Suprême aura eut un impact, et c'est en cela qu'il est éveillé. Mais ce ne sont encore que des concepts qui ont leur utilité pour désigner des étapes dans notre évolution spirituelle. 

Il est capital de dépoussiérer cette notion d'éveil, car autant le chercheur peut passer à côté de sa vraie quête en sous estimant l'impact que son éveil a eut sur sa vie, autant la course à chercher à être éveillé et à se définir comme tel à l'appui de concepts malheureux car dérivant de mythes sur l'éveil, peut amener à se croire prématurément éveillé, et par conséquent, à stagner à mi-chemin du sommet, si tant est qu'il y ait un sommet ! Voilà pourquoi l'éveil est une notion qui inflige beaucoup de malentendus et de ralentissement dans la quête, car aucune quête n'est semblable et les concepts qui s'y rattache tendent à pousser à croire le contraire, d'où la série de mystifications sur l'éveil qui s'en suivent...(cf. Démystifications de l'éveil). Ce n'est qu' à partir d'une intégration et d'une réalisation du divin de plus en plus complète dans tout l'être, pas seulement dans la conscience mais aussi dans la matière, que la descente et la transformation dans toutes les parties de l'être et dans la matière pourra suivre. La question de l'évolution de l'éveil est donc capital car cette notion d'évolution nous propulse dans le yoga intégral tel que l'a transmis Sri Aurobindo, et nous affranchit de ce concept malheureux d'éveil, et de notre attachement maladif à ce concept, et de tout les mythes qui s'y rattachent.  C'est avec justesse que Mariana Caplan précise que  « Se libérer du fantasme du Salut est un grand défi spirituel ».  
Par conséquent, la réflexion à mener est de se demander :
Est-ce que toutes ces expériences m'aide à être conscient? Qu'est-ce que je fais de toutes ces expériences? Je m'en sers pour vivre un quotidien amélioré, pour vivre mieux, accéder au bien-être, ou bien est-ce que je suis conscient que c'est un moyen pour aller au-delà du mieux-être, pour laisser la conscience descendre de plus en plus dans la matière et tenter une transformation plus globale et intégrale avec tous les défis et obstacles qu'une telle aventure comporte? C'est pourquoi dans un processus évolutif,  Sri Aurobindo précise que « Le sadhak du yoga intégral qui s'attarde dans l'impersonnel cesses d'être un sadhak du yoga intégral.» Mais il faut être prêt à abandonner notre réalisation quel quelle soit, à laisser en nous suffisamment de place à l'inconnu  pour aller toujours en avant et reconnaître les limites de notre système, aussi lumineux soit-il et aussi persuadés sommes-nous de détenir une vérité à éventuellement enseigner, et transmise depuis des millénaires... Soyons lucide et ne nous méprenons pas non plus sur la capacité des zéveillés à transmettre l'éveil.  Le Tripurarahasya est clair à ce sujet : « En réalité, aucun moyen ne peut servir à obtenir la connaissance libératrice.» C'est aussi ce que précise Shankarâcharya dans son Vivekachûdâmani. Ce n'est pas le moyen qui apporte la Connaissance, et par moyen entendons tout attitude ou comportement mécanique, notamment celui de vouloir obtenir l'éveil. L'éveil survient quand il n'y a plus d'espoir...

Que nous soyons en quête l'éveil ou que nous soyons déjà éveillé serons-nous suffisamment sincère et humble comme le souligne Andrew Cohen dans "Embrasser le ciel et la terre", pour laisser la place en nous à l'inconnu, et à cette capacité de reconnaître et à nous ouvrir à de nouvelles réalisations, à continuer à avancer toujours plus loin et intégrer en nous de nouveaux aspects du divin? « Le plus grand péril pour ceux qui recherchent l'éveil c'est de ne pas laisser de place en eux pour ce qu'ils ne savent pas. Et le plus grand péril pour ceux qui sont déjà éveillés, c'est de commettre exactement la même erreur. »

Dans son ouvrage magistral et capital "Sri Aurobindo ou l'aventure de la conscience" , Satprem, disciple de Mère et d'Aurobindo, faisait quant à lui le constat suivant: « Le chercheur intégral devra donc être sur ses gardes, car les expériences intérieures, touchant à la substance intime de notre être, sont toujours irréfutables et finales lorsqu'elles se produisent; elles sont éblouissantes à n'importe quel niveau — rappelons Vivékânanda parlant du Nirvana : " Un océan de paix infinie, sans une ride, sans un souffle" — et la tentation est grande de s'y ancrer comme au havre définitif. »

Nous dirons seulement ce conseil de la Mère aux chercheurs :

« Quels que soient la nature, la puissance et l'émerveillement d'une expérience, il ne faut pas être dominé par elle au point qu'elle gouverne votre être tout entier . . . Lorsque vous entrez, d'une façon quelconque, en rapport avec une force ou une conscience qui dépasse la vôtre, au lieu d'être entièrement subjugué par cette conscience ou cette force, il faut vous souvenir toujours que ce n'est qu'une expérience parmi des milliers et des milliers d'autres, et que, par conséquent, elle n'a pas un caractère absolu. Si belle qu'elle soit, vous pouvez et vous devez en avoir de meilleures; si exceptionnelle qu'elle soit, il y en a d'autres qui sont encore plus merveilleuses; et si haute qu'elle soit, vous pouvez toujours monter plus haut  dans l'avenir. » 

Quant au passage avec Ramesh Balsekar Rencontre du troisième type avec l'Advaita je le trouve toujours aussi fulgurant, transmettant implacablement et impeccablement son point de vue de son expérience…le résultat est direct. Et bien que déroutant au premier abord, plus il creuse et décortique le sujet avec le visiteur qui l’a abordé, plus c’est sublime de cohérence du point de vue qu’il nous fait saisir.

Une autre source, dans un livre apparemment banal est dont les auteurs ont fait parfois polémique, c’est « Celui qui vient » des Meurois-Givaudan. Je suis tombé sur ce livre il y a plusieurs années et je l’ai trouvé hyper-complet , abordant toute une somme de connaissances et d’expériences qui ont trouvé résonance avec mes propres découvertes, toutefois je n’ai pas été en syntonie avec l’énergie un peut doucereuse que j’ai ressenti. Mais pour corroborer cette histoire d’évolution dans la matière abordée par Gurdjieff et explorée par Mère et Aurobindo, il y a dans ce livre un chapitre intitulé ‘Au-delà des lotus’, avec l’extrait suivant qui est émis par des êtres de nature différente :        

« En vérité, la Matière qui vous pèse et vous limite n’est pas l’Illusion en elle-même. Ce qui est à la racine de l’Illusion, c’est la nature du regard que vous portez sur cette matière (…) Nous voulons dire que la structure de toute matière est totalement asservie à votre façon de penser, d’aimer, de concevoir l’univers et de vous comporter dans celui-ci.(…) Voilà pourquoi votre Terre, avec la nature de la matière qui la constitue, est le pur résultat de la complicité mentale et émotionnelle de ses habitants à un certain stade de leur conscience. Apprenez donc à faire cesser ce faux débat si dualiste, simpliste entre la Matière et l’Esprit, tout est Esprit. Ce que vous appelez ‘Diable’, c’est cette capacité à nier la force ascensionnelle que la Divinité a mise dans chaque cœur ; c’est la doute que le libre arbitre vous fait expérimenter et qui est  ,lui aussi, envers et contre tout , un élément majeur de cette ascension (...). Regardez-nous donc bien. Nous ne sommes pas selon l’expression de ‘purs esprits’. Nous avons ennobli nos corps, en acceptant, en décidant de penser différemment, en leur permettant par cela, de les rapprocher de leur Source. »
                                                                                                                             
Il est aussi intéressant de noter dans ce livre le terme corps de lumière employé par leurs auteurs lors de leurs explorations des plans subtils.  
  
Il y a de nombreuses pistes corroborant cette évolution au-delà de l’éveil,  de sources nombreuses de points de vue variés ,  d’expériences et d’aspirations différentes , un lien , un échange, une mise en corrélation entre toutes pour approfondir la recherche telle que l’abordait la revue WIE qui permettraient certainement d’ouvrir des brèches d’explorations avancées. Surtout que, selon moi, la visite relatée par le journaliste-chercheur à l’ashram d’Aurobindo ne comporte pas d’exemples objectifs sur la réalisation du supramentale sur terre, dans l’ashram ou chez un individu. Qui dit que les Naguals du Mexique n’étaient pas dans cette exploration au même titre que les pratiques du corps de lumière dans les différentes traditions et selon les diverses approches comme celles des alchimistes? Ne serait pas un aperçu d'une possibilité de la manifestation du supramental ? (ce qui ne veut pas dire accéder au supramental d’emblée);  ou bien plutôt une étape en vue de la supramentalisation? (c'est effet ce que Sri Aurobindo et Mère envisageaient, des étapes de transformation, des possibilités nouvelles dans la conscience et le corps avant la manifestation supramentale intégrale, qui prendra encore quelques siècles...).

Cette idée d'étapes dans le processus a été envisagé aussi par Gurdjieff comme le rapporte Ouspensky dans "Fragments d'un enseignement inconnu". 
Consécutif d'une question par un disciple "Peut-on dire que l'homme possède l'immortalité ? ", Gurdjieff  répondit longuement et de manière approfondie avec sa connaissance propre, voici quelques extraits:

« L'immortalité est une des qualités que nous attribuons aux gens sans avoir une compréhension suffisante de leur signification. D'autres qualités de ce genre sont 'l'individualité', dans le sens de l'unité intérieure, le 'Moi permanent et immuable', 'la conscience', et 'la volonté'. Toutes ces qualités peuvent appartenir à l'homme - il mit l'accent sur le mot 'peuvent' -, mais cela ne signifie certainement pas qu'elles lui appartiennent déjà effectivement ou qu'elles puissent appartenir à n'importe qui.
" Pour comprendre ce qu'est l'homme, aujourd'hui, c'est-à-dire à un niveau actuel de son développement, il est indispensable de pourvoir se représenter jusqu'à un certain point ce qu'il peut être, c'est-à-dire ce qu'il peut atteindre. Ce que dans la mesure où l'homme parvient à comprendre  la séquence correcte de son développement possible qu'il peut cesser de s'attribuer ce qu'ils ne possèdent pas encore, et ne pourra atteindre, peut-être, que par de grands efforts et de  grands labeurs.
" Selon  un enseignement ancien dont il subsiste des traces dans de nombreux systèmes d'hier et d’aujourd’hui, lorsque l'homme atteint le développement le plus complet qui lui soit possible en général, un homme au plein sens du terme, se compose de quatre corps. Ces quatre corps sont constitués des substances qui deviennent de plus en plus fines, s’interpénètrent mutuellement les unes les autres, et forment quatre organismes ayant entre eux une relation bien définie, tout en étant indépendants, capables d'actions indépendantes.
" Chez l'homme qui a quatre corps, le corps actif est le quatrième. Cela signifie que la conscience dans le quatrième corps a plein pouvoir sur le "corps mental", le "corps astral" et le corps physique."
" La conscience manifestée dans ce nouveau corps est capable de le gouverner, et il a les pleins pouvoirs et le contrôle total du corps physique. 
" Dans le deuxième corps, sous certaines conditions, un troisième corps peut aussi grandir, avec ses caractéristiques propres. La conscience manifestée dans ce troisième corps a les pleins pouvoirs et le plein contrôle sur les deux premiers corps ; et le troisième corps a la possibilité d'acquérir un savoir inaccessible aux deux premiers.
" Dans le troisième corps, sous certaines conditions, un quatrième corps peut grandir, différant autant du troisième que le troisième diffère du second, et le second du premier. 
"Chez l'homme de deux, trois et quatre corps, le corps le plus actif vit aussi le plus longtemps, en d'autres termes, il est " immortel" par rapport à un corps inférieur.
" La conscience manifestée dans le quatrième corps a le plein contrôle des trois premiers corps et de lui-même.
" Ces quatre corps sont définis dans divers enseignements et de différentes manières. Le premier est le corps physique, ou selon la terminologie chrétienne, le corps 'charnel' ; le deuxième, selon la terminologie chrétienne, est le corps 'naturel" ; le troisième est le corps 'spirituel' ; et le quatrième, selon la terminologie du christianisme ésotérique, est le corps 'divin'.  En termes théosophiques, le premier est le corps 'physique', le second est le corps 'astral', le troisième le corps 'mental' et le quatrième le corps 'causal'.
" D'après la terminologie de certains enseignements orientaux, le premier est le 'chariot' (le corps), le second est le 'cheval' (émotions, désirs), le troisième est le 'conducteur' (l'esprit) et le quatrième est le 'maître' (le Soi, la conscience, la volonté).
" On peut trouver de telles comparaisons et de tels parallèles dans la plupart des systèmes et enseignements qui voient en l'homme plus que le corps physique. Mais presque tous ces enseignements, tout en répétant de manière plus ou moins familière les définitions et les divisions des enseignements anciens, ont oublié ou omis le plus important : l'homme n'est pas né avec ces corps subtils. Ils ne peuvent qu'être cultivés artificiellement, pourvu que des conditions favorables tant internes qu'externes soient présentes.
" Le 'corps astral' n'est pas indispensable à l'homme. C'est un grand luxe que peu peuvent s'offrir. On peut vivre très bien sans 'corps astral'. Le corps physique possède toutes les fonctions nécessaires à la vie. Un homme sans 'corps astral' peut même donner l'impression d'être très intellectuel ou même spirituel, et peut tromper non seulement les autres, mais aussi lui-même.
" Quand le troisième corps s'est formé et a acquis toutes les propriétés, pouvoirs et connaissances possibles pour lui, il reste toujours le problème de stabiliser ce savoir et ces pouvoirs. Car ils lui ont été confiés par des influences d'un certain genre, et ils pourraient lui être repris par les mêmes influences ou par d'autres. Grâce à un travail spécial sur les trois corps, les propriétés acquises peuvent devenir des possessions permanentes et inaliénables du troisième corps.
" Le processus de fixation de ces propriétés correspond au processus de formation du quatrième corps. 
 "Et seul celui qui possède quatre corps pleinement développés peut être appelé un 'homme' dans le plein sens du terme. Cet homme possède de nombreuses propriétés que les hommes ordinaires n'ont pas. Une des ces propriétés est l'immortalité. Toutes les religions et les enseignements anciens contiennent l'idée qu'en acquérant le quatrième corps, l'homme acquiert l'immortalité ; et ils contiennent tous des indications sur les moyens d'acquérir le quatrième corps, c'est-à-dire, l'immortalité." 
" Le quatrième corps est formé d'éléments du monde des étoiles, c'est-à-dire d'éléments qui n'appartiennent pas au système solaire, et, par conséquent, s'il a cristallisé dans les limites du système solaire, il n'y a rien à l'intérieur de ces limites qui puissent le détruire. cela signifie qu'un homme qui possède le quatrième corps est immortel dans les limites du système solaire.
    " Vous voyez pourquoi il est impossible de répondre d'emblée à la question : l'homme est-il immortel ou non? Un homme est immortel, un autre ne l'est pas, un troisième s'efforce vers l'immortalité, un quatrième s'imagine être immortel, et n'est cependant qu'un morceau de viande.»
 
 Notons aussi que cette question d'immortalité s’inscrit chez Gurdjieff dans une idée centrale qui est celle d'évolution. Et c'est très certainement dans le sens de cette inévitable évolution que nous devons considérer l'anatomie occulte de l'homme à laquelle Gurdjieff accordait une place précise dans son travail:

« La présence en nous de ces centres supérieurs est analogues à celle des trésors cachés que cherchent, depuis les temps les plus reculés, les hommes en quête de mystérieux et de miraculeux. Mais c'est une bien plus grande énigme.
     " Tous les enseignement mystiques et occultes reconnaissent en l'homme l'existence de forces et de capacités supérieures - bien que, dans beaucoup de cas, sous forme de possibilités seulement - et parlent de la nécessité de développer les forces cachées dans l'homme. 
     " Pour obtenir, entre les centres inférieurs et les centres supérieurs, une liaison correcte et permanente, il faut régler et activer le travail des centres inférieurs. »

Gurdjieff avait pour intuition que le développement de ces centres amènerait à la perfectibilité des différents corps et surtout à la création du quatrième corps. Création résultant de la complexité de l'organisation du corps physique humain, et qui, selon un processus précis pouvait aboutir à la création d'un nouvel organisme sur la base de la transformation des quatre corps. Ce nouveau système d'organes de perception pouvant alors fournir un instrument plus pratique et plus réactif pour l'activité d'une conscience éveillée. 

Concernant cette question épineuse de l'immortalité, sujette elle aussi à controverses et malentendus, il faut réellement l'entrevoir dans un processus évolutif, et  Sri Aurobindo nous en apporte de remarquables éclairages dans La Vie Divine, Chapitre XXII: La renaissance et les autres mondes: le karma, l'âme et l'immortalité", "La triple immortalité":

 « Ce que nous exigeons normalement, c'est une survie similaire de notre mental, de notre vie et même de notre corps : le dogme de la résurrection du corps témoigne de cette dernière exigence qui a été aussi à l'origine de l'effort de l'homme, à travers les âges, pour découvrir l'élixir d'immortalité ou des moyens magiques, alchimiques ou scientifiques de vaincre physiquement la mort du corps. Mais cette aspiration ne pourrait se réaliser que si le mental, la vie ou le corps pouvaient revêtir une part de l'immortalité et de la divinité de l'Esprit qui demeure au-dedans.

 "Cet accomplissement d'une triple immortalité : immortalité de la nature complétant l'immortalité essentielle de l'Esprit et la survie psychique à la mort, pourrait bien être le couronnement de la renaissance et une indication capitale de la conquête de l'Inconscience et de l'Ignorance matérielle jusque dans les fondations mêmes du règne de la Matière. Mais la véritable immortalité serait malgré tout l'éternité de l'Esprit : la survie physique ne pourrait être que relative, interrompue à volonté, signe temporel de la victoire de l'Esprit ici-bas sur la Mort et la Matière.

" Même si la science — physique ou occulte — parvenait à découvrir les conditions ou les moyens nécessaires à une survie indéfinie du corps, mais que par ailleurs le corps ne pouvait s'adapter suffisamment pour devenir un instrument d'expression approprié de la croissance intérieure, l'âme trouverait une manière de l'abandonner et de passer à une nouvelle incarnation. Les causes matérielles ou physiques de la mort ne sont ni sa vraie ni sa seule raison d'être : sa vraie cause intrinsèque est qu'elle est spirituellement nécessaire à l'évolution d'un être nouveau.»

On entrevoit donc que l'idée d'un corps nouveau, servant de base à cette nouvelle conscience et créée par elle nécessitera des étapes pour accomplir le processus à terme, étape que nous pouvons envisager comme le développement d'un ou de plusieurs corps de lumière, corps lumineux faisant office de pont entre le corps physique et le futur corps supramentalisé annoncé par Sri Aurobindo, étape transitoire parmi beaucoup d'autres certainement à venir. Sri Aurobindo et Mère insistaient sur le développement de l'être psychique, qui doit passer au premier plan, et dont se revêt l'âme lors de son incarnation.
Selon Sri Aurobindo , l'être humain est un être de transition, soit il suit la courbe de l'évolution en devenant un maillon vers une espèce nouvelle, soit il disparaît. Par conséquent, le corps physique devra se transformer, sous l'avènement d'un énergie évolutive émanent d'un plan de conscience appelé supramental. Selon Sri Aurobindo cette transformation prendra au minimum trois cents ans à partir du moment où l'homme aura atteint à la nouvelle conscience supramentale. Mais Mère tablait sur cinq-cents à mille ans...  C'est un processus complexe qui impliquera une transformation totale de l'organisme humain, et  Mère est très claire à ce propos, sa réponse est fascinante:

« La transformation veut dire que tout cet arrangement purement matériel est remplacé par un arrangement de concentrations de force selon certains genres de vibrations différentes remplaçant chaque organe par un centre d'énergie consciente mû par une volonté consciente et régi par un mouvement venu de tout en haut, des régions supérieures. Plus d'estomac, plus de cœur, plus de circulation, plus de poumons, plus de...tout disparaît. mais c'est remplacé par une ensemble de vibrations représentant ce que ces organes-là sont symboliquement. Parce que les organes sont seulement les symboles matériels des centres d'énergie; ils ne sont pas la réalité essentielle: simplement ils lui donnent une forme ou un support dans certaines circonstances données. Alors le corps transformé fonctionnera par ses centres d'énergie réels et non plus par leurs représentants symboliques tels qu'ils se sont développés dans le corps animal. Par conséquent, il faut d'abord savoir ce que votre coeur représente dans l'énergie cosmique, et la circulation ce qu'elle représente, et l'estomac ce qu'il représente, et le cerveau ce qu'il représente. d'abord, il faut être conscient de tout cela pour commencer. Et puis, il faut avoir à sa disposition les vibrations d'origine de cela qui est symbolisé par ces organes. Et il faut lentement rassembler toutes ces énergies dans son corps, et changer chaque organe en un centre d'énergie consciente qui remplacera le mouvement symbolique par le mouvement réel...»

Quant aux étapes du processus de transition du mental au supramental en passant par le surmental, Sri Aurobindo nous explique le déroulement de ce processus dans La vie divine. Notons encore ici l'idée de l'émergence d'un centre supérieur qui permet le passage du surmental au supramental: 

 «Lorsque le surmental exerce une forte influence ou une pleine action, le sentiment d'une direction intégrale peut s'établir de façon normale avec une présence ou une direction constants du Moi cosmique ou Ishvara qui soutient ou exerce le pouvoir suprême. Il est possible aussi que ce révèle ou se crée un centre spécial qui vienne se situer au-dessus des instruments physiques et les domine, centre qui est individuel dans le fait de l'existence, mais qui est impersonnel dans le sentiment et en qui une libre cognition reconnaît un instrument servant l'action de l’Être transcendant et universel. Dans la transition vers le supramental, cette action centralisatrice tend à la découverte d'un individu vrai qui remplace l'ego mort; c'est un être qui est un dans son essence avec le Moi suprême, un en extension avec l'univers et qui est pourtant un centre et une circonférence cosmiques de l'action spécialisée de l'Infini. »

 Ce processus est un point fondamentale de l'évolution spirituelle et qui s’appuie sur le caractère individuelle de la réalisation, l'individu ne doit pas se perdre dans l'impersonnel, il doit au contraire se servir de son individualité pour la transformer à l'image du divin et c'est par la croissance de l'être psychique en lui qu'il peut mener cette œuvre à terme, le véritable Grand'Oeuvre...C'est pour cela que les traditions de l'Alchimie considèrent à juste titre que le corps est dépositaire du Divin en l'homme, ce que souligne Anne-Yvonne Julien dans son étude L'Oeuvre au Noir de Marguerite Yourcenar.
Le corps de lumière, commun à de nombreuses traditions, notamment dans la mystique et l'alchimie, peut quant à lui, être envisagé comme un moyen de développer cet être psychique et permettre de manifester en ce monde toute les qualité divines qui le caractérise en essence. Remarquons aussi que dans certaines approches, l'éveil du corps de lumière passent par l'activation de certains centres contenus à l'état embryonnaire dans l'aura et qu'il est nous est rendu possible d'éveiller sous la pressions de la descente de nouvelles énergies spirituelles, dont nous pouvons sans trop s'y méprendre considérer qu'elles sont consécutives de la manifestation supramentale infusée dans la conscience terrestre par Sri Aurobindo et Mère.

Nous retrouvons ces idées de différents corps dans l'ouvrage "Les Corps de lumière" de Marie-Lise Labonté , où il est question d'une description précise des corps subtils dont le corps de Lumière est considéré comme le septième , en corrélation avec le plan auquel il appartient et se meut, et considérant les sept premiers corps comme étant les véhicules servant l'évolution sur le plan terrestre. Nous retrouvons cette idée d'évolution, à la fois descendante et ascendante, sous-tendue par le fait  que «le septième corps n'est point le dernier corps, car au-delà existe encore sept corps et encore sept autres, et ce jusqu'à l'infini.»

Remarquons que ce sont les approches spirituelles incluant la matière comme intégrante de l'évolution spirituelle qui ont en commun une pratique d'éveil du corps de lumière : 
Alchimie (interne et externe), Taoïsme (qui inclue l'aspect immanent du Tao et la méditation sur la lumière et les pratiques d'alchimie interne), gnose (christianisme ésotérique, soufisme, zoroastrisme), tantra (aspect énergétique avec  le culte de la déesse, symbole du manifesté), chamanisme (Naguals mexicains, Bön tibétain), la tradition védique,  vishishtadvaïta (monisme qualifié),  les traditions vishnouïtes ( courant de l'hindouisme qui insiste sur l'aspect immanent avec la descente du divin dans les étapes successive de l'évolution, symbolisé par les avatars de Vishnou). Notons dans ce courant vishnouïte la dématérialisation de Swami Ramalingam en un corps de lumière, puis la révolution de conscience qu’opérera par la suite Sri Aurobindo sur les bases du Véda ainsi que sur celles de la Bhagavad Gita avec la participation à sa réalisation de l'avatar Krishna.

Cependant, au vue de tous ces éléments,  soyons vigilant à ne pas interpréter hâtivement nos expériences ou à y faire des projections, un certain wishfull thinking qui annihile les facultés de discernement et l'objectivité de notre expérience même. Et surtout nous sommes en face de tant de mystères, qui sembleraient devoir se dévoiler par une recherche objective de plusieurs chercheurs dans le courant de l’évolution de l’éveil et d'interaction sincère entre eux.

Pour conclure, nous voyons pourquoi les notions s'attachant à l'éveil et surtout à "l'éveil impersonnel" sont très insatisfaisantes pour le chercheur car il peut se leurrer sur la continuité du processus au-delà de l'éveil et par conséquent s'y attarder ou s'y complaire en s'illusionnant en définitive sur le fait d'avoir trouvé la finalité de sa quête. Il s’évertuera à s'y installer et éventuellement en fera grand cas avec les prérogatives qu'octroie le concept d'éveil. Mais cette réalisation d'un aspect du divin se révèle être incomplète et  faussant la réalité dans son ensemble, s'accrochant à une partie du divin au détriment d'une autre, et de fait, laissant l'évolution de côté. Non seulement le sadhak du yoga intégral ne s'attarde pas dans l'impersonnel, mais il ne s'attarde pas non plus sur ces notions d'éveil qui sont d'une relative importance au vu de l’œuvre qu'il reste à accomplir. N'occultons toutefois pas le fait que la prise de conscience de la présence divine en soi,  ce que l'on peut nommer éveil, n'en reste pas moins une étape des plus importante dans la vie du chercheur et surtout dans le processus de l’évolution spirituelle. N'oublions pas que lorsque nous usons de cette notion d'éveil nous éveillons avant tout en nous un ensemble de concepts tant que nous n'avons pas le vécu réel de ce qu'il signifie, c'est-à-dire la conscience d'unité de l'Atman avec le Brahman, la révélation du Soi témoin suprême, en termes des origines de son emploie dans la tradition védântique (advaita vedanta). Cependant le Bouddha, dit "l'éveillé" par l'étymologie même du mot, et considéré de ce fait comme l'essence de l’Illumination, était tout à fait en dehors de ces notions d'Atman et de Brahman et n'a jamais admis leur réalité, car aucune âme ni aucune divinité ne faisait partie de son expérience (le paradoxe est que le bouddhisme, tibétain en particulier - est rempli de divinités, le Bouddha lui-même en étant une !...Ce qui n'empêche pas en nous reliant à ses divinités de nous propulser dans l'espace de pure lumière et vacuité où toute forme se dissout , y compris la notre). 
C'est un suremploi du terme d'éveil qui a prévalu pour désigner cette expérience capitale notifiée dans la tradition bouddhiste d'une part en termes de conscience-lumière-vacuité - Shunyata - et dans la tradition védantique en terme de libération - Mukti- d'autre part, l'éveil étant une notion prévalent surtout depuis la fin de la seconde moitié du vingtième siècle dans les cercles de la spiritualité. Rappelons-nous que l'emploi que les z'éveillés font du terme qui les définis comme tel, couvre une gamme d'expériences variées, allant de la conscience témoin pour certains, à la vacuité pour d'autres ou encore à la conscience de l'akshara Purusha, ou à l'identification au Moi permanent et immuable, au Soi témoin suprême, et encore tout un ensemble de nuances et de subtilités autant dans ce qu'elles expriment de l'expérience de la conscience ou du divin (là encore c'est selon), que dans les transformations auxquelles elles conduisent, ou pas, que dans leur pérennité et leur permanence, ou pas. Comme je l'ai précisé plus haut ce n'est pas l'importance de ces aspects qui détermine qu'untel est éveillé mais l'impact que cette éveil à la réalité a, ou a eut pour lui, dans sa vie, dans l’ordinaire de sa vie quotidienne, dans sa vision transformée sur le monde et surtout dans ce que cela induit comme engagement dans son évolution spirituelle. 
En définitive il n' y a aucune espèce d'importance à déterminer si oui ou non nous sommes éveillés, ou qu'untel l'est et à quel degré (car oui, maintenant pour certains la question se décline en ces termes!), mais simplement de vivre notre quête dans son infinité et sa pluralité et nous abandonner et nous en remettre tout le temps et le plus intensément possible à l'Intelligence suprême qui gouverne la Totalité. Comment nous entrons en rapport avec cette Totalité? Qu'elle est notre relation consciente avec Elle? Comment entrons en Sa présence, ou comment la laissons-nous s'inviter en nous... Relation de Présence-Absence..., et toutes les nuances de cette relation qui font que nous sommes dans une véritable dynamique et non dans un état figé. Ne fuyez rien! Y compris tous ce qui en vous ou autour de vous semble ne pas correspondre à l'idée que vous vous faites de cette totalité, soyez pleinement alerte et conscient pour déceler ce qui à chaque instant fait que votre processus d'évolution spirituelle se ralenti par le fait de vos propres concepts et mythes que vous entretenez consciemment ou inconsciemment à propos de la réalisation de cette Réalité Suprême et de comment vous vous éveillez en Elle.


Sylvère




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